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Non, la finance n'est pas systématiquement responsable 
des crises de l'économie réelle,
l'inverse est vrai aussi !
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Vice & vertu et vice-versa

La preuve par l'histoire.

François Caron

François Caron

François Caron est un historien économique français. Il est spécialiste de l'histoire économique de la France à partir du XIXe siècle.

Auteur de nombreux ouvrages notamment , La dynamique de l'innovation : Changement technique et changement social (XIX-XXe siècle), Editions Gallimard 2010.

 

 

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Sans contester, loin de là, le rôle majeur joué par les mécanismes  financiers et monétaires dans le déroulement des crises économiques, je voudrais attirer l’attention sur celui joué par l’économie réelle. Ses déséquilibres et ses incertitudes peuvent être l’élément déclencheur d’une crise financière et participent toujours aux péripéties de son déroulement. Ce n’est pas le lieu de proposer une théorie de ces interférences. Je préfère présenter deux exemples concrets portant sur deux crises très bien documentées celles des années 1846 -1852  et 1883-1888 en France. 

L’année 1846 marque l’apogée d’un mouvement de spéculation portant sur les actions des compagnies de chemin de fer nouvellement créées. Les compagnies avaient survécu à la tourmente de l’année 1939 et semblaient avoir atteint des niveaux de rentabilité satisfaisants. Portée par cet élan la haute banque d’affaire parisienne s’est convertie au rail au début des années 1840. 33 compagnies furent  créées entre 1842 et 1845. Toutes les incertitudes concenant leur avenir semblaient levées. Mais les conditions imposées par l’Etat pour accorder la concession étaient de plus en plus rigoureuses. Le doute sur leur rentabilité s’introduisit dans les esprits. Un économiste Léon Faucher s’inquiéte en avril 1846 de "l’avalanche des chemins de fer”  et de “la pression qu’elle peut exercer sur l’Etat du crédit”. Après un premier mouvement de baisse, la spéculation sur les actions de chemin de fer se poursuit. Un sommet est atteint en septembre 1846. Mais la baisse reprend. Elle est accélérée par les difficultés rencontrées par les fournisseurs des compagnies pour honorer leurs engagementset sutout par la crise agricole, qui prend le relais de la crise ferroviaire. Il fallut attendre 1852 pour que se dessine un redressement. La crise boursière n’a fait que refléter les incertitudes de l’économie réelle face aux anticipations des marchés et à la politique gouvernementale. 

La crise économique de 1882-1888 prolonge une longue dépression entamée en 1873. Elle est d’une grande complexité, combinant une crise agricole majeure, une crise boursière et une crise industrielle. Les phénomènes financiers et monétaires ont joué un grand rôle dans son déroulement. Un épisode important de ce désastre économique fut celui de la faillite d’une banque lyonnaise de premier plan l’Union Générale, dont Jean Bouvier a retracé l’histoire en 1960. (PUF) Là encore le chemin de fer a joué un rôle non négligeable. La spéculation bourdsère à Lyon s’est développée à partir de 1878. C’est à cette date que l’Union Générale par le banquier Bontoux fut créée. Deux augmentations de capital suivirent rapidement le versement initial de 25 millions de francs. Cette ascension fut brisée en janvier 1882 avec l’échec d’une nouvelle  augmentation de capital due  à un krach boursier. Cette crise fut le résultat de  l’augmentation du taux d’escompte de la Banque de France et concerne bien d’autres capitalistes lyonnais. La banque Bontoux fut déclarée en faillite en février 1882. capitalistes. En fait Bontoux était fortement engagé dans les chemins de fer autrichiens qui connurent alors de graves difficultés. La crise lyonnaise s’inscrit aussi  dans une crise majeure de l’économie régionale. Elle  comprend  un volet agricole, qui s’inscrit dans une dépression à long terme des prix agricoles,  mais aussi industriels Ces difficultés étaient  étroitement liés au développement des échanges inter régionaux provoqué par l’extension des voies ferrées, Ce développement  remettait en cause l’équilibre de plusieurs secteurs de l’économie  régionale  en intensifiant la concurrence. 

Il nous semble que de telles analyses fondées sur l’étude des interférences entre l’économie réelle et l’économie financière peuvent être appliquées aux crises du 20° siècle. Cela ne fait aucun doute pour celle de 2001.... 

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