École de la République ? Un système cruellement capitaliste plutôt...<!-- --> | Atlantico.fr
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C'est toute l'injustice du système, qui en faisant croire à un égalitarisme structurel, crée un inégalitarisme fondamental.
C'est toute l'injustice du système, qui en faisant croire à un égalitarisme structurel, crée un inégalitarisme fondamental.
©Reuters

Le nettoyeur

Cette semaine, Pascal Emmanuel Gobry, le "nettoyeur", fait voler en éclat l'idée reçue selon laquelle l'Education nationale a une logique égalitaire.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Entre la crise économique et les petites phrases, l'éducation est le sujet délaissé de cette campagne présidentielle. C'est une grave erreur, car l'éducation est probablement la seule chose qui puisse nous permettre de sortir de nos problèmes sur le long terme. Tout y est lié : civisme, économie, mobilité sociale, sécurité, intégration, culture...

Quand on évoque ce sujet, ce n'est que pour ajuster le système à la marge. Mais pour vraiment parler d'éducation, il faudrait commencer par pourfendre le mythe le plus répandu : l'idée que l’Éducation nationale a une logique égalitaire.

Dans le mythe, notre système ressemblerait à ça : l’État détient et gère des écoles, et on essaye de faire à peu près la même chose partout, afin que chacun ait accès à la même chose. Et puisque l'école est gratuite et les programmes nationaux, tout le monde est à peu près à la même enseigne. Il y a bien des différences, mais la logique centrale du système, grosso modo, est égalitaire et non capitaliste.

A ce système, s'opposeraient ceux qui voudrait de la “concurrence”, voire de la “marchandisation” du système. Bref, d'un côté, il y a les tenants du public, qui préfèrent l'égalité, et ceux qui pensent que les leçons sont à chercher du côté du secteur privé, qui serait plus efficace, et veulent donner aux parents plus de choix.

Le problème avec cette dichotomie qui structure notre débat est que notre système public est déjà capitaliste, dans le sens premier et tragique du terme : dans le public, les parents qui ont un capital peuvent choisir l'éducation de leurs enfants ; les autres non.

Comment est-ce possible ? Par le mécanisme de la carte scolaire. La carte scolaire réunit les enfants d'une même zone géographique dans la même école. Pour avoir une bonne école, il faut habiter dans le bon secteur.

Autrement dit, là où on nous dit que certaines réformes feraient rentrer une “logique de marché” dans le public, la réalité est que les places en école publique sont déjà attribuées par un marché : le marché de l'immobilier.

C'est toute l'injustice du système, qui en faisant croire à un égalitarisme structurel, crée un inégalitarisme fondamental. Qui en refusant la “logique de marché”, fait régner le plus impitoyable marché qui soit, celui qui ne valorise que l'argent et pas les autres choses que peuvent promouvoir les marchés, comme l'efficacité ou l'innovation.

L'inégalité du système viendrait d'ailleurs : des écoles privées, ou des “trucs” pour échapper à la carte scolaire, comme faire faire à son enfant une option qui n'est proposée que par les établissements de centre ville. Mais même si abolissait ces choses, la logique de l'école publique resterait fondamentalement celle du marché et de l'inégalité. Une inégalité qu'on nous cache.

Une fois qu'on a compris cette réalité, quelles conséquences en tirer ? Peut être que la mesure la plus égalitaire serait d'aider ceux à qui on l'interdit aujourd'hui — c'est-à-dire, les pauvres et ceux qui ont des besoins spécifiques — à choisir leur école.

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