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Crise de tétanie : qui poussera le gouvernement à faire les réformes que les Français attendent ?
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Editorial

La perspective du déclin de la France, encore récemment menacée de sanctions par Bruxelles, commence à faire évoluer l’opinion quant à la nécessité de réformer le pays.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Tous les sondages le prouvent : l’opinion commence à évoluer face à la nécessité des réformes. Dans ce pays connu pour ses blocages, un changement est perceptible depuis quelque temps. La perspective du déclin, illustrée par une diminution de la richesse nationale par tête d’habitant depuis six ans irrite de plus en plus ceux qui ne sont pas prêts à s’exiler pour y échapper, mais continuent de croire que le pays peut trouver en lui-même les ressources nécessaires pour se redresser.

Les Français en ont assez d’être considérés comme les derniers de la classe et de se faire tancer par Bruxelles, au même titre que l’un des derniers nouveaux venus, la Slovénie, ce qui représente une humiliation difficile à supporter. Ils n’acceptent plus les promesses qu’on n’a cessé de leur prodiguer depuis deux ans et qui ont débouché sur le néant. Faut-il rappeler le « budget de rupture » qui avait été annoncé par le gouvernement et qui devait représenter « un engagement sans précédent » ? Et toutes les annonces plus ou moins spectaculaires dans un langage de communication choisi, qui devaient relancer la croissance et réduire le chômage ? Le comportement du pouvoir ressemble à celui d’un sportif galvanisé par l’espoir de la réussite, qui prend son envol, mais s’arrête devant l’obstacle, parce que l’énergie nécessaire lui fait soudain défaut. En fait, la classe politique est tétanisée par l’effort à accomplir et continue de s’arcbouter sur le passé avec des semelles de plomb.

Au lieu de prendre les dossiers à bras le corps, on se contente de minuscules coups de rabots qui ne servent qu’à désorganiser le fonctionnement des services. Mais surtout, le pouvoir ne donne pas l’exemple de ce qu’il faudrait faire, pourtant connu de tous. Est-il nécessaire d’avoir plus de deux fois plus de ministres que l’Allemagne qui a pourtant une population supérieure ? Avons-nous besoin d’une Cécile Duflot au poste clé du logement, alors que celle-ci ne fait que de la politique et que la chute de la construction est le dernier de ses soucis ? Jean-Marc Ayrault reconnaît lui-même qu’il serait plus efficace d’avoir moins de sept ministres à Bercy pour s’occuper d’économie en multipliant les attitudes contradictoires. Tout cela est bien connu. Les discours prolifèrent, mais on reste l’arme au pied. La recherche des économies demeure une quête introuvable. On ne retourne pas à l’équilibre du train de vie de l’Etat : on se contente de ralentir les dépenses, ce qui continue d’accroitre les déficits. Le pacte de stabilité ne débouche pour l’instant que sur des broutilles : trois syndicats ont accepté les allègements de charge proposés par le gouvernement sans exiger en contrepartie des obligations quant au nombre d’emplois à créer. Le dossier est renvoyé aux branches professionnelles, ce qui va impliquer de nouvelles palabres et du temps perdu alors qu’il faudrait agir vite.

Nos partenaires commencent à s’agacer sérieusement de cette exception française. Bruxelles élève le ton, en soulignant que la France va manquer ses objectifs et risque de perturber la reprise graduelle de la croissance sur le vieux continent. L’Europe menace de sanctions, qu’elle est pourtant bien incapable de mettre en œuvre. C’est plutôt du côté des marchés que celles-ci pourraient venir, par le biais d’une hausse des taux d’intérêt qui rendrait insupportable le poids de la dette. Ainsi la pression monte partout qui donne, au-delà de certains sondages prémonitoires, au scrutin municipal de la fin mars un relief exceptionnel qui contraindra peut-être le pouvoir à sortir de son immobilisme.

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