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Dernière liquidation de l’industrie : pourquoi Alstom n’était pas une entreprise française comme les autres
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Bonnes feuilles

Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? Pourquoi n’a-t-on pas négocié un accord équilibré ? Pourquoi l’État n’a-t-il rien vu venir ? Quel rôle ont joué les deux ministres, Montebourg, puis Macron ? Oui, il y a bien une affaire Alstom. Jean-Michel Quatrepoint mène une enquête serrée autour de ce dossier. Il raconte la nouvelle stratégie des États-Unis pour faire main basse sur les fleurons industriels européens, et français en particulier. Notre classe dirigeante se révèle impuissante à faire prévaloir les intérêts du pays. Extrait de "Alstom, scandale d'État", de Jean-Michel Quatrepoint, publié chez Fayard (1/2).

Jean-Michel  Quatrepoint

Jean-Michel Quatrepoint

Jean-Michel Quatrepoint est journaliste. Après onze ans passés au Monde, il a dirigé les rédactions de l’Agefi, de la Tribune et du Nouvel Economiste. Il a été pendant quinze ans le patron de La Lettre A. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont La Crise globale (Mille et une nuits, 2008) et Le Choc des empires (Gallimard, 2014).

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Alstom n’est pas une entreprise comme les autres. Elle fait partie du patrimoine national et a permis à la France de démontrer, pendant plus de cinquante ans, sa compétence sur l’ensemble de la filière électrique qu’elle équipe, notamment en turbines. Présent sur toutes les technologies (charbon, gaz, fuel, nucléaire, mais aussi hydraulique, éolien, géothermie, biomasse, solaire, c’est- à-dire dans l’électricité « propre »), numéro un mondial pour l’hydraulique, Alstom est également le leader incontesté dans la fabrication des turbines de l’îlot conventionnel des centrales nucléaires. Ayant installé cent soixante- dix-huit turbines, il couvre 30 % de l’équipement en turbines du parc nucléaire mondial. Sa dernière-née, Arabelle, est l’une des turbines les plus fiables au monde. Elle équipe les futurs EPR. Alstom assure la maintenance des cinquante-huit centrales nucléaires françaises et de sept à l’étranger. Enfin, sa filiale Alstom Grid, spécialisée dans le transport d’électricité, est un des trois leaders mondiaux, à côté du groupe helvético-suédois ABB et de l’allemand Siemens. Les smart grids – expression anglo-saxonne qui désigne les réseaux électriques « intelligents » – optimisent production, distribution et consommation par le calcul informatique permanent ; ils sont au cœur des développements énergétiques du futur, promettant des gains énergétiques importants. À l’avenir, le consommateur final obtiendra la même quantité d’énergie avec une production moindre.

>>>>> A lire également : Pourquoi la vente à la sauvette d’Alstom est bien une véritable affaire d’État

Alstom est un des acteurs incontournables de la transition énergétique, ce qui fait du groupe l’un des piliers de l’activité économique au XXIe siècle. Si l’industrie française ne possédait plus d’acteur majeur dans le secteur électrique, ce serait pour notre pays un véritable déclassement. Or, la cession du secteur énergie d’Alstom signe l’abandon de ce métier. Si la France est encore aujourd’hui la cinquième puissance mondiale, c’est aussi parce qu’elle occupe de fortes positions dans quelques grands secteurs industriels majeurs : de l’aéronautique à la défense en passant par l’énergie, le nucléaire et le matériel électrique. Ne plus maîtriser directement cette filière, c’est non seulement se fermer des contrats à l’exportation, mais condamner d’autres industriels français à devoir quémander des autorisations d’achat de matériel à un groupe étranger… qui n’aura peut- être pas, ou plus, les mêmes intérêts que nous.

Dans la concurrence économique mondiale, ne pas être maître de sa filière énergétique va être un rude handicap. Voilà pourquoi la vente, à la sauvette, d’Alstom est une affaire d’État. Et les conditions de cette cession un scandale d’État. Car il était possible de faire autrement, voire de négocier des accords plus équilibrés.

Extrait de "Alstom, scandale d'État", de Jean-Michel Quatrepoint, publié chez Fayard, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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