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Match nul pour un débat fait 
de chiffres - qu'on ne retiendra pas - 
et d'un vrai choc des personnalités
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Le débat de l'entre deux tours entre Nicolas Sarkozy et François hollande vu par Christian Delporte, historien spécialiste de la communication politique.

Christian Delporte

Christian Delporte

Christian Delporte est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Versailles Saint-Quentin et directeur du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines. Il dirige également la revue Le Temps des médias.

Son dernier livre est intitulé Les grands débats politiques : ces émissions qui on fait l'opinion (Flammarion, 2012).

Il est par ailleurs Président de la Société pour l’histoire des médias et directeur de la revue Le Temps des médias. A son actif plusieurs ouvrages, dont Une histoire de la langue de bois (Flammarion, 2009), Dictionnaire d’histoire culturelle de la France contemporaine (avec Jean-François Sirinelli et Jean-Yves Mollier, PUF, 2010), et Les grands débats politiques : ces émissions qui ont fait l'opinion (Flammarion, 2012).

 

Son dernier livre est intitulé "Come back, ou l'art de revenir en politique" (Flammarion, 2014).

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Atlantico : Qu’avez-vous pensé du débat sur la forme ?

Christian Delporte : Il faut commencer par essayer de comprendre les enjeux du débat avant de parler de la forme. D’un côté, il y a Hollande, favori des sondages et de l’autre Sarkozy, favori du débat. Si je m’en tiens à ce que j’ai vu, je dirais qu’on a au moins un match nul. Sarkozy a été tenace, combatif comme on l’attendait, et Hollande a résisté aux attaques de Sarkozy. Je suis frappé par le fait que les échanges ont été fondamentaux dans les premiers quarts d’heure. C’est rare dans un débat, surtout pour un débat qui a duré presque trois heures. C’est l’une des différences avec les autres débats. Il a été le plus long. On a connu des débats d’une heure et demie, en 1974 ou 1981, d’autres de deux heures, mais de trois heures jamais.

On peut avoir eu l’impression d’être assommé par les chiffres, pourtant je ne crois pas qu’il y en ait eu plus que dans les précédents débats. C’est juste qu’ils sont arrivés très tôt, bien plus tôt que d’habitude. Mais on est toujours dans une bataille de chiffres. Ce qui est amusant, c’est que de manière générale, on retient très les peu les chiffres, les propositions qui ont été dîtes, les projets dans un débat. Par exemple ce soir, on retiendra surtout le choc des personnalités.

Qu’avez-vous retenu d’autres ?

Je retiendrais de ce débat l’impression d’un match nul. L’enjeu pour Hollande était de résister aux attaques et pour Sarkozy de marquer des points. Je pense que chaque camp doit être satisfait, et donc le match est nul !

J’ajouterai également que le premier quart d’heure m’a semblé être une sorte de match d’intimidation où chacun essayait de se positionner. Normalement, ça arrive plutôt au-delà de la demi-heure. On a l’habitude de voir des débats où chacun y va très mollement, prudemment. Là, c’est parti de manière très rude au départ, bien plus que par la suite.

Dans un débat de ce type, on parle aux Français mais surtout à son électorat. Chacun a voulu séduire son électorat respectif. Je suis sûr que ce soir les partisans de Hollande sont fiers de leur champion, et ceux de Sarkozy du leur. Ça se passe toujours comme cela. On est à un moment de cristallisation de l’électorat où chacun se reconnaît dans ce que va dire le débatteur pendant le débat.

Quels ont été les moments forts du débat ?

Il y a deux moments clefs selon moi. L’échange de Hollande qui dit à Sarkozy quelque chose comme « vous êtes toujours content de vous », et qui relève vraiment de la petite phrase. L’autre moment fort a été l’échange assez musclé sur l’immigration lors duquel Hollande a marqué des points avec sa petite phrase dans un premier temps (ndlr : "Pourquoi laissez-vous vous laissez supposez que les étrangers qui voteraient sur le territoire, sont des musulmans ?") et Sarkozy des points sur l’immigration compte tenu de la cible qu’il visait. "ndlr : "Nous avons accueilli trop de monde, il faut donc réduire le nombre de ceux que nous devons accueillir, pas parce que nous les aimons pas.")

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