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Des scientifiques vont élever des cornes de rhinocéros en laboratoires pour mettre fin au braconnage
©Reuters

Corne du trafic

Afin de lutter contre le braconnage des rhinocéros, dont les cornes sont très convoitées, une équipe de scientifique songe à en produire en laboratoire afin de saturer le marché et de détourner les trafiquants de ces espèces menacées.

Le rhinocéros est l'un des animaux les plus braconnés au monde. En Afrique, le commerce illégal de cornes de rhinocéros vers l'Asie est considéré comme plus rentable que celui de l'or, des diamants ou même de la drogue. Il faut dire qu'en Extrême-Orient, ces fameuses cornes sont très convoitées. Elles sont utilisées pour confectionner toutes sortes d'objets d'art et de fausses vertus médicinales leur sont conférées, notamment pour augmenter la libido – mythe inspiré de la spectaculaire endurance sexuelle de l'animal, dont les rapports durent souvent plus d'une demi-heure. C'est simple : en Chine, le kilogramme de corne de rhinocéros peut se vendre au prix de 70 000 dollars (soit 63 000 euros), soit plus cher encore que la cocaïne.

Cornes artificielles mais biologiquement identiques

Pour lutter contre le braconnage, une équipe de scientifiques pensent peut-être avoir la solution : fabriquer des cornes de rhinocéros biologiquement identiques en laboratoire, rapporte le site Quartz. Les premières cornes pourraient être prêtes d'ici deux ans. "Plus tôt cette année (2016, ndlr), nous avons produit quelques prototypes fidèles à l'apparence de la corne de rhinocéros. Nous travaillons maintenant à les rendre biologiquement identiques à celles portées par les rhinocéros",explique  à la BBC Matthew Markus, le scientifique en charge de ce projet et directeur du laboratoire Pembient basé à Seattle (États-Unis).

Cette culture de cornes ne se passe pas dans les boîtes de pétri habituellement utilisées dans le secteur de la biogénèse. Ici, nul besoin de se faire multiplier les cellules. La kératine, composé principal des cornes avec l'ivoire, est réduit en poudre et ensuite utilisé comme matériau par une imprimante 3D, qui va ensuite reconstituer la corne. Cette dernière n'a donc pas poussé sur le nez d'un rhinocéros, mais reste biologiquement identique. Et l'entreprise ne compte pas s'arrêter là : les scientifiques prévoient de décliner ce procédé pour imprimer des défenses d'éléphants et des écailles de pangolinl'animal le plus braconné au monde – et ainsi participer à la préservation de ces espèces menacées par le braconnage. Toutefois, certaines associations environnementales craignent que la production de cornes de rhinocéros ne fasse que populariser son utilisation encore davantage, et indirectement, le braconnage de l'animal.

Des actes barbares réprimés

Il faut dire qu'au-delà du meurtre de ces animaux, les pratiques de braconnage sont particulièrement sanglantes. Les braconniers n'hésitent pas à aller arracher les cornes du nez des rhinocéros à coups de machette. Le plus souvent, l'animal meurt des suites de ses blessures, défiguré par cet acte barbare. Aujourd'hui, le rhinocéros noir, que l'on trouve au sud-est de l'Afrique, et de manière plus clairsemée en Afrique subsaharienne et en Afrique du Sud, est en danger critique d'extinction selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). À ce rythme-là, on estime leur extinction complète d'ici 20 ans. Pour mettre fin au calvaire de ces animaux, de nombreuses méthodes ont été testées : l'empoisonnement de la corne afin de la rendre inutilisable, la légalisation du trafic pour favoriser des méthodes d'ablation moins barbares et limiter le marché noir, le décornage volontaire des rhinocéros pour priver les braconniers de leur joyau recherché ou enfin le strict contrôle de rangers dépêchés dans la savane par les gouvernements pour réprimer tout acte de braconnage. En Afrique du Sud, où les rhinocéros (de toutes espèces) sont les plus nombreux, quelques 1 215 spécimens ont été tués en 2014, un record.

Heureusement, ces efforts contre le braconnage ne sont pas vains. En 2015, le nombre d'incidents est en baisse pour la première fois depuis les années 2000, comme en atteste ce graphique :

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