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Covid : les confinements nous ont rendu plus créatifs
©LILIAN CAZABET/HANS LUCAS/HANS LUCAS VIA AFP)

Boost de la créativité

C’est la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs du Frontlab après avoir étudié les activités des Français lors des périodes où ils étaient retenus à domicile par la pandémie

Alizée Lopez-Persem

Alizée Lopez-Persem

Alizée Lopez-Persem est chercheuse en neurosciences cognitives à l'Institut du cerveau de Paris (ICM), dans le FrontLab. Ses recherches portent sur les bases neuronales de la prise de décision et de la créativité

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Atlantico : Vous avez réalisé une étude dans laquelle vous montrez que si le premier confinement a été négativement vécu, il a été marqué par une hausse de la créativité. Comment expliquer ce paradoxe ?

Alizée Lopez-Persem : Cela a effectivement été une surprise. Notre équipe s’attendait à voir un impact négatif sur l’humeur et le mental des gens mais pas forcément à un impact positif sur la créativité, même si on avait l’impression que plein d’idées créatives émergeaient, notamment sur les réseaux sociaux. C'est ce qui nous a motivé à faire cette étude. Ce que nous avons vu, dans notre enquête auprès de presque 400 personnes, c’est qu'il y a une corrélation positive entre ces données. Les personnes qui se sont senties les plus créatives sont aussi celles qui se sont senties mieux pendant le confinement. 

Comment avez-vous mesuré cette donnée de créativité ? 

Nous avons mesuré cela de deux manières. D’abord un rapport subjectif en posant la question : par rapport à avant le confinement avez-vous eu l’impression d’être plus ou moins créatif sur une échelle graduée. Dans une deuxième partie, nous avons posé une série de questions relatives à 28 activités différentes considérées comme créatives. Et ces deux mesures étaient très fortement corrélées.

Quelles sont les explications à cette hausse de créativité ? 

Nous avons étudié plusieurs facteurs : le niveau de stress, l’anxiété, l’humeur, la pression psychologique, la solitude, la contrainte physique, le temps libre, l’espace par habitant et le nombre d’interactions sociales. Ces mesures pouvaient être regroupées en trois grandes catégories : l’affectif, le temps libre, les interactions sociales. Ce qu’on observe c’est que le temps libre et l’affect sont des facteurs déterminants pour le changement de créativité, mais pas les interactions sociales. Et le composant affectif avait plus d’impact que le temps libre.

Quelle forme a pris cette créativité ? 

Ce que couvre notre enquête, c’est la créativité du quotidien. Parmi les activités dans lesquelles il y a eu le plus de changements positifs, on retrouve sans surprise la cuisine. On observe aussi des innovations dans les programmes de sport : nous ne sortions plus et nous avont dû trouver des solutions pour continuer à faire de l'exercice. Il y a aussi des initiatives d’entraide, un réseau entre les voisins par exemple. Il y a aussi eu beaucoup de couture, de création de jeux sur ordinateur pour s’amuser à distance avec ses proches. 

Est-ce que la créativité engendre le bien être ou est ce le bien être qui stimule la créativité ?

Cette corrélation entre bien être et créativité est connue dans la littérature, mais le sens de la causalité est débattu. Notre étude amène une indication de réponse. Il semblerait que c’est le fait d’avoir été créatif qui a fait que nous nous sommes mieux sentis. Si c’est le cas, c’est uniquement partiel et c’est un facteur parmi d’autres qui a permis de se sentir mieux. L'impact dans l'autre sens existe aussi, mais à une moindre mesure dans notre étude.

Notre étude a été faite sur un échantillon de 400 personnes qui n’est pas forcément représentatif de la population française. Nous avons une majorité de femmes, une certaine diversité d’âge mais des profils un peu élevés en termes d’éducation. Nous avons vérifié si ces facteurs avaient un impact ou non dans les résultats et nous n’en avons pas trouvé. Cependant, ceux qui ont répondu à notre enquête sont ceux qui avaient le temps et l'envie de le faire !

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