Covid-19 : ce qu'on sait désormais sur les réinfections <!-- --> | Atlantico.fr
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©MICHAEL DANTAS / AFP

Particularités de la seconde vague

Des cas de réinfections au coronavirus sont recensés à travers le monde. Quelle est la réalité de ces réinfections et que risquent les patients qui contractent à nouveau la Covid-19 ?

Jacques Lambrozo

Jacques Lambrozo

Le Dr Jacques Lambrozo est Spécialiste en Médecine Interne et en Endocrinologie, Expert auprès de la Cour d’appel de Paris et Président de l’ADIAM : l'association d’aide et de soins à domicile pour les personnes âgées et/ou en situation de handicap.

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Atlantico.fr : Des cas de réinfections au coronavirus se déclarent à travers le monde, était-ce prévisible, au vu de ce que l'on sait de ce type de virus et du Covid-19 en particulier ?

Jacques Lambrozo : L’apparition de cas de réinfections à la Covid-19 n’est pas pour surprendre. Nous savons bien que nous ne sommes pas immunisés contre les rhumes en hiver qui sont dûs aussi à un coronavirus. De plus, de nombreuses maladies infectieuses ne sont pas immunisantes. On en guérit puis on peut être réinfecté comme si c’était la première fois. Je cite la dengue, la syphilis, la tuberculose (car le BCG n’est pas un vrai vaccin), le paludisme qui sont tous de réels problèmes de santé publique de par leur gravité potentielle et de leur grande diffusion sur le globe.

 A ce jour, sur environ 37,5 millions de cas diagnostiqués, on recense 5 cas bien documentés de ré-infection. Cela paraît insignifiant ? Oui et non.

Oui car de fait le chiffre est faible, c’est vrai.

Non car il est probable que d’autres cas de ré-infections bénignes pour la plupart sont survenues sans qu’une enquête virologique n’ait été effectuée parce qu’elle a été rattachée à un épisode viral saisonnier indépendant de la Covid-19.

Non aussi car la  qualité de l’immunité acquise après la première infection fait question, en termes de production d’anticorps efficaces et aussi de durabilité de ces anticorps.

Non enfin car cela interroge sur la possibilité de mettre au point un vaccin durablement efficace, même si, comme cela est probable, il faudra effectuer, comme avec d’autres vaccins, des rappels.

Comment se manifestent-elles ? Faut-il parler de réinfection réelle ou de résurgence des symptômes du coronavirus ? Que risquent ceux qui y sont exposés ?

Pour répondre valablement à cette question, il faut se référer à un article très récent du 12 octobre et paru dans la revue scientifique « Lancet infectious disease ». Sur les 5 cas bien documentés dans le monde (Hong Kong, Belgique, Pays-Bas, Equateur et Etats-Unis), il s’agit du cas nord-américain, dans l’Etat du Nevada. Un homme jeune et en bonne santé a été infecté par le coronavirus sous une forme bénigne. Mal de gorge, toux, maux de tête, diarrhées. Il a guéri et un contrôle virologique en mai en a attesté mais 48 jours après le premier épisode il a rechuté sous une forme bien plus sérieuse qui a nécessité une hospitalisation et l’administration d’oxygène.

Donc les anticorps acquis, à la suite de la première infection, ne l’ont pas du tout protégé. De plus, le critère nécessaire de réinfection, c’est-à-dire la démonstration par une analyse génétique de deux prélèvements successifs a bien montré qu’il s’agissait de deux souches différentes du virus. Une seconde ré-infection est possible et elle ne survient pas nécessairement sous une forme bénigne comme on aurait pu le penser si les anticorps s’avéraient vraiment et régulièrement protecteurs.  

Pour l'instant, aucun cas de réinfection n'a été officiellement déclaré en France, mais certains évoquent qu'il y aurait quelques dizaines de cas, qu'en est-il ?

Oui vous avez raison. En France  à ce jour aucun cas de réinfection n'a été sinon observé  mais du moins officiellement déclaré. Cependant l'évidence clinique et virologique montre bien que cela peut parfaitement survenir.

Cela pose une question  importante : est-ce que, comme cela a été observé  avec le SRAS et le MERS- qui  sont aussi des infections causées par un coronavirus-, les anticorps  produits lors de l'infection initiale ne sont-ils pas de "faux amis"?

C'est à dire qu'au lieu d'aider l'organisme à se protéger en luttant contre le virus, ils aideraient en fait  le virus à se développer ou plutôt à se redévelopper?

La question est posée!

En conclusion, les patients qui ont été infectés une première fois  ne doivent pas se considérer de ce fait comme immunisés et protégés. Cela est possible  mais nous n'avons à ce jour aucun moyen de s'en assurer formellement.

Les gestes barrières continuent de les concerner  à la fois pour se protéger d'une réinfection qui peut être plus grave et aussi pour protéger les autres autour d'eux.

Le Dr Jacques LAMBROZO est Spécialiste en Médecine Interne et en Endocrinologie, Expert auprès de la Cour d’appel de Paris et Président de l’ADIAM : l'association d’aide et de soins à domicile pour les personnes âgées et/ou en situation de handicap

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