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Mais pourquoi les profs 
refusent-ils toute réforme 
d'un système à bout de souffle ?
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Mammouth

Selon un sondage Ifop, 61% des professeurs seraient opposés à une présence des enseignants dans les collèges et lycées en dehors des heures de cours. Une réforme qui pourrait cependant apaiser le climat dans les établissements.

Roger Célestin

Roger Célestin

Roger Célestin est journaliste.

Il écrit pour Atlantico sous pseudonyme.

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Effrayantes sont les conclusions du sondage IFOP pour Le Monde (23 février 2012). Sur un point majeur pour l’évolution du système, à savoir « la présence des enseignants dans les collèges et les lycées en dehors des heures de cours », 61% des profs y sont « plutôt opposés » ! C’est pourtant la condition essentielle pour améliorer la réussite des élèves, notamment des plus défavorisés, selon tous les experts et politiques, de droite comme de gauche, que j’ai interrogés ces dernières années.

Chacun comprend aussi facilement que cette présence renforcée apaise immédiatement le climat dans les établissements. En 1998 déjà, un rapport de l’Inspection générale de l’Education nationale pointait le climat désastreux dans les collèges et analysait les relations profs-élèves. « Les profs sont des fantômes : ils ne font que passer, pour faire un cours et donner une note » regrettaient les collégiens. Comment respecter un « fantôme » quand on a besoin d’un adulte à ses côtés ?
Autre reproche fait depuis des années par les corps d’inspection et les parents d’élèves, aux enseignants : se comporter comme une profession libérale au sein du service public.
Pour modifier ces pratiques, il faudrait organiser le travail en équipe (ce qui suppose de pouvoir y consacrer un minimum de temps), et, si possible, donner au chef d’établissement la possibilité de constituer et de gérer son équipe. Or 79% des profs se disent opposés à « des pouvoirs renforcés pour les chefs d’établissements en matière de recrutement et de notation des enseignants »,
Cela devrait se faire dans des établissements dont l’autonomie est indispensable pour fluidifier, dynamiser et responsabiliser leur fonctionnement. Or 58% se disent opposés à « une autonomie accrue pour les établissements scolaires ».
Beaucoup de nos concitoyens du secteur privé s’en étonneront, eux qui réagiraient positivement si on leur proposait davantage d’autonomie, y voyant la possibilité d’améliorer leur travail en prenant des initiatives. Pas les profs !
Conclusion de Maryline Baumard, journaliste au Monde, qui connaît très bien les profs : « Fragilisés et peu sûrs d’eux, les enseignants n’ont pas non plus envie de rester plus longtemps dans les classes, ce qui pourrait poser problème au Parti socialiste, qui veut faire changer les pratiques ». C’est bien le moins qu’elle puisse écrire. Plus qu’un problème : c’est un blocage anticipé de toute réforme sérieuse.
« Je veux les amener à quitter la défense d’un intérêt particulier » dit Vincent Peillon au sujet des organisations syndicales d’enseignants (Dans l’Express, 15 février 2012, n°3163). S’il devient ministre, le socialiste devra faire preuve d’une grande pédagogie et d’une conviction non moins puissante, sans parler d’établir un rapport de force favorable, tant le sondage IFOP montre que, pour l’instant, c’est bien la défense des conditions particulières, et inefficaces, d’exercice de ce métier, qui prévaut chez les profs.

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