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"Crowdfunding", ou comment financer ses projets grâce à Internet
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Emporté par la foule

Un site de livraison à domicile de produits de saison vient de récolter 100 000 euros. Comment ? Grâce au "crowdfunding", un système de financement participatif. Explication d'un nouveau phénomène qui explose grâce à Internet.

Laurent Bruneau

Laurent Bruneau

Laurent Bruneau est le président de Mutuzz.

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Atlantico : Qu'est-ce que le crowfunding, ce "financement par la foule"?

Laurent Bruneau : La multiplication des petites sommes collectées auprès de nombreuses personnes permet de rassembler des fonds importants pour lancer des projets de toute nature. Internet a donné une nouvelle jeunesse à cette idée de financement direct entre un créateur et son public, en facilitant la mise en contact.

Concrètement, les sites de crowdfunding mettent à disposition une page web pour le projet d'un créateur (un roman, un album de musique, un voyage, voire une entreprise, par exemple),  ainsi que des outils de monétique. Les internautes sont invités à soutenir financièrement le projet sous la forme d'un don, ou en échange d'une contrepartie variable (une sorte de précommande).

Le concept a montré sa viabilité avec le succès du précurseur Kickstarter aux Etats-Unis (qui a déjà levé des dizaines de millions de dollars depuis son lancement en août 2009, contribuant au succès de nombreux projets demandant des sommes variées), succès largement imité depuis (Indiegogo, Rockethub, Sponsume...).

Le point important pour un site de crowdfunding est la conquête de l'audience. Bien souvent, cela passe par un projet réussi qui crédibilise le concept et attire des projets, et des internautes financeurs. Kickstarter a vraiment décollé quand le projet Diaspora (des étudiants proposaient de réaliser un clone libre de Facebook) a obtenu 200 000 $ en une vingtaine de jours seulement.

Les avantages, côté créateurs, sont innombrables : une étude de concept sans risques (on peut recommencer les collectes échouées, en modifiant certains détails jusqu'à correspondre aux goûts du public), un financement sans coût (pas d'intérêt à payer, peu de sélection en général), des droits préservés sur la propriété des créations ainsi pré-vendues, la possibilité de financer des petits projets en général rejetés par les structures traditionnelles (rentabilité aléatoire, longue traine), le contact direct avec son public…

Les avantages, côté souscripteurs, restent aussi nombreux : le pouvoir d'orienter la création (et donc de favoriser la diversité culturelle ou entrepreneuriale), des réductions tarifaires non négligeables, la concrétisation d'un projet communautaire, le soutien sans risque (si le projet ne se fait pas, les soutiens ne sont pas débités), le plaisir de participer à un projet collectif, le contact direct avec le créateur.

Plus généralement, il y a la volonté de changer un certain mode de fonctionnement du capitalisme et du marché, en le rendant plus démocratique : le public vote réellement avec son argent.

Il faut remarquer que le concept est tellement nouveau et avantageux que de nombreux créateurs artistiques le regardent avec méfiance pour l'instant.

Et il faut aussi ne pas tout attendre du crowdfunding. Le Crowdfunding ne vient pas remplacer la filière industrielle de la culture ou du financement. Il vient plutôt en complément. L'artiste, le porteur de projet doit toujours trouver des spécialistes techniques pour l'aider dans la réalisation et la diffusion de son projet (idem pour un créateur d'entreprise).

Il peut y avoir toutefois un risque pour les internautes, si les créateurs ne réalisent finalement pas le projet, après avoir récolté les fonds. Mais ce risque est vraiment très limité en raison de la transparence de l'information sur les projets et les créateurs (un projet plébiscité est forcément vérifié par les multiples soutiens : c'est la force du Crowdsourcing, expertise de la foule), et des garanties complémentaires apportées par certains sites (comme Mutuzz).

Comment ce système de financement de projets est-il né et s'est-il développé en France ?

Le secteur se développe dès janvier 2010 en France avec le précurseur généraliste Babeldoor. Pendant l'été 2010, deux généralistes se lancent (Ulule et Kisskissbanbank), qui rencontrent un grand succès aujourd'hui (des dizaines de projets à hauteur de 2 à 5000 euros financés par mois).

Mutuzz, la société que je dirige avec Thierry Larribe, a différé son lancement d'un an pour sécuriser au maximum les conditions juridiques (statut de courtier avec système de séquestre conventionnel) et techniques (utilisation du système paybox plutôt que du système paypal).

Ce démarrage tardif (juillet-aout 2011) n'est pas préjudiciable car le secteur est en très forte croissance, et Mutuzz dispose de certaines particularités innovantes qui le distingue du précurseur américain. Chez nous, le créateur peut valider son projet même si l'objectif n'est pas totalement atteint, nous proposons un service de séquestre conventionnel, une évaluation de la fiabilité des créateurs et souscripteurs.
A côté des généralistes se développent aussi de nombreux spécialistes dans des domaines précis.

Il faut enfin ne pas confondre crowdfunding et production participative au sens de My Major Company où l'internaute devient un investisseur (qui attend un retour ultérieur), pas un contributeur en soutien.

Propos recueillis par Philippe Lesaffre

Lire aussi  Hortense Garand, fondatrice du site de financement participatif "Babeldoor", sur l'origine et le développement du "crowdfunding" en cliquant ici.

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