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Emmanuel Macron, président de la République.
Emmanuel Macron, président de la République.
©MICHEL EULERPOOL / AFP

L'avenir du président

Le président de la République n’a exprimé aucun regret ni désir de changer de politique, bien au contraire.

Michel Fize

Michel Fize

Michel Fize est un sociologue, ancien chercheur au CNRS, écrivain, ancien conseiller régional d'Ile de France, ardent défenseur de la cause animale.

Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages dont La Démocratie familiale (Presses de la Renaissance, 1990), Le Livre noir de la jeunesse (Presses de la Renaissance, 2007), L'Individualisme démocratique (L'Oeuvre, 2010), Jeunesses à l'abandon (Mimésis, 2016), La Crise morale de la France et des Français (Mimésis, 2017). Son dernier livre : De l'abîme à l'espoir (Mimésis, 2021)

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Emmanuel Macron est décidément un IN-COR-RI-GI-BLE ! Après le cuisant échec qu’il vient de subir [nié par tout son entourage, à commencer par sa Première ministre, Elisabeth Borne], puisqu’il a été contraint de recourir à l’article 49.3 pour faire passer « sa » réforme des retraites, le président de la République n’a exprimé aucun regret ni désir de changer de politique, bien au contraire. Endossant le rôle de « donneur de leçons », de « maître d’école » qu’il affectionne particulièrement, il nous redit combien cette réforme des retraites est aujourd’hui (comptablement) nécessaire, nous rappelant, je le cite ici, qu’« en l’état, les risques financiers et économiques étaient trop grands »… pour [je suppose ces derniers mots] ne pas recourir au 49.3.

Avec Emmanuel Macron, c’est toujours la même histoire qui se répète, les mêmes sentiments, les mêmes attitudes exprimées : l’arrogance, le sentiment d’avoir raison envers et contre tous, la conviction qu’il n’est qu’une seule démocratie légitime : la démocratie représentative (élective), et que « la démocratie, c’est lui » [Ici M. Macron ne se distingue pas de ses prédécesseurs, de François Hollande en particulier, chaque Président étant intimement convaincu qu’il n’existe qu’une seule politique possible : la sienne].

Le logiciel de pensée du président Macron, concernant nos compatriotes, est connu : les Français sont des fainéants – pour certains même des « assistés sociaux », des chômeurs qui ne veulent plus travailler… alors qu’il suffit de traverser la rue…, des actifs qui ne veulent pas travailler un peu plus pour équilibrer les comptes - , des dépensiers auxquels il faut rappeler que l’abondance c’est fini et que le temps de la « sobriété » est venu, des irresponsables manquant du plus élémentaire bon sens. Alors, bien sûr, se dessine en creux le portrait de « l’homme parfait » – lui, Emmanuel Macron – : travailleur, responsable, empli de bon sens, connaissant l’intérêt général et donc les bonnes décisions.

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Pourtant, le président Macron peut bien connaître le « peuple légal » (celui des citoyens qui votent), il ne connaît pas « le peuple réel » ; il ignore la vie de labeur, celle de l’éboueur, de l’agriculteur, de l’aide-soignant, du cheminot et de tous les autres qui font fonctionner « la machine France » au quotidien. Il ne connaît pas ce peuple parce qu’en « narcissique » classique qu’il est, il ne s’intéresse pas aux autres, n’éprouve aucune empathie pour autrui. Il n’a qu’une vision comptable de la vie humaine.

M. Macron ne connaît pas davantage les « impératifs démocratiques », la liaison nécessaire des trois formes de démocratie : l’élective (qu’il incarne), la directe ou semi-directe (incarnée par les Gilets jaunes), la sociale (incarnée par les organisations syndicales). Il ignore de ce fait qu’il faut aujourd’hui « refonder la République » pour réaliser cette liaison, qu’un énième lifting de la Vème République ne saurait dorénavant suffire.

Depuis deux jours, à la violence institutionnelle du 49.3, à la surdité présidentielle, les Français, via leurs syndicats et sa nombreuse jeunesse, opposent une résistance citoyenne un peu partout en France. Hier soir, 17 mars, place de la Concorde à Paris, des milliers de jeunes, syndiqués ou pas, annonçaient : « Ça va péter ! », « Ça va péter » ! ». Si, lundi, la motion de censure déposée par le groupe centriste LIOT l’emportait à l’Assemblée nationale, c’en serait probablement fini de l’actuel Exécutif. Dans le cas contraire, la colère de la rue n’en serait que plus grande.

Mais toujours sûr de son bon droit, le président Macron (qui a choisi de se taire) ne veut pas voir cette colère des Français (qu’il appelle « inquiétude »). Une erreur de plus. 

Déjà, à coup de blocages (des raffineries notamment), de grèves (des éboueurs en tête), d’occupations de locaux, de manifestations de plus en plus quotidiennes, la colère enfle, se radicalise. La protestation ne porte plus désormais sur la seule question des retraites mais sur un dysfonctionnement démocratique devenu insupportable.

Malgré lui, Emmanuel Macron, après 1789, 1830, 1848, ne vient-il pas de déclencher la quatrième Révolution française ? Ne flotte-t-il pas dans l’air un petit parfum de mai 1968 ? Souvenirs, souvenirs !

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