Des tremblements de terre géants secouent le Groenland : les scientifiques viennent juste de comprendre pourquoi<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Groenland est un territoire grand comme trois fois la France.
Le Groenland est un territoire grand comme trois fois la France.
©Reuters

Canicule : et pendant ce temps-là...

La fonte rapide des glaciers entraîne la montée des eaux mais aussi des séismes puissants et de plus en plus réguliers. Et c'est la banquise, sa faune et sa flore qui en souffrent.

Planqué dans l'hémisphère nord, le Groenland s'apparente à une vaste banquise inerte où vivotent à peine 56 000 personnes, sur un territoire grand comme trois fois la France. Pourtant, l'île (la deuxième plus grande du monde après l'Australie) est un formidable terrain d'expérimentation pour les scientifiques qui s'intéressent au changement climatique et aux grands mouvements qui secouent la Terre. Mine de rien, entre 20 et 30 séismes sont répertoriés chaque année sur ses rivages dont certains atteignent des magnitudes impressionnantes, autour de 5 sur l'échelle de Richter et peuvent se sentir à plusieurs milliers de kilomètres. En pleine ville, de telles secousses provoqueraient pas mal de dégâts. En plein cercle polaire, c'est la banquise qui paye les pots cassés. Chaque année, des icebergs immenses se détachent des glaciers. Mais à la différence des séismes meurtriers qui alimentent l'actualité, ceux-là ne sont pas provoqués par des déplacements tectoniques.



En 2012, le documentariste américain James Balog pose ses caméras haute-définition face au glacier Ilulissat, un des plus célèbres fjords, situés au sud-ouest du territoire. Ce qu'il attend, c'est le détachement d'un morceau de la banquise, un phénomène tout à fait naturel surtout sur ce glacier très productif, mais devenu bien plus régulier ces dernières années. Et il ne va pas être déçu puisque les caméras vont capter le détachement de glace le plus important jamais filmé. "Une idée pour comprendre l'intensité de cette rupture est d'imaginer Manhattan" témoigne le cinéaste. "Tous les immeubles s'effondrent tout d'un coup." Les images sont spectaculaires. Dans un grondement sourd, une masse phénoménale de glace se brise et se disperse. Il faut dire que les glaciers du Groenland sont immenses : l'un des plus importants fait la superficie de la Bulgarie…



Ces ruptures s'accompagnent de séismes dont on comprenait mal l'origine. Une étude codirigée par l'université de Swansea (Royaume-Uni) et de Columbia (Etats-Unis) vient d'éclaircir le phénomène : ce n'est pas le tremblement de terre qui provoque la rupture du glacier mais c'est justement cette rupture qui entraîne le puissant séisme.

Pour comprendre ce qu'il se passe, les chercheurs ont modélisé l'évènement en laboratoire où plusieurs forces interviennent. La formation des icebergs ou "vêlage" existe depuis que la Terre abrite des glaciers. La neige qui tombe à leur surface finit par geler et allonge l'extrémité du glacier qui finit par céder.

C'est d'abord le haut de l'iceberg qui se détache et tombe en avant. La base bascule alors en arrière et vient pousser à la fois le glacier vers les terres mais aussi en profondeur. Une fois que l'iceberg s'est totalement détaché, la force emmagasinée est brutalement relâchée. Et comme les masses et les superficies de glace dont on parle atteignent celles de véritables villes, le tremblement de terre est inévitable et dévastateur. Sans compter que le déplacement d'eau peut provoquer de véritables tsunamis.



Encore une fois, le phénomène est un processus naturel et l'apparition des icebergs est documentée depuis plus d'un siècle. Sauf que le changement climatique n'était pas forcément prévu. Une étude allemande, publiée en août 2014 dans la revue The Cryosphere, affirme que le Groenland a perdu 375 milliards de tonnes de glace entre 2011 et 2014. Faute d'une température suffisamment froide, les icebergs fondent au lieu de se maintenir à l'état de glace.

Et comme un glaçon, c'est lorsque celui fond que le niveau grimpe en flèche. Selon les spécialistes, le chiffre est d'ailleurs trop important, dans une période aussi courte, pour penser qu'il s'agit d'un simple événement transitoire. D'ici plusieurs siècles, les glaciers du Groenland auront probablement disparus. Selon le Washington Post, la masse d'eau rejetée entrainera une montée des océans de 6 mètres, de quoi recouvrir la quasi-totalité des Pays-Bas ou une bonne partie de l'Asie du sud-est. D'ici là, la terre du Groenland va continuer de trembler. Et ce n'est pas une bonne nouvelle.

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