La France, vue du dictionnaire<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Tweet", "cagole" ou encore "vuvuzela" dans les nouveaux dictionnaires 2012.
"Tweet", "cagole" ou encore "vuvuzela" dans les nouveaux dictionnaires 2012.
©

Beaux parleurs

Le Robert et le Larousse 2012 ont été publiés la semaine passée. L'occasion pour l’écrivain Antoine Bueno de dresser un portrait de la France à partir de ses nouveaux mots.

Antoine Bueno

Antoine Bueno

Antoine Bueno est écrivain et chargé de mission au Sénat. Il se produit aussi dans son seul en scène, "Antoine Bueno, l'Espoir".

Voir la bio »

Les mots nouveaux sont arrivés ! Les mots nouveaux du Robert et du Larousse qui sont bien à la langue française ce que le Beaujolais est à l’œnologie : un rendez-vous annuel franchouillard autour d’une bistrouille fruitée qui, faute d’être un grand cru, fournit une occasion supplémentaire de se remplir le godet pour se gargariser de notre beau pays.

Et chaque année, en célébrant les mots nouveaux du Robert et du Larousse, c’est l’Académie française que l’on enterre un peu plus. Un enterrement à la mexicaine puisque cette institution, au départ justement créée pour être la gardienne de la langue mais qui n’a jamais su imposer sa mission auprès du grand public, continue d’être maintenue en survie artificielle, sous perfusion de l’argent du contribuable bien sûr.

Alors, que nous dit-elle, cette initiative privée, de l’évolution de la langue ? Et, surtout, de l’état de la France ? Pas mal de choses très positives en somme…

Une France moderne !

Avec l’entrée dans le dictionnaire du nom « tweet » et du verbe « tweeter » (je tweete, tu tweetes… que nous tweetassions ?), la France confirme son rayonnement en matière de nouvelles technologies. Ce n’est que justice, Facebook aussi intègre le Robert (file-moi ton facebook).

Une France libérée !

L’évolution de la langue accompagne la mue sociétale de notre pays aussi sur le plan des mœurs. C’est ainsi que la « cougare », cette femme d’âge mûr qui se plait à séduire et se mettre en couple avec de jeunes hommes, accède également au panthéon lexicologique.

Une France du terroir !

Aussi impliquée dans la modernité soit-elle, la France n’en néglige pas pour autant ses racines. En témoigne l’entrée dans le Robert du mot« cagole », expression argotique d’origine méditerranéenne désignant une fille qui « affiche une féminité provocante et vulgaire ».

Une France festive !

Et si le moral des français n’était pas si entamé ? L’introduction dans le Robert de cet instrument de torture auditif qu’est la « vuvuzela » (long cornet dans lequel l’utilisateur souffle pour produire un son puissant et strident) et de la caïpirinha (cocktail brésilien à base de citron, de rhum blanc et de sucre de canne) rappelleraient à tout le moins que la France sait toujours s’amuser…

Une France people

Aux côtés des 1 500 noms communs qui feront leur entrée dans le dictionnaire en 2012, le Robert intègrera également 80 nouveaux noms propres. Sans doute soucieux de combler un peu plus la rigole le séparant encore du bottin mondain ou du Who’s who, le Robert mentionnera désormais des personnalités telles que Frédéric Beigbeder, MC Solaar, Vanessa Paradis ou Charlotte Gainsbourg.

Décidément, le cru 2012 n’a pas grand-chose à envier à celui de 2011 qui avait, par exemple, consacré les termes « smoothies » et « daron / daronne ».

Un cru avec toujours un arrière-goût indéfinissable… Banane ou Framboise ? Démagogie ou désir sincère de coller au plus près à l’évolution de la langue du pays réel ? Comme pour le Beaujolais, bien difficile de trancher.

Et si nous allions plus loin ?

Mais, quoi qu’il en soit, on peut se demander s’il ne serait pas possible d’aller d’emblée plus loin dans la logique du Robert. Par exemple en développant la catégorie de mots intermédiaire entre noms propres et noms communs, celle des noms propres substantivés, qui semblent le parent pauvre de l’arrivage 2012.

Ainsi, dans le parler courant, ne dit-on pas d’une femme ayant subi des mauvais traitements de la part de son conjoint, co-pacsé ou compagnon qu’elle s’est faite « maritrintigner » ? De même, lorsqu’un homme éprouve un désir physique irrépressible pour une femme, ne dit-on pas qu’il souhaite la « strauskaniser » ? Et ce ne sont là que quelques suggestions.

Allez, encore un petit effort Robert, le pays réel n’est plus très loin.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !