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Envie de savoir ce qu'il va se passer en France dans les prochains mois? Regardez du côté de l’Espagne
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Podemos, Ciudadanos

A défaut d'avoir une boule de cristal pour prédire la situation politique dans laquelle sera la France dans les prochains mois après l'élection présidentielle, il est peut-être judicieux de porter son regard sur ce qu'a vécu l'Espagne ces derniers mois.

Christophe Barret

Christophe Barret

Christophe Barret est attaché d’administration aux Archives nationales. Historien de formation, il est en charge de projets éducatifs interculturels, notamment entre la France et l'Espagne, et est l'auteur de Podemos. Pour une autre Europe ? aux éditions du Cerf (2015).

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Dans quelle mesure, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron offrent une dynamique, des projets similaires à ceux de Podemos et Ciudadanos ? 

Christophe BarretLe « modèle espagnol » est clairement revendiqué par Jean-Luc Mélenchon et sa « France Insoumise ». Il souhaite inscrire ses pas dans ceux de Podemos, qui a été la traduction politique la plus pertinente au printemps des Indignés de 2011. Il le fait au nom d’un « populisme de gauche », c’est-à-dire d’une opposition claire du peuple au élite dans une optique contestataire et revendicatrice, et non identitaire. Cette deuxième option est celle retenue par Marine Le Pen. Le potentiel électoral d’une telle mobilisation populaire est énorme. Macron, à la manière de Ciudadanos, vante lui le changement dans la continuité : grosso modo le maintien des politiques budgétaires et monétaires actuelles dictées par Bruxelles et Berlin ainsi que la soumission aux traités européens. L’espoir est d’obtenir quelques résultats économiques, d’ici quelques trimestres. En résumé, les uns misent sur les classes populaires et le autres sur les classes moyennes !

Pourquoi les conservateurs ont gagné les dernières élections alors que tous les sondages disent le contraire ?  Comment peut-on analyser ce revirement de la part des électeurs ? Qu'offraient, au moment des élections, les conservateurs que les deux autres partis n'offraient pas ?

Il faut reconnaître que les électeurs de droite, que ce soit en Espagne ou dans d’autres pays, ont moins tendance que les autres à confier aux sondeurs leurs intentions  ! De l’autre côté des Pyrénées, du reste, ils pouvaient avoir des raisons de se monter satisfaits, notamment du fait de premiers bons résultats obtenus en matière économique par le gouvernement conservateur. Même la déflation salariale et la précarité social atteignent aujourd’hui des sommets qui peuvent nous faire douter de la pertinences des politiques qui sont mises en œuvre. Les conservateurs offraient un espoir de redressement économique. Ils ont rassuré sur la question, si importante pour certains, de l’unité de l’Espagne. En Catalogne, Podemos est l’allié – et peut-être même l’otage…  – de partis indépendantiste qui font peur à de larges segments de l’opinion y compris populaire. Cela a pu faire peur, tout comme l’alliance nationale conclue avec les communistes d’Izquierda Unida. 

De même, les électeurs les plus avides de changement ont pu avoir du mal à voir en quoi le programme économique de Podemos pouvant avoir de si différents avec celui de la social-démocratie. Pablo Iglesias reconnaissait récemment qu’il s’en éloignait peu. « C’était un modeste programme de type social-démocrate », a-t-il déclaré récemment. Pourquoi, dès lors, tenter l’aventure du « populisme de gauche » ? 

Quels enseignements peut-on tirer de l'épisode espagnol pour l'élection française à venir ?

Du côté des électeurs : que les réflexes conservateurs jouent toujours, et que les plus âgés votent toujours pour les partis déjà établis, qu’ils soient sociaux-démocrates ou conservateurs. Or, notre pyramide des âges donne un poids déterminant aux « vieux ». Autre enseignement : les instituts de sondages ne sont d’aucune aide, en période de grand incertitude politique. 

À ceux qui se présentent devant les électeurs, il apparaît qu’il convient de s’interroger sur le type de « clientèle » à séduire. Faut-il, notamment quand on s’adresse aux plus jeunes, privilégier l’appartenance aux classes populaires ou aux classes moyennes ? Le chois n’est pas si facile à faire. Un débat déchire aujourd’hui, à ce propos, les n°1 et 2 de Podemos. Car, dans le contexte d’une interminable crise économique, nul ne sait plus maintenant où sera le modèle… 

Leçon la plus importante, enfin : s’il veut vaincre, le « populisme de gauche » devra être adossé à un solide programme politique économique, social et environnemental prônant une rupture véritable avec l’idéologie dominante et les logiques continentales actuelles. C’est le seul moyen de le rendre crédible et, peut-être, de résister à la vague « Bleu Marine ». Sinon, il risque bien de n’apparaître, aux yeux de l’Histoire que comme une variante possible d’un marketing politique favorisant, un temps, les nouveaux venus dans l’arène !

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