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Dexia, un nouveau 
Crédit Lyonnais en pire !
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Erreur de la banque en votre défaveur

Dexia sera-t-elle la première banque européenne victime de la crise ? Son conseil de surveillance se réunit jeudi pour discuter de son sort. Mardi, une première étape a été franchie avec l'annonce de la création d'une «bad bank» qui reprendrait les actifs toxiques de la banque franco-belge pour permettre à ses autres activités de survivre.

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

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Le gouvernement a peur : Dexia est un nouveau Crédit Lyonnais. Une nouvelle faillite bancaire, mais en pire : à l’époque, en 1993, la perte s’élevait à 130 milliards de francs, cette fois le chiffre est du même ordre, mais en euros !

Les enseignements du Crédit Lyonnais n’ont servi à rien. Le modeste mais rentable Crédit Local de France s’est lancé, à partir des années 90, dans une folle expansion (rachat de son équivalent en Belgique, puis en Italie). Et le mirage américain toujours, pas un studio de cinéma (Metro-Goldwyn-Mayer) comme sa consœur, mais un réhausseur de crédit, FSA, qui explosera en vol lors de la crise des subprimes (le métier de FSA est de garantir ces crédits…).

Dexia frôle la faillite en automne 2008, mais une augmentation de capital de 6,4 milliards d’euros des États français et belges sauve temporairement la banque. La charge s’avère cependant trop lourde et le retour de la récession aux États-Unis et en Europe fait s’envoler les derniers espoirs de voir la situation des créances s’améliorer. Cette fois le démantèlement est inévitable.

Le total des actifs toxiques s’élève à 120-130 milliards d’euros, ils seraient isolés et pris en charge par une structure de défaisance (une « bad bank ») chargée de liquider ces produits au fil du temps et en limitant les dégâts. Les pertes finales étant bien évidemment payées par l’État, c'est-à-dire le contribuable.

Le reste, notamment le portefeuille des prêts aux collectivités locales, serait placé dans une nouvelle banque financée par la Caisse des Dépôts et Consignations et la Banque Postale.

En serait-on quitte avec « l’affaire Dexia » ? Pas du tout car ces prêts aux collectivités posent problème : nombre d’entre eux sont en effet toxiques ! Entre effet de levier, indexation sur le franc suisse ou autre innovation financière, plusieurs de ces prêts voient leurs mensualités de remboursement exploser. Des communes ont porté plainte, mais beaucoup ont fait semblant de ne pas comprendre pour empocher le cash tout de suite et reporter la charge après les élections. Bref, ce portefeuille de prêts est miné (actions judiciaires, possible défaut d’emprunteurs). En tant qu’actionnaire principal, l’État oblige la Caisse des Dépôts et la Banque Postale à entrer dans cette galère, mais ces institutions s’en passeraient bien !

D’autre part, les États français et belges se sont portés garants de Dexia, pour rassurer les déposants et les collectivités locales. Et à ce niveau le risque est évident : le « triple A » de la France peut être remis en cause. Etant donné l’ampleur des pertes, cette possibilité existe. La France est le plus mauvais élève de cette catégorie « premium », il suffirait de peu de chose pour l’en exclure.

Dexia peut donc être le détonateur de quelque chose de très grave dans les finances de la France. Et rappelons juste que l’on ne traite ici que l’une des conséquences de la crise de 2008. Ce n’est pas à cause de la Grèce que Dexia a des problèmes… Ce dossier, qui devient de plus en plus inextricable, concerne les autres grandes banques françaises. Chacun son tour…

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