Débat LR : ni Le Pen ni Macron…mais comment ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Eric Ciotti, Bruno Retailleau et Aurélien Pradié avant le débat sur LCI, à Boulogne-Billancourt le 21 novembre
Eric Ciotti, Bruno Retailleau et Aurélien Pradié avant le débat sur LCI, à Boulogne-Billancourt le 21 novembre
©Christophe Archambault / AFP

Présidence de LR

Les trois candidats à la présidence de LR (Les Républicains) étaient réunis sur le plateau de LCI ce lundi soir pour l’unique débat de la campagne partisane. Nul besoin d’écriture inclusive, les « compétiteurs »- comme ils se nomment, sont des hommes. Un débat d’une heure trente, marqué par quelques piques, mais sans accrochage. Ils ont chacun réaffirmé que LR ce qui doit être la spécificité de LR : ni alliance avec Macron, (- comme le préconise Nicolas Sarkozy), ni avec Le Pen,(- comme l’auraient souhaité une frange de leur électorat). Ils revendiquent la (re)construction d’une droite « claire », mais pas « ringarde »…

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Les troupes ont beau s’être réduites comme peau de chagrin, (-le parti LR ne compte plus  que 91.000 adhérents à jour de cotisation pour élire leur futur chef le 5 décembre prochain, et le parti a perdu dix millions d’électeurs ), les trois candidats en lice affichent une ambition et une détermination sans faille : chacun veut incarner celui qui redonnera au parti  le lustre, l’attractivité et la puissance nécessaires pour  tenir à nouveau les rênes de la France, et l’aider à sortir du « déclin » …en 2027. Mais cette intransigeance est toute théorique, car au quotidien, les Républicains servent bel et bien de béquille au gouvernement lorsqu’ils s’abstiennent de s’agit de voter ou non les motions de censure déposées par les Insoumis ou le Rassemblement National, ou votent en faveur d’un texte gouvernemental pour lequel ils ont obtenu des modifications. Mais chuuuut….

Tournés vers l’avenir,  le député des Alpes Maritimes Eric Ciotti, candidat malheureux à la primaire présidentielle, le sénateur de Vendée Bruno Retailleau, président du groupe LR, majoritaire au Sénat,  et le député du Lot Aurélien Pradié, candidat du Renouveau version 2022, le seul qui a arraché une circonscription à la gauche en 2017 , et qui l’ a conservé aux dernières législatives, veulent chacun à sa manière, revivifier le vieux parti de la droite républicaine, et se frayer un chemin entre le macronisme et le lepénisme, en revendiquant une droite « claire , sans ambiguïté », qui « assume ses convictions ». Aurélien Pradié voudrait aller plus loin encore et « tourner la page Sarkozy ». Un peu à la manière de Jacques Chirac qui avait mué la vieille UDR en RPR, et écarté à l’époque « les barons du gaullisme », à la hussarde et sans prévenir, en 1975… En 2022, Bruno Retailleau est plus pragmatique : « Il faudra changer de nom, je crois que la marque est morte ». 

Les trois concurrents ont le verbe haut ;ils sont unanimes pour s’en prendre à la politique migratoire d’Emmanuel  Macron et n’ont pas de mots assez durs contre le chef de l’Etat qui a pris la décision d’ accueillir l’Ocean Viking à Toulon, après le refus catégorique du nouveau gouvernement italien. Eric Ciotti, très en pointe sur la problématique, dénonce « C’est Italie 1-France 0 », s’exclame-t-il et ajoute : « Je dis très clairement : aucun droit pour les clandestins, ni logement, ni allocations, ni école. C'est un délit de rentrer illégalement sur le territoire national ». Bruno Retailleau renchérit : « ce n'est pas raciste de vouloir faire retourner les clandestins chez eux ». Aurélien Pradié nuance légèrement au nom de «  l’urgence humanitaire» …

Au quotidien l’intransigeance affichée trouve ses limites. Que faire lorsque Emmanuel Macron veut faire voter la réforme des retraites… qui est au programme de LR ? Impossible de se renier, concèdent Ciotti et Retailleau qui sont favorables pour porter l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. Aurélien Pradié y est opposé car les recettes dégagées par l’allongement ne sont pas destinées à financer les retraites, mais d’autres prestations sociales : « Je ne ferai pas la courte échelle à Emmanuel Macron sur la réforme des retraites au moment où nous voulons clarifier nos positions politiques. C'est peut-être le moment de ne pas servir la soupe à Emmanuel Macron», lance-t-il, résumant tout le paradoxe du positionnement de LR. L’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution est un autre sujet piégeux : « Nous n'avons aucun inconvénient à inscrire les principes de la loi Veil dans la Constitution seulement les principes, ni plus ni moins…La droite ne peut pas être ringarde. Elle doit être en phase aussi avec la société », avance Eric Ciotti. Pour Bruno Retailleau c’est « non » car la loi Veil n’est pas remise en cause: « c'est un débat que l'extrême gauche est en train d'importer des États-Unis». Ils se retrouvent sur le renforcement de l’énergie nucléaire pour lutter contre le réchauffement climatique, mais Aurélien Pradié reproche à Bruno Retailleau le vote favorable du groupe LR  du Sénat à la loi sur les économies d’énergie qui arrive prochainement à l’Assemblée, car elle prévoit l’implantation massive d’éoliennes…Ils cherchent la pierre philosophale pour répondre au défi climatique …

Qui de Bruno Retailleau, Eric Ciotti ou Aurélien Pradié pour diriger demain le parti «  Les Républicains » ? Tous les trois affirment ne pas porter d’ambition pour eux-mêmes . Aurélien Pradié, tout en se posant en homme de la relève,  affirme qu’il n’est pas candidat à l’élection présidentielle. Eric Ciotti a déjà « son » candidat: le président de la région Auvergne-Rhone-Alpes , Laurent Wauquiez qui lui a apporté son soutien, mais s’est bien gardé de parler de 2027…Bruno Retailleau avance qu’avant tout « on a un énorme travail de reconstruction à faire ». Les Républicains qui ont beaucoup varié dans le mode de désignation de leur candidat à l’élection présidentielle, sont revenus de la primaire, ouverte ou fermée. Avant de connaître le nom de celui ou celle qui concourra en 2027, LR va devoir franchir l‘obstacle des européennes en 2024… Jean-Pierre Raffarin qui s’est éloigné de sa famille politique disait «  la route est droite ,mais la pente est forte ». Aujourd’hui pour LR qui manque de clarté idéologique, la route n’est pas droite , et la pente est raide …

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