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Est-il encore temps d’empêcher la destruction du patrimoine historique de Tombouctou ?
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Unesco à la peine

Le comité du patrimoine mondial de l'Unesco s'est retrouvé vendredi en Russie afin d'assurer le plus rapidement possible la protection des sites historiques du Mali. Depuis le mois de mai, les groupuscules islamiques contrôlant le Nord du pays se sont attaqués au patrimoine inestimable du pays.

Lazare Eloundou-Assomo

Lazare Eloundou-Assomo

 

Lazare Eloundou Assomo, architecte et urbaniste, est le chef de l'Unité Afrique au Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO, où il coordonne la coopération entre l'UNESCO et les pays africains sur toutes les questions relatives au patrimoine mondial en Afrique. Il est le gestionnaire responsable d'un certain nombre de restauration majeure et des projets de réhabilitation en Ethiopie, au Mozambique et en Ouganda. Tout au long des 10 dernières années, il a été entrepris au nom de l'UNESCO à l'évaluation et le suivi de Tombouctou au patrimoine mondial de l'humanité

 

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Atlantico : L’Unesco tient à Saint-Pétersbourg un comité du patrimoine mondial afin de prendre des mesures pour protéger les sites historiques du Mali. Quelles décisions peuvent être arrêtées par l’Unesco ?

Lazare Eloundou Assomo : Une décision a été prise. Tout d'abord, le site a été marqué sur la liste des sites du patrimoine en péril par les membres du comité. La ville de Tombouctou se trouve dans une zone contrôlée par des islamistes radicaux où les destructions, des profanations de mausolées avaient commencé dès le mois de mai. Face à cette situation, il était important de mobiliser la communauté internationale pour prendre plusieurs dispositions de type financière afin d'aider ce site qui est en difficulté.

Une résolution globale a été prise. Elle envisage de prendre très rapidement la création d’un fond spécial qui sera confirmée, je l’espère, très prochainement. Enfin, nous souhaitons appeler l’ensemble de la communauté internationale, les Nations unies, toutes les organisations politiques, pour qu’elles se mobilisent rapidement afin de trouver une solution pour mettre fin à cette destruction tragique le plus rapidement possible.   

Ne faudrait-il pas au final une intervention de l’ONU pour protéger la ville de Tombouctou ?

Une intervention de l’ONU, je ne crois pas. L’Unesco n’est pas une organisation militaire. Il y a deux jours, le porte-parole du Secrétaire général des Nations unies a effectué une déclaration pour s’indigner de la situation du Nord du Mali. Il a également annoncé qu’il appuyait les efforts réalisés au sein de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l 'Afrique de l'Ouest) en vue de restaurer la paix et de réglementer les autorités territoriales du Mali. Il est certain que d’autres détails viendront s’ajouter dans les jours à venir.

Je pense qu’il est essentiel de retrouver une gestion satisfaisante du patrimoine mondial et de lutter efficacement contre les destructions, que nous considérons comme un crime contre l’histoire de l’humanité.

L’actualité centre aujourd'hui l'attention sur le Mali... N’y a-t-il pas d’autres sites en danger ? Comment l'Unesco fait-elle pour les protéger ?

Il y a beaucoup de patrimoines qui sont en danger. Si vous regardez la liste du patrimoine mondial en péril, vous verrez qu’il y en a plus d’une trentaine.

Ces sites sont dans cette liste pour plusieurs raisons. Les conflits ne sont pas les seuls à mettre en péril le patrimoine. Par exemple, je peux citer, la réserve de faune à okapis en République démocratique du Congo. Les okapis sont victimes des braconniers et il est difficile de lutter contre ce fléau. L’Afrique est un continent particulièrement touché...

Face à l’instabilité politique, plusieurs autres patrimoines sont en danger, notamment en Géorgie, en Syrie et en Afghanistan
. Ces questions sont donc beaucoup plus globales.

Quel rôle joue finalement l'Unesco ?

L’Unesco souhaite promouvoir la science, la culture et l’éducation. Quand un site est inscrit à la liste des patrimoines de l’humanité, c'est le pays concerné qui doit s’assurer de la protection de son site. L’Unesco est une organisation des États-membres, elle respecte la souveraineté de chaque pays, se contentant d'apporter une assistance technique et financière.

L'Unesco fait une revue annuelle des états de conservations de ces sites pour donner des orientations aux différents États-membres, afin qu’ils prennent des dispositions et mènent les activités nécessaires à la sauvegarde des sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Nous, les experts, accompagnons ces pays autour de questions qui peuvent soulever plusieurs besoins :

  • Le renforcement des capacités pour pouvoir gérer ces sites ;

  • L'assistance technique et financière.

Propos recueillis par Charles Rassaert

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