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Coronavirus : pourquoi l’hémoglobine de vers marin pourrait être un espoir majeur
©SEBASTIEN BOZON / AFP

Piste possible ?

D'après le professeur Laurent Lantieri, chirurgien plasticien a l’hôpital européen Georges Pompidou une perfusion d'hémoglobine de vers marin pourrait éviter que les patients atteints du coronavirus ne soient placés sous respiration artificielle.

Laurent Lantieri

Laurent Lantieri

Laurent Lantieri, né le 15 février 1963, est un chirurgien plasticien français connu pour avoir effectué en juin 2010 la première greffe totale du visage au monde en 2010

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Le 18 janvier 2018 je réalisais pour la première fois une deuxième greffe de visage chez un de mes patients, Jerome Hamon. L’intervention était particulièrement périlleuse. C’était ma huitième greffe mais cette fois ci la situation était beaucoup plus périlleuse.  J’avais été obligé six mois plus tot d’enlever son visage nécrotique à cause d’un rejet chronique. Il était en réanimation dans un état dramatique. La greffe ici était vitale. Nous étions allé prélever à près de trois heures de route de Paris. Le greffon, la face, avait été maintenu conservée dans un liquide froid. Il était privé de tous ses apports en oxygène. Le temps dans ce type d’intervention est crucial. Sans oxygène les tissus finissent par mourir. Quelques heures plus tard je reconnectais les artères puis les veines. Le sang arrive et le visage se recolore immédiatement. Un de mes assistants s’exclame « c’est très rapide ».   C’était ma huitième greffe mais pour la première fois le greffon avait été plongé dans un liquide de conservation dans avec un additif, une molécule issue de la biologie marine, qui avait permis d’oxygéner l’organe pendant tout le transport. Le résultat immédiat était spectaculaire un aspect que je n’avais jamais vu auparavant. Comme si le greffon n’avait jamais été déconnecté. Aujourd’hui deux ans plus tard Jerome va bien et utilisation de cette molécule qui porte le nom d’HEMO2life® y est évidemment pour beaucoup. Aujourd’hui il est hors de question pour moi de refaire une greffe de face ou de main sans l’utilisation de cette molécule.

La découverte a été faite il y a plusieurs années par un biologiste marin Franck Zal. Après avoir parcouru les mers il a posé son sac en Bretagne pour étudier les vers marins Arenecole. Ceux que l’on trouve sur la plage. Ses vers qui ont plus de 400 millions d’années ont développé un système pour survivre dans les conditions extrêmes. Ils captent l’oxygène à marée haute et vivent plusieurs heures à marée basse sur l’oxygène qu’ils ont accumulé. Pour cela ils possèdent une hémoglobine, la protéine que l’on trouve dans nos globules rouges transportant l’oxygène, qui capte 40 fois plus l’oxygène que notre hémoglobine. De plus notre hémoglobine se trouve dans les globules rouges et ne peut fonctionner qu’avec d’autres éléments présents dans les globules. L’hémoglobine de vers marin est circulante, celui-ci n’a pas de globules rouges, et toute la machinerie pour capter relarguer l’oxygène est dans la protéine. C’est aujourd’hui devenu une réalité médicale. Un produit utilisé dans les greffes et 60 patients en ont bénéficié en dehors de Jérôme. Une nouvelle étude sur 600 patients devait démarrer au mois de janvier pour évaluer les bénéfices médico économiques. La sécurité n’est pas à remettre en doute. 

Une telle molécule qui apporte de l’oxygène peut elle alors aider dans la crise COVID ?

Je devais aller avec Franck ZAL à Oxford pour présenter ses travaux et mes greffes à Peter Ratcliff (prix Nobel de médecine 2019 sur les mécanismes de l’oxygène). Ne pouvant y aller je lui ai écrit pour partager sur les traitements. Nous partageons la même vision. Nous vivons une crise sanitaire sans précédent. Notre offre de santé en réanimation pour répondre aux nombreux cas d’insuffisance respiratoire aiguë imputables au COVID-19, est insuffisante. Nous avons un « plateau tibétain » à 7000 patients COVID+ en réanimation, le confinement ayant été beaucoup trop tardif aggravé par les élections municipales. La capacité de la France est normalement de 5000 lits occupés ma plupart du temps à 90%. Les premiers retours d’expérience des régions parisiennes et du Grand Est nous montrent que le temps passé sous ventilation mécanique des malades atteint du COVID-19 est majeur, pouvant atteindre plus de 3 semaines. Le système est engorgé et on ne compte pas ici la situation catastrophique des EPAHD.  Je lui ai parlé de l’utilisation d’HEMO2life® dans les cas d’insuffisance respiratoire aiguë, imputable au COVID-19. Celle-ci serait en mesure de permettre une amélioration franche de la perfusion de l’oxygène dans les tissus. Si cette hypothèse se vérifie une simple perfusion d’HEMO2life® pourrait éviter que des patients ne soient mis sous ventilateur artificiel. Pour cela il est nécessaire de réaliser un test sur un petit nombre de patient pour vérifier l’hypothèse. C’était l’opinion de Ratcliff. Elle est encore plus vraie aujourd’hui car le COVID19 n’est pas qu’une maladie pulmonaire. De nombreuses constatations médicales laissent penser que le virus SarsCov2 rentre dans les globules rouges et attaque l’hémoglobine humaine. Les patients se retrouvent privés d’oxygène comme quand on le mal d’altitude. L’expression de « plateau tibétain » a donc aussi du sens pour les patients.

Hemarina a actuellement un stock permettant de traiter 5000 Patients et 15000 dans 15jours. Ce stock de 5000 était destiné au marché indien pour la greffe rénale, la molécule étant toujours en attente de marquage CE depuis deux ans. Si nous devons redescendre du « plateau tibetain » il faut non seulement une rupture technologique mais aussi les capacités pour traiter en masse des patients.

Le Pr Lantieri déclare n’avoir aucun lien d’intérêt avec la société Hémarina.

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