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François Gervais publie « Impasses climatiques : Les contradictions du discours alarmiste sur le climat » aux éditions de L’Artilleur.
François Gervais publie « Impasses climatiques : Les contradictions du discours alarmiste sur le climat » aux éditions de L’Artilleur.
©Patricia De Melo MOREIRA / AFP

Bonnes feuilles

François Gervais publie « Impasses climatiques : Les contradictions du discours alarmiste sur le climat » aux éditions de L’Artilleur. Sous l’impulsion du GIEC, les responsables politiques ont décidé que les pays développés devaient renoncer aux énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) d’ici 2050. Pour éviter le retour à la précarité énergétique et la hausse dramatique de la pauvreté, il est temps pour l’Occident de reprendre ses esprits, ceux de l’analyse factuelle et scientifique. Extrait 2/2.

François Gervais

François Gervais

François Gervais est physicien, spécialiste de thermodynamique et professeur émérite à l'Université François-Rablais de Tours. Il est l'auteur de L'innocence du carbone aux éditions Albin Michel (2013).

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La précarité énergétique est préjudiciable à la santé publique (Pan et al 2021). A l’inverse, l’espérance de vie croit avec l’accès à l’électricité (Fig. 6.3).

La croissance économique est liée à l’abondance de la main-d’œuvre et à la croissance de la productivité, la production par heure travaillée. Il est théoriquement possible de tabler sur une croissance économique illimitée sur une planète finie grâce à l’augmentation de la productivité. Une idée pernicieuse mais néanmoins en vogue est que les sociétés devraient volontairement arrêter leur croissance économique. Puisque la croissance est corrélée à un chômage faible, le chômage étant synonyme de pauvreté, est-ce vraiment la meilleure idée du siècle? Le chômage risque de provoquer ou d’accélérer la dépression, la toxicomanie, l’abus d’alcool, la violence domestique. Une deuxième idée fausse est que la croissance nécessite de recourir à toujours plus de ressources.

En fait, une croissance économique saine consiste à faire plus avec moins, en développant l’efficacité. Au cours des dernières décennies, l’extraction de nombreuses ressources naturelles est restée constante voire a diminué. A l’inverse, la transition énergétique vers le tout électrique serait un consommateur gargantuesque de ressources naturelles.

La demande se déplace des biens vers les services, y compris de plus en plus souvent en ligne. L’innovation permet une utilisation plus efficace des ressources. Les efforts en faveur de la santé, la lutte contre les inégalités, la place accordée aux loisirs sont également des moteurs de croissance.

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Neutralité carbone : des objectifs à la fois excessivement coûteux et difficilement réalisables

Il existe une autre raison importante de poursuivre la croissance économique: les pays en développement en ont besoin.

Ils manquent souvent d’eau courante, d’électricité, du moins d’électricité non soumise à de fréquentes coupures intempestives, de logements décents, de soins, de transports efficaces et de quantité d’autres choses que les habitants des pays développés tiennent pour acquis. Leur permettre d’atteindre un bien-être minimal peut contribuer à limiter la démographie.

Selon des économistes, pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050, une solution est de réduire le PIB, autrement dit d’instaurer la décroissance, donc de frapper le niveau de vie. Effectivement, la Figure 6.4 confirme la corrélation entre PIB par habitant et émissions de CO2 par habitant.

Une diminution contrainte et forcée de l’empreinte carbone, et donc d’un niveau de vie encore trop faible, continuera vraisemblablement à être rejetée par les pays en voie de développement, qui veulent au contraire l’améliorer. Serait-elle pour autant accueillie avec bienveillance dans les pays plus aisés? Rien n’est moins sûr, car en présence d’inégalités flagrantes, les plus démunis continueront à vouloir améliorer un sort trop peu enviable.

Si certains pays décidaient d’accélérer la lutte contre l’empreinte carbone, on peut douter que cela soit profitable à tous les autres. Et surtout, la transition énergétique est en contradiction flagrante avec toute velléité de décroissance car elle nécessiterait des investissements à la puissance dix.

Jobs verts? – Dans quelle mesure la croissance économique « verte» favorise-t-elle l’emploi « vert»? Intéressons-nous aux réponses du Bureau américain des statistiques du travail (BLS). L’industrie de l’entretien des fosses septiques et des toilettes publiques compte 33 fois plus d’emplois « verts» que les emplois dans l’électricité solaire. Le BLS a admis qu’il ne pouvait identifier que 854 700 emplois « verts» dans un pays de 330 millions d’habitants, soit 0,26%, y compris en comptant les concierges. Les sidérurgistes ont-ils les emplois industriels les plus « verts»? Oui, si l’on intègre qu’une partie de l’acier est utilisée dans la fabrication des éoliennes… Viennent ensuite les chauffeurs de bus, les éboueurs et les employés des magasins de friperie. L’industrie nucléaire représente plus de 80% des 44 000 emplois « verts» des services publics d’électricité. Il y avait cinq fois plus d’emplois « verts» chez les avocats des groupes écologistes que dans les énergies intermittentes. «No comment» comme disent nos amis anglo-saxons… 

Malthusianisme ?

La population mondiale augmente d’environ 10% par décennie, soit près de l’équivalent de la population de l’Union européenne. Une diminution de la population mondiale entraînerait vraisemblablement une diminution des besoins en énergie. Certains militants n’hésitent pas à promouvoir une politique d’un enfant en moins voire de ne pas avoir d’enfant du tout considéré comme le moyen le plus efficace pour diminuer sa propre empreinte carbone. Limité à quelques pays occidentaux, l’impact resterait dérisoire.

La politique chinoise de l’enfant unique faisait partie d’un programme visant à contrôler l’augmentation de la population. Introduit en 1979, il a fixé une limite au nombre de naissances pour chaque couple. Mais en 2016, le gouvernement a aboli la politique de l’enfant unique. La Chine s’est rendu compte qu’elle avait trop d’hommes, trop de personnes âgées et trop peu de jeunes, ce qui a entraîné une grave crise démographique. Si les naissances ne reprennent pas, la main-d’œuvre serait considérablement réduite alors que la population est vieillissante (Wikipedia).

Grâce aux progrès de la contraception, l’humanité peut contrôler les naissances. Elle le fait plus ou moins, mais elle le fait, et partout dans le monde. Le pic de la population mondiale pourrait ainsi être atteint au cours de la seconde moitié de ce siècle.

Efficacité énergétique

Quelques exemples d’efficacité énergétique illustrent comment ont été réduites les consommations de combustibles fossiles sans perte d’efficacité et même avec des améliorations majeures dans de nombreux cas.

• Le smartphone de 2022 a la puissance de calcul et de capacité de stockage qu’un gros ordinateur de la fin des années soixante-dix mais avec une baisse considérable de sa consommation électrique propre. Ce développement fulgurant accompagné d’une appréciable réduction du prix par capacité de traitement de données est un extraordinaire exemple d’efficacité énergétique. Et la saga continue…

• La fibre optique a permis de multiplier l’efficacité de l’échange d’information sans surcoût énergétique

• Une voiture d’aujourd’hui à même poids et même puissance consomme nettement moins de carburant que son homologue des années 1950.

• Une pompe à chaleur divise par 3 à 5 l’énergie électrique nécessaire pour un même effet.

• La cogénération est l’utilisation dans le voisinage de la chaleur qui serait autrement perdue, donc gaspillée, produite par une centrale électrique ou autre infrastructure industrielle.

• Les diodes électroluminescentes, LED, réduisent la quantité d’énergie nécessaire pour atteindre le même éclairement comparé aux ampoules à incandescence traditionnelles. Toutefois, le bénéfice dépend de la latitude et de la saison car les ampoules à incandescence jouent un rôle de cogénération lorsque la température extérieure est plus fraiche qu’à l’intérieur du logement ou de l’établissement.

Plus généralement, les émissions mondiales de combustibles fossiles par unité de PIB ont diminué de 44% entre 1965 et 2019, chiffre d’autant plus remarquable qu’intéressant car la tendance se prolonge à la baisse.

A lire aussi : Neutralité carbone : des objectifs à la fois excessivement coûteux et difficilement réalisables

Extrait du livre de François Gervais, « Impasses climatiques : Les contradictions du discours alarmiste sur le climat », publié aux éditions de L’Artilleur

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