Crise du Fiscal cliff américain : tout ce que nous risquons en cas d'échec des négociations<!-- --> | Atlantico.fr
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En cas d'échec, la "falaise fiscale" prévoit 600 milliards de dollars de hausses d'impôts ou de coupes budgétaires... un choc pour l'économie mondial.
En cas d'échec, la "falaise fiscale" prévoit 600 milliards de dollars de hausses d'impôts ou de coupes budgétaires... un choc pour l'économie mondial.
©Reuters

Guerre de tranchées

La Maison Blanche et ses adversaires républicains sont parvenus in extremis à un accord budgétaire lundi soir. Une décision qui permet aux Etats-Unis d'éviter la cure d'austérité forcée du "mur budgétaire"... pour l'instant.

Mathieu  Mucherie

Mathieu Mucherie

Mathieu Mucherie est économiste de marché à Paris, et s'exprime ici à titre personnel.

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A lire également, notre article décryptage pour
tout comprendre sur le Fiscal cliff :

Fiscal cliff : le plafond de la dette américaine, cette épée de Damoclès au-dessus de l'économie mondiale

Atlantico : Démocrates et républicains doivent trouver un accord d'ici ce lundi soir sur le "fiscal cliff", une procédure automatique prévoyant plus de 600 milliards de hausses d'impôts et de coupes budgétaires en cas d'échec des négociations. Un échec est-il vraiment possible ?

Mathieu Mucherie : Un échec des négociations est tout à fait possible car Barack Obama a très peu de capital politique. Avec 51% des voix seulement, il est le président le plus mal réélu depuis au moins 50 ans. Eisenhower, Nixon, Reagan, Clinton et Bush junior... tous ont été reconduits dans des fauteuils en comparaison. De plus, la majorité républicaine à la chambre basse du Sénat a été renouvelée de même que la majorité des autres scrutins locaux ont été remportés par le parti de l'éléphant.

Disposant d'une véritable légitimité, les républicains ne souhaitent en aucun cas céder sur leurs positions.

En cas d'échec, quelles seraient les conséquences pour la zone euro qui commence à se stabiliser ?

La date limite du 31 décembre à minuit est en réalité symbolique. Les tombées automatiques qui comprennent des hausses d'impôts et des baisses de dépenses entrent en vigueur le 1er janvier... sur plan législatif seulement. L'application réelle de ces mesures n'aura lieu que dans les mois qui suivent. S'il n'y a pas d'accord aujourd'hui, il y aura une pression supplémentaire pour rectifier le tir au plus vite. Mais les Américains n'en paieront pas le prix sur leurs feuilles d'impôts de façon immédiate.

Les effets macroéconomiques seront importants si aucun accord n'est trouvé dans les prochains mois seulement. Dans ce cas, alors que l'Amérique peine à atteindre les 2% de croissance, celle-ci deviendrait proche de zéro. La Fed, la banque centrale américaine, a laissé entendre que, dans une telle situation, elle interviendrait.

En réalité, les conséquences seraient surtout fâcheuses pour la zone euro car la BCE ne mène pas le même type de politique monétaire. L'institution de Francfort ne réagira pas aux difficultés budgétaires outre-Atlantique pour amortir le choc. Ce qui est une affaire américaine pourrait donc se transformer en un problème européen comme ce fut le cas lors de la crise des subprimes ou celle qui a suivi la faillite de Lehmann Brothers en septembre 2008.

Le monde peut-il se permettre que les Américains deviennent soucieux de leur dette ?

Le gouvernement américain n'a fait, jusqu'à présent, que très peu d'efforts mais il ne faut pas oublier les collectivités locales qui pour leur part ont beaucoup licencié. Les actions menées au niveau local permettent donc de compenser en partie ce qui se passe au niveau fédéral : le budget américain n'est pas hors de tout contrôle.

Les ménages se sont également fortement désendettés et ont même reconstitué une petite partie de leur épargne. Ils ont réalisé bien plus d'efforts que leurs homologues européens qui refusent d'aligner leurs productivités à leurs salaires. Rappelons que l'enjeu principal du fiscal cliff est le maintien ou non des baisses d'impôts accordées aux plus aisés sous la présidence de George W. Bush. Les Américains ont donc un problème de riche là où l'Europe va bientôt connaitre des problèmes de pauvres car elle sera contrainte d'adapter les salaires aux niveaux de productivité... sans possibilité de dévaluer pour y parvenir.

Plafond de la dette ou fiscal cliff... la dette américaine est-elle une épée de Damoclès au-dessus de l'économie mondiale ?

La dette américaine, relativement aux PIB des Etats-Unis, n'est pas un problème. Des pays ont des ratios d'endettement supérieurs. Ce qui compte, c'est l'écart entre la dette et le taux de croissance nominal (le taux de croissance économique non corrigé de l'inflation, ndlr). Et avec une croissance nominale annuelle de 4%, le remboursement de la dette reste gérable. Preuve en est, les taux d'intérêt sur la dette américaine à 10 ans sont à 1,8%.

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