De plus en plus de cancers du côlon frappent les jeunes adultes et voilà pourquoi<!-- --> | Atlantico.fr
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Les techniques de dépistage du cancer colorectal sont de plus en plus performantes.
Les techniques de dépistage du cancer colorectal sont de plus en plus performantes.
©DR / Capture d'écran / CH de Tarbes

Dépistage

Selon une récente étude, les personnes âgées ne sont plus les seules personnes concernées par le cancer du côlon. Les raisons sont multifactorielles.

Alain Toledano

Alain Toledano

Le Dr Alain Toledano est cancérologue radiothérapeute au centre de radiothérapie Hartmann, Spécialiste du cancer et des modalités thérapeutiques modernes et Directeur chaire Santé Intégrative, Conservatoire National Arts & Métiers

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Atlantico : Alors que le cancer du côlon touchait le plus les adultes de plus de 50 ans, une étude récente montre que les jeunes adultes américains qui contractent ce cancer sont 9 points de pourcentage de plus qu’en 2020, est-ce la même chose en France, quels sont les chiffres ?

Alain Toledano : Nous observons une tendance similaire en France. Le profil des cancers évolue dans le temps. 

Certes il y a une part de génétique et des familles à risque mais la grande majorité des cancers colorectaux dépendentde facteurs environnementaux et comportementaux dits modifiables. Ainsi, 56% des cancers colorectaux sont évitables chez l’homme et ce chiffre s’élève à 40% chez les femmes.

Plus généralement, nous savons que 40% des cancers sont évitables si l’on travaille sur les nos modes de vie tels que la consommation de tabac et d’alcool, l’activité physique, l’alimentation et le surpoids. D’autres déterminantsenvironnementaux comme les perturbateurs endocrinienspeuvent également jouer un rôle. 

L’activité physique insuffisante, ainsi que les comportements sédentaires, participent au surpoids et à l’obésité qui sont clairement identifiés comme des facteurs de risque des cancers du côlon mais aussi du sein.

Notons que des travaux de recherche sont en cours pour comprendre le lien entre un déséquilibre au niveau de la microbiote intestinal, aussi appelé « dysbiose », et le cancer du côlon. D’ailleurs, des études sont actuellement réalisées afin de comprendre quel pourrait être l’impact sur le microbiote intestinal des enfants nés par césarienne.

Quelles sont les raisons de cette soudaine augmentation du cancer du côlon ?

Les raisons sont multifactorielles. 

Aujourd’hui, un Français sur deux est en situation de surpoids ou d’obésité, or nous savons que c’est un facteur de risque de plusieurs types de cancers.

D’autres paramètres sont en revanche plus difficiles à mesurer. Si nous prenons l’exemple du cancer du sein, certaines études montrent un lien avec la pollution de l’air. Ce qui est certain c’est que l’environnement, au sens large, dans lequel nous évoluons joue un rôle majeur.

La prévention est donc un enjeu majeur dans la lutte contre les cancers.

Comment inverser la tendance pour les générations futures, quelles sont les habitudes à adopter ou à quitter ?

Les mesures de prévention ainsi qu’une politique dedépistage efficiente peuvent aider à limiter les cancers.   

Alors que le cancer colorectal est la deuxième cause de mortalité par cancer en France, son dépistage doit être amélioré. Le dépistage permet de diagnostiquer le cancer le plus tôt possible et donc de mieux le guérir.

Les programmes de prévention permettent également de faire évoluer les comportements. 

Des actions peuvent être mises en place dans la vie quotidienne : l’arrêt du tabagisme, une consommation d’alcool modérée, une alimentation équilibrée et le maintien d’un poids de forme. La qualité de l’alimentation est aussi très importante. Évitons l’excès de produits ultra-transformés. Une consommation excessive de charcuterie et de viande rouge augmente le risque de cancer colorectal.

Enfin, l’activité physique est un facteur protecteur du cancer du côlon tout comme une alimentation riche en fruits et légumes.

Pourquoi les cancers colorectaux sont-ils plus agressifs chez les jeunes ?

Comme pour la grande majorité des cancers, l’âge est un facteur important du cancer colorectal. 94 % des cancers colorectaux se manifestent chez les personnes de plus de 50 ans.

Chez les sujets jeunes, le cancer tend à se développer plus rapidement mais les taux de guérison peuvent aussi être importants suivant les caractéristiques de la maladie.

Les causes de décès ne sont pas toujours les mêmes entre des personnes jeunes atteintes du cancer et des individus plus âgés. Il semblerait que l’agressivité diffère lorsque la cellule se dérégule à un jeune âge, ou bien après des dizaines et des dizaines d’années, lorsque les mécanismes de réparation sont affaiblis par le temps.

Il y a fort heureusement beaucoup d’espoir en cancérologie grâce à la recherche. Ces dernières années, en matière de cancer colorectal, certains types avec une biologie particulière (10 à 15 %) - MSI - sont très sensibles à l’immunothérapie. L’immunité des patients est restaurée via un traitement. Les résultats sont encourageants sur des types de cancers du côlon qui ont une instabilité micro-satellitaire. 

Les multiples travaux de recherche portant sur le microbiote intestinal ont aussi leur importance et suscite de nombreux espoirs. 

Le Dr Alain Toledano est cancérologue radiothérapeute au centre de radiothérapie Hartmann, president Institut Rafael et Directeur chaire Santé Intégrative, Conservatoire National Arts & Métiers

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