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Emmanuel Macron peut-il redonner aux Français le goût du travail et de la croissance ?
©AFP/Ludovic Marin

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Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir avec la promesse de restaurer la prospérité économique. Il est très loin d’avoir gagné son pari parce qu’il se heurte à la résistance de la majorité d’une opinion qui refuse le changement …

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le président de la République se heurte désormais à l’opposition d’une grande majorité de Français qui refusent les changements pour lesquels il avait été pourtant élu.   

Au début de son premier quinquennat, Emmanuel Macron a séduit la majorité des Français avec un programme de réformes visant à restaurer la prospérité française par l’adaptation aux grandes mutations qui ont touché la planète : le digital et les progrès technologiques, la mutation environnementale et les opportunités d’activités nouvelles parce que décarbonées.  Il offrait à la France de retrouver la culture du travail, une place équilibrée dans la mondialisation et une position de leader de l’Union européenne. 

Très rapidement, il s’est retrouvé face à une résistance collective au changement qui a engendré la crise des gilets jaunes. Il en est sorti vainqueur par la pédagogie dispensée lors de ses grands débats. Pour retomber presque immédiatement dans la crise du covid. Une crise mondiale qui n’a épargné personne mais de laquelle les pays occidentaux sont sortis abîmés, même si la plupart ont pu protéger leurs actifs de production et leurs acquis sociaux… Tout cela a couté très cher.   Tout le monde a fait semblant qu’on parviendrait à payer. 

La guerre en Ukraine que personne n’avait prévu ( sauf les services secrets américains )   a révélé brutalement que les valeurs de la démocratie et de l’économie de marché en Occident depuis la fin de la deuxième guerre mondiale n’étaient pas universellement partagées. On s’en doutait un peu, mais personne ne pensait que le monde était capable de retomber dans les risques de l’horreur. 

En France, Emmanuel Macron a été réélu pour un deuxième mandat, ce qui en fait le premier président de la Ve République réélu hors cohabitation mais avec une majorité toute relative ce qui veut dire concrètement qu’il a perdu sa légitimité.

Ignorant ce détail, Emmanuel e a donc repris le programme de réformes qu’il avait présenté lors de son premier mandat et se retrouve à nouveau face la résistance du corps social qui s’est rebiffé,  face à la première réforme des retraites. On en est là et la saison 2 de la série se présente franchement très mal , même si Emmanuel Macron s’est donné 100 jours pour rebondir. 

La vraie question qui se pose est de savoir si l’opposition s’adresse à lui , à sa façon de faire , ses habitudes , à son arrogance pour reprendre un qualificatif devenu banal ou alors si elle vise le fond de la politique qu’il entend conduire d’ici la fin de son deuxième mandat. 

Beaucoup de philosophes, de sociologues et d’économistes commencent à penser qu’en dehors de toute idéologie, les mutations en cours qui paraissent incontournables deviennent aussi insupportables à l’opinion publique. 

Pour beaucoup de chercheurs universitaires, il existe en Occident un gout prononcé pour tourner le dos, freiner et même refuser le progrès technologique dans la plupart des domaines et par conséquent la croissance. 

La tendance au ralentissement de la croissance est d’ailleurs partagée par tous les grands pays occidentaux en Amériques comme en Europe,  c’est un fait statistique lié à la conjoncture mais cette tendance peut être aussi le résultat gout de la décroissance qui pour beaucoup serait la solution aux difficultés de l’avenir. 

Pour lutter contre la pollution, le premier des moyens serait de moins produire pour préserver les activités essentielles, le mieux serait de restreindre les échanges internationaux , etc…

Produire moins , consommer moins et autrement et surtout travailler moins etc . Les économistes classiques, Ricardo ou Malthus, développaient déjà ce type de thèse pour prévenir le ralentissement du capitalisme. Beaucoup de chercheurs s’interrogent aujourd’hui sur l’évolution de la productivité qui a tendance à baisser en dépit des efforts d’investissement technologiques considérables. 

Un certain nombre de valeurs sont remises en cause aujourd‘hui et mettent évidemment en danger les modèles de croissance économiques nécessaires. 

La production de richesses ne peut pas s’arrêter et mettre en danger des peuples entiers qui en ont été privés, les besoins comme les envies sont lions d’être saturés, la démographie et l’espérance de vie ont besoin de recherches, le monde entier a besoin d’éducation, de formation et de progrès. Ces besoins dépassent les questions religieuses et culturelles.

Ce sont les tendances lourdes à la décroissance qui alimentent les courants populistes dans les grandes démocraties et qui font évidemment le lit des régimes autoritaires. 

Le comble est que tous ceux qui, consciemment ou pas, travaillent à la décroissance se tirent une balle dans le pied parce qu’ils en seront les premières victimes. 

L’obligation impérieuse des dirigeants politiques dans les grandes démocraties est évidemment de convaincre leur opinion des changements nécessaires. Redonner le gout du travail et de la croissance.

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