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Bien que nous n'ayons pas de chiffres officiels sur le nombre de citoyens russes ayant fui le pays, les estimations varient entre 200 000 et 800 000 personnes, voire un million.
Bien que nous n'ayons pas de chiffres officiels sur le nombre de citoyens russes ayant fui le pays, les estimations varient entre 200 000 et 800 000 personnes, voire un million.
©Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Sauve-qui-peut

Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, le 24 février 2022, on estime que des centaines de milliers de citoyens russes ont quitté le pays.

Viatcheslav  Avioutskii

Viatcheslav Avioutskii

Viatcheslav Avioutskii est spécialiste des relations internationales et de la stratégie des affaires internationales.

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Atlantico : Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, le 24 février 2022, on estime que des centaines de milliers de citoyens russes ont quitté le pays. Quel est le profil de ces citoyens ?

Viatcheslav Avioutskii : Deux grandes vagues migratoires se sont produites. La première a eu lieu quelques semaines après le début de "l'opération spéciale", tandis que la seconde s'est déroulée en septembre, lors de la mise en place de la mobilisation à l'échelle du pays.

Bien que nous n'ayons pas de chiffres officiels sur le nombre de citoyens russes ayant fui le pays, les estimations varient entre 200 000 et 800 000 personnes, voire un million. Il s'agit généralement de jeunes individus, âgés de 18 à 35 ans, souvent diplômés. Ce sont parfois des étudiants ou de jeunes cadres, percevant des salaires corrects voire élevés et qui travaillent dans les domaines des médias ou de la technologie, tels que des ingénieurs ou des programmeurs. Ce qui est certain, c'est qu'il s'agit de la plus grande vague d'émigration russe depuis la révolution bolchévique de 1917.

Que sait-on au sujet des motivations de ces citoyens ?

Les Russes qui ont quitté le pays au début du conflit l'ont fait pour des raisons politiques. Il s'agit souvent d'une élite libérale opposée à la guerre. On trouve également des activistes, des militants, des journalistes, des avocats et des hommes politiques de l'opposition, tels que d'anciens députés. La deuxième vague, qui est partie en septembre, correspond à une classe moyenne supérieure. Ce sont principalement de jeunes hommes ciblés par la mobilisation et qui ne souhaitent pas être enrôlés sur le front. Cette partie de la population est donc partie pour des raisons de sécurité, afin d'éviter de mourir au combat. Il est intéressant de noter que ce départ massif a créé une pénurie de main-d'œuvre sur le marché du travail. Ainsi, en septembre-octobre 2022, environ 25% des employés de la mairie de Moscou n'étaient plus en poste.

Quelles sont les destinations les plus prisées pour ces Russes qui fuient leur pays ?

Les personnes ayant les revenus les plus élevés sont souvent parties en Europe occidentale ou en Israël. La classe moyenne, qui ne dispose pas de ressources financières aussi importantes, a souvent choisi la Turquie, la Mongolie et les anciens pays de l'Union soviétique. Ces pays sont ouverts aux citoyens russes et ne nécessitent pas de visa, contrairement aux pays de l'Union européenne. De nombreux citoyens russes se sont également installés en Argentine, pour une raison surprenante : les enfants nés dans ce pays acquièrent la nationalité argentine, tout comme leurs parents. Une fois cette nationalité obtenue, ils peuvent repartir en Europe occidentale. Il est également étonnant de constater qu'une grande partie de ces Russes entretiennent des liens avec leur employeur et travaillent à distance. D'autres destinations sont également populaires, mais dans une moindre mesure, comme l'Indonésie. Environ 100 000 de ces fuyards se sont également installés en Arménie. On évalue que le nombre de ces nouveaux migrants a également atteint le nombre de 100 000 en Géorgie. Le Kazakhstan a également accueilli une centaine de milliers qui s'y sont installés d'une manière permanente. Dans ces pays, les immigrants ont été accueillis à bras ouverts et ont contribué aux économies nationales. Il faudra probablement se poser des questions sur l'avenir de ces Russes à un moment donné, étant donné que la guerre risque de durer encore longtemps.

Faut-il s'attendre à un retour de ces citoyens dans leur pays d'origine ?

Selon des sondages menés auprès de ces personnes, plus la guerre s'enlise, plus elles se montrent sceptiques. Au début, certains déclaraient partir pour une durée de 2 à 3 mois. À partir de septembre, ils envisageaient de rester à l'étranger pendant 2 à 3 ans. Alors que la guerre se prolonge et que la fin du régime de Poutine semble encore lointaine, il est peu probable que ces Russes reviennent avant la fin du conflit. Cependant, ceux qui sont partis pour des raisons politiques pourraient rester encore plus longtemps. Il convient toutefois de noter qu'il y a eu un certain nombre de retours, parfois brefs, de Russes en novembre et décembre. Face au risque que représentent les combats, certains mercenaires de Wagner n'hésitent pas à déserter et à se réfugier dans des pays offrant l'asile politique. Si la Finlande et les pays baltes ont fermé complètement leurs frontières, la Norvège accepte d'accueillir quelques transfuges.

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