Égalité femmes hommes : cette erreur que les néo-féministes commettent si souvent<!-- --> | Atlantico.fr
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Le présupposé féministe voulant que « les femmes soient sous-représentées dans de nombreuses entreprises mondiales » est aussi vague que sans objet.
Le présupposé féministe voulant que « les femmes soient sous-représentées dans de nombreuses entreprises mondiales » est aussi vague que sans objet.
©Susann Prautsch / dpa / AFP

Journée des droits des femmes

L’examen des stratégies les plus efficaces dans le monde indique clairement que l’égalité ne progresse jamais autant que lorsque les hommes sont étroitement associés à ce combat plutôt que laissés de côté voire traités en ennemis.

Ero Makia

Ero Makia

Ero Makia est une femme en post-doctorat universitaire dans le domaine des sciences historiques.

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Atlantico : Selon la BCG Gender Diversity Survey, il y a une corrélation positive entre la participation volontaire des hommes à des programmes d’inclusions et les progrès observés. Lorsque les hommes sont engagés dans des programmes, 96 % des organisations constatent des progrès, contre seulement 30 % des organisations où les hommes ne sont pas engagés. Ces résultats sont-ils surprenants ? A quel point cela est-il prouvé par ailleurs ?

Ero Makia : Ce cabinet cite uniquement les chiffres du Peterson Institute for International Economics, un think tank privé américain qui se dit « non partisan », mais n’en souscrit pas moins à l’idéologie féministe dominante. La première phrase de la publication du BCG : « Les femmes sont sous-représentées dans de nombreuses entreprises mondiales, en particulier au sein des équipes de direction, et les entreprises passent ainsi à côté d’opportunités » a en effet tout de la pétition de principe. C’est une affirmation gratuite, qui signe clairement l’option militante de ce comité et, probablement, son allégeance aux principes du « capitalisme woke » – ces orientations récentes du marketing qui utilisent l’air du temps féministe pour le convertir en actifs financiers (sur ce sujet, voir le livre d’Anne de Guigné, Le Capitalisme woke. Quand l’entreprise dit le bien et le mal, Paris, Presses de la Cité, 2022). Pourquoi pas, après tout, c’est de bonne guerre pour un cabinet international de conseil en stratégie ; ce qu’est le BCG, Boston Consulting Goup qui a rédigé ce texte. Ils sont ici entièrement dans leur rôle – ce qui ne veut pas dire pour autant que ce qu’ils avancent est fondé d’un point de vue économique, social ou sociétal. 

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Le présupposé féministe voulant que « les femmes soient sous-représentées dans de nombreuses entreprises mondiales » est aussi vague que sans objet. Dans beaucoup de secteurs clés – en général les plus confortables, car situés dans le tertiaire –, les femmes sont au contraire sur-représentées (dans l’éducation, la santé, l’université…) ; et inversement, les hommes sont toujours sur-représentés dans les métiers sales et éreintants. Pour autant, on n’entend jamais les éboueurs, les terrassiers, les égoutiers, les équarisseurs, les couvreurs, les laveurs de vitres ou les livreurs d’Uber Eats, à 92% des hommes réclamer la parité, eux. Le point de vue féministe vindicatif est systématiquement borgne et victimaire en ce domaine, car il émane principalement de femmes issues de la bourgeoisie moyenne et supérieure, focalisées sur les postes de direction qu’elles veulent de toute urgence arracher aux hommes – sans pour autant être disposées à concéder les sacrifices personnels que ceux-ci ont toujours accepté pour y parvenir.

Car quand on regarde de près pourquoi les femmes ne sont pas plus nombreuses dans les postes de direction, il ressort en général qu’il ne s’agit aucunement de sexisme mais plutôt de choix personnels de la part de ces femmes. Il est inévitable que les femmes, qui biologiquement accouchent et maternent leurs nourrissons, aient envie de leur consacrer du temps, et il est également inévitable que d’une manière ou d’une autre, cela prenne sur leur énergie et impacte directement leur temps de travail. Une femme, de ce point de vue, ne sera jamais un homme et les arbitrages qu’elle aura à faire dans sa vie, entre travail à l’extérieur et enfants, lui seront toujours posés d’une manière propre à son sexe. Cette réalité n’est en soi ni un bien ni un mal ; elle n’est ni une oppression ni une injustice : elle est simplement une réalité biologique et anthropologique avec laquelle il faut bien apprendre à composer – toutes choses que le féminisme idéologique est définitivement incapable d’entendre, puisqu’il a choisi de porter le fer contre la différence biologique des sexes et par-dessus tout, contre tout ce qui lui rappelle l’existence des hommes.

D’ailleurs, parmi les propositions que fait le BCG pour « améliorer la diversité de genre au travail », la première est de « soutenir les politiques de travail flexible », une revendication en soi typiquement féminine – je dis bien féminine, et non pas féministe, car compréhensible et même parfaitement justifiée. Mais au lieu de reconnaître la différence des sexes et le fait que les femmes ont davantage besoin de flexibilité que les hommes – en leur proposant par exemple des mesures adaptées à leur sexe et à la particularité féminine qu’est l’investissement maternel et le soin porté aux jeunes enfants –, tout ce que le comité trouve à proposer, c’est que les hommes se mettent eux aussi au temps flexible… sans comprendre que les attentes des hommes au travail ne sont pas celles des femmes, qu’elles ne l’ont jamais été et qu’elles ne le seront jamais. On a déjà constaté que même quand on veut obliger les hommes à prendre de longs congés de paternité, la plupart renâclent; cela ne fonctionne qu’à la marge.

A titre personnel, je suis moi aussi pour que l’on soutienne les femmes qui ont opté pour la flexibilité (l'emploi à temps partiel, le travail à distance, le congé parental, le partage d'emploi, etc., prônés par la publication du BCG) – mais pas avec le même objectif. Pas pour « créer une main-d’œuvre équilibrée entre les sexes » comme ils le préconisent – ce qui n’a en soi aucun intérêt ni même aucun sens –, mais pour que la qualité de vie de celles qui en ont un besoin vital soit améliorée et que ces femmes soient soutenues dans des choix leur permettant de concilier vie familiale, vie personnelle et vie professionnelle. De plus, cette proposition, en réclamant du travail flexible paritaire, ce qui revient à abaisser le temps de travail pour tous, va de fait contre la possibilité, pour ces mêmes femmes, d’occuper les postes de direction… ceux-ci exigeant par nature un investissement extrême en temps et en motivation. Une incohérence tout à fait typique du féminisme : on réclame de diriger une entreprise du CAC 40, mais si possible à mi-temps et en demandant qu’il en soit de même pour les hommes…

Pourquoi est-il important que les hommes s’investissent aussi ? De quelle manière doivent-ils le faire ?

Le présupposé de départ étant infondé, les hommes n’ont pas à battre leur coulpe parce que des officines féministes ont décidé de les accabler et de les culpabiliser sans relâche. Quand, dans le monde du travail, des hommes ont des comportements objectivement sexistes ou discriminatoires, il convient de les dénoncer sur le champ et de porter l’affaire en justice, un point c’est tout. Il existe en France des lois pour protéger les femmes, il faut les utiliser et porter plainte. Tout ce qui n’est pas objectif, c'est-à-dire susceptible d’être condamné en justice, ne relève le plus souvent que de l’interprétation personnelle féministe, de ses ruminations paranoïaques et surtout de ses envies d’en découdre avec le sexe opposé, dans le but d'imposer à tous son nouvel ordre moral (« mansplaining », « masculinité toxique », « eye rape », et autres billevesées ; la liste s'allonge chaque jour).

Les différences de salaires entre hommes et femmes, une fois que l’on compare sérieusement des choses, se réduit toujours à peau de chagrin, comme le rappelait déjà en 2017 un article de The Economist : quand on compare ce qui est comparable (emplois de même niveau, dans la même entreprise et au même poste), les différences de salaires H/F n’étaient en France que de 2,7% en 2016, un chiffre qui ne cesse depuis de décroître. Les hommes n’ont donc pas à raser les murs à ce sujet. Certaines professions sont plus masculines et d’autres plus féminines, oui, et alors ? Pourquoi faudrait-il autant d’esthéticiens que d’esthéticiennes, de sage-hommes que de sage-femmes, d’éboueuses que d’éboueurs ? Qu’est-ce que cela peut bien faire, dans le fond ?

Le manque de femmes dans les écoles d’ingénieurs, notamment dans les STEM (disciplines regroupant les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques) ne sont pas non plus imputables à des discriminations sexistes. Personne n’a jamais empêché une fille de devenir experte en cybersécurité – au contraire, même, on les tanne en permanence pour qu’elles intègrent ces formations, allant même jusqu’à créer, en toute injustice, des filières de recrutement réservées exclusivement aux filles. Qu’à cela ne tienne, elles ne sont pas intéressées ! Car oui, très rares sont les jeunes filles qui passent spontanément leurs nuits entières, entre 12 et 18 ans, à programmer des serveurs ou à faire tourner des bots. Pourquoi mon fils l’a fait et pas ma fille ? Parce que je les aurais sexistement conditionnés ? Quelle blague ! Cela s’appelle simplement le paradoxe scandinave et personne n’y changera quoi que ce soit, pas plus la propagande féministe que ses envies de coercition. Encore une de ces lois de la réalité, ce satané réel, l’ennemi de toujours des féministes... On pourra également se reporter, sur ce sujet, à la contribution récente de Marco Balducci dans vos colonnes : « L’égalité femmes hommes ne mène pas à l’indifférenciation des rôles sociaux et le paradoxe norvégien est là pour le prouver ».

Comment faire pour que les hommes puissent être des alliés de l’égalité homme-femme et faire progresser les droits des femmes sans pour autant avoir à s’effacer ?

Dans les faits, les hommes n’ont jamais été opposés à l’égalité des sexes. C’est une fixation féministe et une pure intox que de vouloir faire croire le contraire. En Occident tout au moins (je ne parle pas des sociétés non occidentales que je ne connais pas de l’intérieur), l’inclusion des femmes dans l’égalité des droits (droit de vote, accès au monde du travail, salaires égaux à travail et investissement égal, etc.) a toujours été non seulement acceptée, mais voulue et défendue par les hommes. Depuis longtemps, les droits des femmes sont exactement les mêmes que ceux des hommes en France, comme dans la plupart des démocraties occidentales. Les imprécations féministes se placent ici, comme souvent, au-delà et en deçà du droit : elles s’apparentent de plus en plus ouvertement à une entreprise de terreur idéologique, qui en arrive à culpabiliser des gens qui n’ont rien à se reprocher. Il ne faudrait pas non plus oublier que tous les droits dont disposent aujourd’hui les femmes en France ont été votés par une majorité d’hommes – parfois même à 100% d’hommes, à l’instar du droit de vote des femmes ! Un combat, qui plus est, initié par un homme du XIXe siècle, le philosophe anglais John Stuart Mill (mais comme on le sait, les féministes ont l’apologie sélective). 

Qu’est-ce qui explique que les néo-féministes choisissent des stratégies, en non-mixité notamment, qui excluent les hommes voir les antagonisent ?

Elles offrent, par cela même, la démonstration ultime qu’elles cherchent bien moins à défendre « l’égalité » (un mot-étendard vidé de son sens qui n’est souvent, comme ici, qu’un faux-nez) qu’à entretenir la « sale guerre » des sexes, un antagonisme dont elles ont absolument besoin pour nourrir leur matrice névrotique. Se victimiser H24 en s’inventant quotidiennement de nouvelles oppressions est une occupation féministe qui s’est professionnalisée ; c’est également une tactique infaillible, qui permet à d’innombrables officines d’exister médiatiquement, de réclamer des subventions et de se verser des salaires. Et cette journée du 8 mars est bien évidemment une campagne de communication imparable pour remplir les caisses féministes.

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