Et maintenant 250 ans de répit : la fin des énergies fossiles si souvent prophétisée se produira-t-elle un jour ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le logo de la compagnie pétrolière Shell.
Le logo de la compagnie pétrolière Shell.
©Reuters

A quand le pic ?

Alors que l'idée d'une pénurie prochaine de pétrole a longtemps été présente dans les esprits, les agences spécialisées sont devenues beaucoup moins alarmistes ces dernières années face à l'exploitation de nouvelles ressources.

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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Selon un rapport publié en 2011 par l'AIE, nous sommes encore loin d'une pénurie des énergies carbonées. Comment expliquer cette révision à la hausse ? 

Florent Detroy : L’Agence Internationale de l’Energie a longtemps été l’institution la plus optimiste sur l’état des ressources en pétrole et gaz, quitte parfois à susciter l’ironie des pétroliers. Mais en 2011 son optimisme s’est appuyé sur l’essor du pétrole et gaz de schiste, sur des sables bitumineux au Canada ainsi que sur de nouvelles découvertes au Brésil, en Afrique et dans l’Arctique. Grâce au pétrole de schiste, l’AIE prévoit d’ailleurs que les Etats-Unis deviennent le premier producteur de pétrole d’ici 2015. Mais l’AIE est revenu de ses déclarations fracassantes de 2011, pour souligner dans ses dernières publications que les réserves de pétrole de schiste ne pourraient repousser le peak oil que de quelques années. Grace aux pétrole de schiste la production va pouvoir continuer à progresser, au dessus des 100 millions de barils/jour, mais la production de pétrole conventionnel a elle peut être commencé son déclin depuis 2005. Et d’ici 2025, celle de pétrole de schiste pourrait commencer à son tour à décliner. D’ici là, beaucoup d’évolutions auront modifier le paysage énergétique.

Il existe de nombreuses études contradictoires sur les réserves d'énergies carbonées. Comment expliquez-vous de telles divergences de scénarios quant à notre futur énergétique ? Quelle alternative semble aujourd'hui la plus crédible ?

Je ne suis pas un scientifique, et je me garderai bien de rentrer dans le jeu des calculs des ressources, de réserves ou de taux de récupération de pétrole. Je remarque simplement une chose, on ne connaît pas vraiment l’état réel des réserves en pétrole de l’Arabie saoudite et plus largement les pays du golfe. Ils entretiennent le flou à dessein. D’ailleurs certaines parties de leurs territoires n’auraient même pas été explorées. Je note également que certaines découvertes faites ces dernières années s’avèrent plus compliquées à exploiter que les pétroliers le pensaient au départ, notamment à cause de la hausse des couts de production. C’et le cas notamment en offshore et dans l’Arctique notamment. Ainsi les pétroliers se sont retirés de certains projets, alors même que le baril est resté relativement cher. C’est le cas de Shell en Alaska par exemple. Si les pétroliers ne veulent pas prendre le risque d’exploiter les nouvelles découvertes au prix actuel, les réserves exploitables vont peut être devoir être revues à la baisse. A moins que les prix montent à nouveau.

Avons-nous acquis la certitude que nous devrons un jour faire sans énergies carbonées ? Ou découvrons-nous de nouveaux gisements plus vite que nous utilisons ceux dont nous avons déjà connaissance ?

Sur les champs de pétrole conventionnel, la réponse est claire, leur production n’augmente quasiment plus pour l’instant. Le plus significatif est peut être le gisement de la mer du Nord, dont la production de pétrole est passée sous le million de barils par jour, contre pas loin de 3 dans les années 1990. Après, l’évolution de la technologie, comme nous l’a montré le gaz et pétrole de schiste, peut faire évoluer la donne, mais le pic pétrolier est probable pour ce siècle. Nous utiliserons probablement du pétrole encore en 2100, mais peut être seulement pour des applications stratégiques tant son coût sera devenu élevé.

Peut-il y avoir un intérêt à alimenter l'illusion de la disparition des énergies carbonées ?

Bien sur, c’est sur ce genre de perspectives que le mouvement écologiste s’est construit, dès les années 1970. La hausse des prix n’a été perçue comme une simple conséquence de la décision politique de l’OPEP, mais aussi comme un signe avant coureur d’une fin prochaine du pétrole, idée nourrie par une conception malthusienne des matières premières. Mais les ressources en pétrole ne sont pas un stock fixe. La hausse des prix indique surtout l’état de la demande et de l’offre à un moment précis, et pas l’état des ressources.

Les énergies carbonées sont-elles condamnées à être synonyme de pollution ? Où en sommes nous du développement des technologies qui permettraient justement de réduire leur impact sur l'environnement ?

En termes de carbone, il n’y a pas de comparaison possible, les énergies fossiles sont bien plus polluantes. Une étude réalisée il y a quelques années a montré que la production d’un kWh d’éolienne, en comptant l’ensemble du cycle de production, produit de 3 à 22 gramme de Co2, contre 978 grammes pour le charbon. Après, la phase de production d’un panneau photovoltaïque pollue par exemple. Il existe également des différences entre les industries du renouvelable en termes de pollution. Ainsi sur l’ensemble du cycle de vie d’un panneau, de la matière première au recyclage, la technologie à couche mince consomme moins d’énergie primaire. La production de silicium est effectivement plus consommatrice d’énergie. Après la pollution de la production dépend aussi du lieu de production. La production de couche mince consomme beaucoup d’électricité. Produite en Chine, qui tire 80% son électricité du charbon, une couche mince n’aura pas le même bilan carbone qu’une cellule en France. C’est peut être un débat qui émergera un jour, le cout carbone de la fabrication des énergies renouvelables.

Quelles sont les énergies de substitution disposant du plus grand potentiel ?

Le potentiel dépend vraiment du pays, et de l’évolution des technologies. Par exemple le solaire à concentration pourrait faire une percée bientôt dans les pays chauds, ou arides. Si on quitte les énergies renouvelables connues, les biocarburants de 3e génération sont très intéressants. Le cout du litre d’essence est pour l’instant autour de 10 euros, mais la recherche débute à peine

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