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Les énergies renouvelables flattent notre bonne conscience écologique... mais sont-elles vraiment la solution miracle ?
©Reuters

Bonnes feuilles

L’électricité est un bien de première nécessité. Quelle nouvelle forme de service public faut-il mettre en place pour donner à tous les Français accès à une électricité stable et bon marché dans la durée ? C’est à cette question que ce livre tente de répondre. Extrait de "La France dans le noir", d'Hervé Machenaud, aux Editions Manitoba (1/2).

Hervé Machenaud

Hervé Machenaud

Hervé Machenaud, X Ponts et IEP Paris, a mené toute sa carrière professionnelle au cœur des questions industrielles liées à l’énergie, tant en France qu’à l’étranger. Il réside actuellement en Chine où il a participé durant plus de trente ans au développement du programme énergétique.

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Pour tout un chacun, la supériorité des énergies renouvelables est une donnée immédiate de la conscience. Elles sont propres, ne brûlent pas de combustible fossile, n’émettent pas de CO2, et, de ce fait, ne contribuent pas au réchauffement climatique. Elles ont incontestablement beaucoup de qualités. Malheureusement le vent souffle où il veut… et quand il veut ! Ainsi en est-il du soleil qui brille où et quand il veut. Et justement, ils ne veulent pas forcément quand on en a besoin.

Le maximum de la demande d’électricité, en Europe, c’est un soir de février. Les hautes pressions sibériennes couvrent l’Europe, il fait très froid, il n’y a ni vent ni soleil. Il faut alors faire fonctionner tous les moyens que la bonne conscience écologique de nos concitoyens réprouve : le nucléaire, le charbon et le gaz (en plus de l’hydraulique qui ne peut évidemment pas à elle seule couvrir tous ces besoins). Ces moyens doivent rester disponibles en permanence, toute l’année, pour ce jour précis où les ENR n’apportent rien et où eux sont vitaux pour alimenter les lieux socialement sensibles, hôpitaux et crèches mais aussi le chauffage, l’éclairage et la cuisine. Qu’en fait-on quand il y a du vent ou du soleil ? Rien, on les met à l’arrêt. Mais dans une large mesure, les centrales, en particulier nucléaires, coûtent aussi cher à l’arrêt qu’en fonctionnement. Résultat, comme elles sont là, à ne rien faire, et qu’il vaut mieux vendre à perte que de ne pas vendre, les prix de marché de l’électricité baissent, et baissent à proportion du développement de l’éolien et du solaire.

Le merveilleux paradoxe est que l’on accepte de payer très cher une électricité qui est inutile puisqu’elle ne permet pas de répondre à la demande de pointe (la demande maximale du soir de février) et que l’on veut payer de moins en moins cher celle qui est indispensable.

Au plus fort de la fièvre provoquée mi-janvier 2017 par la perspective d’un épisode de froid dont on découvre qu’il va recouvrir toute l’Europe, alors que chaque jour des dizaines d’articles de presse se répandent dans la description des risques de coupures et des mesures de rationnement qui devront être prises, alors que le gouvernement s’alarme et réunit une cellule de crise, que tous les yeux sont rivés sur la disponibilité du parc nucléaire, il est significatif du poids de la pensée dominante que personne n’ait osé poser la question : « Mais où sont les éoliennes ? » Sinon une toute petite voix, celle d’un « spécialiste du secteur » cité par Frédéric de Monicault dans Le Figaro du 12 janvier, et qui, par crainte d’être en butte au « politiquement correct », a préféré garder l’anonymat : « Au risque d’être provoquant, on se doit de dire qu’en cette période hivernale la production des éoliennes est quasi nulle et celle des installations solaires pas beaucoup plus élevée. La volonté de verdir le parc de production français est sûrement respectable mais notons immédiatement ses limites : au moment où la France a le plus besoin d’électricité, elle reste tributaire de ses équipements énergétiques traditionnels. » On est en droit de se demander ce qui est respectable, au bénéfice de qui, et à quel coût ? Le spécialiste ne le dit pas. Ce qu’il ne dit pas non plus, c’est que la production nucléaire étant limitée non seulement pour des raisons techniques mais maintenant aussi par la loi, il a fallu remettre en service en catastrophe des installations au fuel et au charbon que la logique économique avait conduit à fermer prématurément.

Extrait de La France dans le noir, d'Hervé Machenaud, aux Editions Manitoba

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