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Départementales : l’effet "domino" des municipales a joué à plein.
Départementales : l’effet "domino" des municipales a joué à plein.
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Note Ifop pour Atlantico

Une note Ifop montre que bien qu’il s’agisse d’un scrutin local, la large victoire de la droite et du centre aux élections départementales peut être analysée comme la résultante d’un puissant vote-sanction contre la politique menée par François Hollande.

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L'Ifop est un institut de sondages d'opinion et d'études marketing.

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La dimension nationale de ce scrutin a certes été déterminante comme dans toute élection intermédiaire, mais on peut aussi se demander si, localement, la défaite de la gauche n’a pas été encore amplifiée par un « effet-domino » consécutif à la perte de nombreuses mairies il y a un an.

1.    A la suite des municipales, un effet domino favorable à la droite.

On constate en effet - quand on analyse les résultats commune par commune - que d’une manière générale, la gauche est parvenue à conserver une majorité de cantons dans les villes qu’elle avait gardées aux dernières élections municipales et, qu’inversement, les victoires de la droite dans certaines villes en mars 2014 ont été suivies par d’autres victoires aux départementales cette année. C’est le cas notamment dans le Grand Ouest. Comme le montre le tableau suivant, le bilan de la droite est extrêmement maigre avec au mieux un canton gagné dans les bastions de gauche que restent Le Mans, Nantes, Rennes, Brest ou Poitiers.

A Nantes et au Mans où sept cantons étaient en jeu, la droite n’en remporte qu’un seul au Mans et aucun à Nantes. La très bonne résistance de Nantes et plus largement de son agglomération a d’ailleurs permis à la gauche de sauver de justesse le Conseil général de Loire-Atlantique (à un canton près) quand la droite raflait quasiment tous les cantons ruraux et péri-urbains. Mais, toujours dans cette région, la droite a à l’inverse poussé son avantage et remporté de nombreux cantons dans les villes conquises l’an dernier : 3 sur 3 à Evreux, 3 sur 4 à Tours, 2 sur 3 à Laval (Guillaume Garot, l’ancien maire, s’imposant à Laval-3 avec 55,9% des voix) et avec un ratio un peu moins bon à Angers, 3 sur 7 (mais à comparer avec les 0 sur 7 de Nantes et 1 sur 7 du Mans).

On retrouve le même phénomène dans le Grand Sud-Ouest avec une moisson très consistante pour la droite et le centre à Pau, conquise par François Bayrou l’an dernier (3 cantons sur 4), Angoulême (2 sur 3)  ou bien encore à Niort, qui avait basculé à droite dès le premier tour à la surprise générale et qui confirme ce basculement un an après avec 2 cantons sur 3 pour l’alliance Modem-UDI-UMP. A l’inverse, Poitiers qui était demeurée fidèle à la gauche aux municipales résiste de nouveau à la vague bleue avec seulement 1 canton sur 5 à droite. Toulouse, quant à elle, se trouve dans une situation intermédiaire avec seulement 3 cantons sur 11 à droite. Tout se passe comme si Jean-Luc Moudenc n’était pas parvenu à transformer l’essai des municipales et comme si la capacité de résistance de la gauche demeurait puissante dans la ville rose.

On observe un phénomène similaire à Amiens qui, bien qu’ayant basculé à droite, n’a offert que 2 de ses 7 cantons à la droite et au centre. Mais Amiens fait figure d’exception dans le Grand Nord-Est car on constate dans toutes les autres grandes villes une correspondance très nette entre le résultat des municipales et le ratio de cantons remportés par la droite cette année.

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L’existence d’un « effet domino » consécutif aux municipales semble se confirmer également lorsque l’on observe le vaste agrégat : Bourgogne, Massif-Central, Rhône-Alpes. Clermont-Ferrand maintient sa fidélité à la gauche comme aux municipales avec aucun de ses 6 cantons concédés à la droite quand cette dernière a continué sur sa lancée de l’année dernière en remportant une majorité de cantons (ou quasi-majorité pour Limoges) dans les villes qu’elle avait conquises aux municipales.

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A Valence, la droite remporte 3 cantons  sur 4 et Nicolas Daragon, le nouveau maire UMP, s’impose avec 73% des voix dans le canton de Valence-3. A Chambéry, la droite rate de peu le grand chelem puisque, Thierry Repentin, figure locale du PS, ne sauve que d’un cheveu le canton le Chambéry-1 avec 9 voix d’avance, les deux autres cantons étant gagnés par la droite.

2.    Les gauches ont également bénéficié d’un effet d’entraînement dans certaines villes.

Mécaniquement, « l’effet domino » a essentiellement profité à la droite aux départementales puisque c’est ce camp qui avait remporté haut la main les municipales l’année dernière. Mais il est intéressant de constater que les gauches en ont aussi bénéficié dans les villes qu’elles avaient conquises ou dans lesquelles des listes dissidentes avaient évincé le PS.

Ainsi, à Avignon, quasiment seule grande ville ayant basculé de droite à gauche au printemps dernier, les gauches rassemblées remportent les trois cantons de la ville. Il s’agit certes de victoires en duel face au FN, sans doute obtenues grâce à l’apport d’une frange des voix de droite, mais force est de constater que la gauche avignonnaise, dans un contexte national très difficile, a su devancer la droite au 1er tour et a ainsi pu confirmer la dynamique enclenchée aux municipales. La large union pratiquée dès le premier tour (PS, Front de Gauche et Verts partant ensemble dans les trois cantons) face à une droite très divisée a manifestement contribué à cette victoire d’une gauche arc-en-ciel. Le PS a gagné le canton d’Avignon-1, les Verts celui d’Avignon-2 et le Front de Gauche celui d’Avignon-3.

Si le PS a perdu de très nombreuses communes au profit de la droite en mars 2014, deux grandes villes, Montpellier et Grenoble, lui ont été ravies par des listes de gauche concurrentes. Le divers Gauche Philippe Saurel s’est ainsi emparé de la capitale languedocienne sur fond de rivalités post-frechistes et à Grenoble, Eric Piolle, à la tête d’une coalition mêlant écologistes, membres du Parti de Gauche, associatifs et représentants de collectifs citoyens, s’est imposé face au PS.

Or, dans les deux cas, ces tremblements de terre locaux ont connu une réplique un an après, lors des élections départementales. Soucieux d’affirmer son emprise sur son territoire et de peser au Conseil général, Philippe Saurel a présenté face à la gauche « officielle » des binômes dans 5 des 6 cantons montpelliérains. Fort de la dynamique enclenchée lors des municipales et des faiblesses d’un appareil socialiste ayant du mal à se renouveler après l’ère Frêche, 4 de ces 5 binômes sont parvenus au premier tour à coiffer au poteau les binômes socialistes dans les cantons de Montpellier-1, Montpellier-3 et Montpellier-4 ou à arriver en tête de la gauche à Montpellier-5, où le PS, le Front de Gauche et les Verts partaient chacun sous leurs couleurs. Et dans le canton de Montpellier-2, le binôme « saurelien » a raté de peu la qualification avec 20% contre 23,4% pour le PS.

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Cette pole position au sein de la gauche dans 4 cantons sur 5 au premier tour a permis aux candidats soutenus par le maire d’accéder au second tour, où, comme en Avignon, la gauche qu’ils représentaient l’a ensuite largement emporté contre le FN.

Aux municipales, la victoire de la coalition rouge et verte à Grenoble avait nourri de nombreux espoirs à la « gauche de la gauche » qui voulait renouveler cet exploit aux départementales et l’amplifier à l’échelle du département. A cette fin, le « Rassemblement » (regroupant les mêmes forces qu’aux municipales) présenta des binômes dans pas moins de 23 cantons isériens sur 29 et bien évidemment dans les 4 cantons grenoblois.

Or, ici aussi, « l’effet-domino » a en partie fonctionné dans la mesure où le « Rassemblement » a devancé l’union de la gauche (PS+PC) au premier tour dans les cantons de Grenoble-1 et Grenoble-3 (il en va de même dans la partie grenobloise du canton de Grenoble-2, le rassemblement y obtenant 33,3% contre 25,3% pour l’union de la gauche, cette dernière reprenant l’ascendant dans les autres communes intégrées dans ce canton) et s’est qualifié pour le second tour face à la gauche dans le canton de Grenoble-4.

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Au second tour, le « Rassemblement » l’emporte face à la gauche « officielle » dans les cantons de Grenoble-1 et Grenoble-3 et échoue de peu dans celui de Grenoble-4. « L’effet-domino » a donc partiellement fonctionné à Grenoble et la gauche « alternative » y a consolidé ses positions. En revanche, il est intéressant de constater que cette dynamique a vu ses effets s’arrêter aux portes de la ville, puisque sur les 23 cantons où le « Rassemblement » était engagé, il n’a devancé la gauche « officielle » que dans deux cantons (tous situés à Grenoble). Ce mouvement ne s’est donc pas propagé à l’ensemble du département comme le souhaitaient ses promoteurs même si des scores significatifs ont été  enregistrés dans l’agglomération grenobloise et dans le sud du département : 16% à Matheysine-Trèves, 15,7% à Echirolles-Eybens ou bien encore 15,5% et 15,3% dans les cantons du Moyen et du Haut Grésivaudan.

3- Le FN poursuit son implantation locale.

Lors des municipales, le FN était parvenu à conquérir dix villes (dont Béziers remporté par Robert Ménard, soutenu par le FN). Ces conquêtes marquaient la volonté d’implantation locale manifestée par Marine Le Pen. Les élections départementales étaient également pour le parti frontiste une nouvelle occasion de consolider et de développer son maillage territorial. Dans ce contexte, il est intéressant d’observer les performances des candidats frontistes dans les villes que ce parti avait conquises un an plus tôt. Même si le bilan est contrasté, on constate comme le montre le tableau suivant que dans 6 cas sur 10, le FN a fait basculer à son profil le ou les cantons qui englobaient les communes conquises.

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Et parmi les quatre autres cas, le FN ne remporte pas le canton mais il est en tête au second tour dans la commune à Hayange, à Cogolin et au Luc. Il n’y a qu’à Mantes-la-Ville, conquise de justesse, et à la faveur d’une triangulaire l’année dernière, que le binôme frontiste, composé notamment du Maire Cyril Nauth, est battu.

L’effet domino a donc également fonctionné pour le FN qui, à l’instar des autres partis, peut capitaliser sur la notabilisation de ses élus et la dynamique créée par une victoire pour asseoir sa domination sur des villes, voire sur des territoires plus vastes. On constate en effet que le FN arrive en tête dans le chef-lieu de canton mais également dans de nombreuses communes voisines. Hormis le chef-lieu de canton, il est ainsi en tête au second tour dans 6 communes sur 6 du canton de Beaucaire, dans 4 sur 4 de celui du Pontet, dans 14 sur 15 des cantons de Béziers et dans 35 des 75 petites communes que compte le canton de Villers-Cotterêts. Dans le bassin minier du Pas-de-Calais, l’influence du marinisme rayonne encore plus largement, puisqu’en plus des deux cantons héninois, les cantons voisins de Lens, Wingles et Harnes sont également tombés dans l’escarcelle du FN.

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