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Des dérogations environnementales en Europe sont l’une des causes de sa crise laitière
©A.J. - Wikiagri

Agriculture

Une étude purement économique sans parti pris réalisée récemment par l’institut de l’élevage a mis en lumière les gains de productivité obtenus par les éleveurs laitiers des pays profitant de dérogations quant à leurs mises aux normes environnementales.

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Source : article de Frédéric Hénin paru sur WikiAgri

Les Pays-Bas d’abord, puis l’Irlande ensuite, ainsi que quelques pays scandinaves ont bénéficié au fil des années de dérogations à une directive européenne en faveur de l’environnement, la « directive nitrates ». Elle concerne la protection des eaux contre la pollution par les nitrates utilisés en agriculture. C’est très précis, elle comporte des taux à ne pas dépasser, lesquels impliquent, en particulier pour l’élevage, des normes environnementales à respecter, donc très souvent des mises aux normes des structures d’accueil des animaux, particulièrement coûteuses.

Or ce sont justement ces coûts qui sont en cause. Grâce à des dérogations sur les taux de pollution acceptés, les éleveurs des Pays-Bas d’abord puis des autres pays cités plus haut ont pu poursuivre des productions très importantes de lait en acceptant des prix bas, puisqu’ils conservaient malgré tout une marge, sans être obligés de la « réinvestir » dans les mises aux normes. En d’autres termes, lorsque les quotas laitiers ont été arrêtés en Europe (en avril 2015), ces pays ont pu produire largement plus même en considérant la baisse mondiale des prix. Parallèlement, l’Allemagne pouvait suivre ce mouvement pour une autre raison, son coût du travail plus bas. Mais des pays comme la France, ayant lancé toutes les mises aux normes réclamées et n’ayant pas les facultés allemandes à compenser par le coût du travail, se sont retrouvés piégés : c’est l’une des explications de la crise du lait en Europe. Le coût de revient de la production d’une tonne de lait n’était plus comparable selon les pays...

Car ce n’est que lorsque les prix sont devenus si bas que même les éleveurs irlandais n’ont pas pu suivre, que l’Union européenne a commencé à revoir sa copie avec une baisse de la production laitière. Au passage, le rôle du commissaire européen à l’agriculture, l’Irlandais Phil Hogan, semble équivoque par rapport à sa propre nation, ayant accédé aux mêmes dérogations que les Pays-Bas dans un premier temps, là où il eut été bien plus judicieux pour l’ensemble de l’Europe de cesser les dérogations en question.

Le coût du travail ne dépend pas de directives européennes, mais reste l’apanage des nations. En revanche, les clauses environnementales sont, elles, décidées au niveau européen. Il y a donc eu un dysfonctionnement majeur à l’intérieur même de l’Europe, avec une distorsion de concurrence interne, à l’origine de la crise laitière. Ou plus exactement, comme l’un des facteurs qui l’a accentuée, puisque cette crise à la base vient à l’origine des cours mondiaux et du fait que nos éleveurs aient vu leurs prix indexés aux échanges là où ils sont le plus fréquents, c’est-à-dire entre la Nouvelle-Zélande et la Chine...

En d’autres termes, aujourd’hui, lorsque l’on parle d’environnement, c’est aussi d’économie que l’on parle, et il faut donc particulièrement veiller à ce que tous les pays avancent en même temps et au même rythme, faute de quoi la crise n’est pas loin...

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