Design musical et stratégie de marque : la musique est un mystère <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Design musical et stratégie de marque : la musique est un mystère
©

Bonnes feuilles

Michaël Boumendil a œuvré pour près de 400 marques à travers le monde. En France, il est le créateur des célèbres quatre notes de la SNCF, de la musique de Renault, d’Axa comme celle de près de la moitié des marques du CAC40. A l’étranger, il travaille pour Samsung, Coca-Cola, Huggies, ou Royal Air Maroc. A travers la genèse de nombreuses identités sonores, Michael Boumendil, donne dans cet essai les clés pour aborder avec succès la question de l’exploitation musicale dans la communication des marques.Extrait de "Design musical et stratégie de marque", de Michaël Boumendil, aux éditions Eyrolles. 1/2.

Michaël Boumendil

Michaël Boumendil

Michaël Boumendil est à la fois l’un des meilleurs spécialistes français de la marque et l’un des créateurs de musique les plus diffusés de France.

On lui doit notamment la signature musicale de la SNCF, celle de Castorama ou d’Aéroport de Paris.

A l’étranger, on le connait pour son travail pour Coca-Cola ou comme compositeur de la célèbre musique des téléphones Samsung.

Voir la bio »

La musique déplace des foules parfois considérables. Les habitants de notre planète y consacrent un temps et une énergie croissants, et beaucoup d’argent. Pour quelles raisons ? La musique suscite des émotions que l’on qualifie souvent par des termes très forts. On parle de bonheur, on ressent des frissons, on peut verser des larmes. On peut bouger dans tous les sens jusqu’à l’épuisement. On peut se taire pendant de longues minutes et y voir la preuve d’un au-delà. Quel est le secret de cet objet pourtant évanescent ? La musique est partout. Elle semble indispensable, on la retrouve dans toutes les sociétés, dans toutes les religions, sur tous les territoires. Pourtant, sauf à s’y méprendre, la musique n’est pas indispensable à la survie humaine. 

À quoi donc cette musicalité permanente du monde est-elle due ? 

La musique revêt une force incroyable. C’est une passion pour un quart des jeunes (Étude Sacem « Les Français et la musique », 2011). C’est une activité de loisir quotidienne pour près de 80 % d’entre nous. C’est un point de repère, un ancrage qui permet à un individu de s’exprimer, à un groupe de se rassembler, à des inconnus de s’identifier, à des amis de passer du bon temps. C’est un indice d’échanges, un signe d’appartenance. C’est un art, sans doute. C’est indubitablement le vecteur d’une communication aux facettes multiples. 

Est-ce tout ? Sans doute pas. La question du rôle de la musique et de sa fonction a donné lieu à beaucoup de débats, à des recherches très nombreuses, à des théories multiples. D’ailleurs, les réponses dépendent largement de celui à qui l’on s’adresse pour obtenir des éléments de compréhension. Aristote y voit uniquement un « digne emploi du loisir » (La Politique, livre V), mais un loisir alors formateur de vertu. Dans son Ébauche de l’origine des espèces (essai de 1844), qui ne sera publié que postérieurement à sa mort, en 1909, Charles Darwin émet ses premières hypothèses. Dans son ouvrage phare L’Origine des espèces, où il développe sa célèbre théorie de l’évolution, Darwin évoque en toute logique la musique, car elle trouve à la fois, selon lui, son origine et sa fonction dans la sélection sexuelle des espèces. 

L’anthropologue peut aussi nous apporter une vision différenciée de la fonction musicale au sein de sociétés éloignées ou éteintes, nous parler des rites qui s’y associent. Près de deux cents ans après Darwin, les neurosciences peuvent nous parler des mécanismes en jeu dans notre cerveau lorsque l’on pratique ou que l’on écoute de la musique, et de la capacité de la musique à générer de la joie. Ces neurosciences savent désormais en mesurer l’amplitude. Daniel Levitin, dans son célèbre ouvrage De la note au cerveau, nous démontre que la musique s’empare véritablement du cerveau, qu’elle en mobilise pratiquement toute les parties, mais surtout les plus reptiliennes, les plus primitives, celles qui échappent à la raison. 

Dans une volonté de me tenir au plus près de l’enjeu actuel de la musique, en faisant donc fi d’une réflexion évolutionnaire, la fonction de communication me semble sinon unique, du moins essentielle, et s’impose à tous. 

Quelle que soit la perspective dans laquelle on se place, la musique crée du lien, un lien simple ou multiple entre la pratique et l’écoute, entre l’émetteur et le récepteur – et parfois entre l’émetteur et lui-même. Ce lien constitue tout l’enjeu de la musique. C’est ma conviction profonde ; et c’est elle notamment qui me pousse à affirmer que la musique est un langage. Ce postulat a donné lieu, lui aussi, à des études extrêmement nombreuses, et dès le XIXème siècle des scientifiques se sont interrogés sur les similitudes entre le langage et la musique. Je ne cherche pas à ce qu’une vérité scientifique vienne confirmer ma vision des choses. Il faudrait définir de façon définitive ce qu’est le langage et ce qui constitue la musique. Laissons cela à d’autres. Cependant, dans un monde de plus en plus « communicant », l’importance de l’enjeu du lien, comme celui du langage, ne peut échapper à celui qui vit dans ce système globalisé, où l’argent, la concurrence, la publicité, la pluralité des médias, des réseaux sociaux et leur omniscience nécessitent du contenu, du message et donc du langage. C’est là aussi que la musique trouve sa place. 

L’autre grand débat autour de la musique, et qui nous intéresse, porte sur sa nature. Entre les tenants du substrat biologique de la musique, qui veut que l’homme ait une prédisposition biologique voire génétique à accueillir la musique, à en faire et à la décoder, et ceux qui font primer la composante culturelle ou socioculturelle, ce débat doit nous amener à accepter cette double part, sans doute indissociable et qui fait universellement de l’homme un animal musical, que sa culture propre rend ensuite spécifique.

Extrait de "Design musical et stratégie de marque", de Michaël Boumendil, aux éditions Eyrolles. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !