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Prévisions de croissance : 
ce que devrait annoncer 
la Commission européenne
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Boule de cristal

La Commission européenne s’apprête à publier ses prévisions de croissance ce vendredi. Elle devrait annoncer une zone euro en stabilité voir en légère contraction, mais surtout faire émerger une Europe à deux vitesses en termes de croissance...

Denis Ferrand

Denis Ferrand

Docteur en économie internationale de l’Université Pierre Mendès France de Grenoble, Denis FERRAND est Directeur Général de Rexecode où il est notamment en charge de l’analyse de la conjoncture de la France et des prévisions macroéconomiques globales. Il est également vice-Président de la Société d’Economie Politique. Il est membre du Conseil National de l’Industrie et du Conseil d’Orientation pour l’Emploi au titre de personnalité qualifiée. Chroniqueur pour Les Echos, il est chargé du cours d’analyse de la conjoncture à l’Institut Gestion de Patrimoine de l’Université Paris-Dauphine et pour le Master APE de l’université Paris-Panthéon Assas.

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Atlantico : La commission européenne s’apprête à publier ses prévisions de croissance ce vendredi 11 mai. A quoi s’attendre pour l’ensemble de la zone euro ?

Denis Ferrand : En novembre, nous nous attendions à +0,5% pour la zone euro au titre de l’année 2012 soit un niveau supérieur à la prévision du FMI (-0,3%). Cette divergence s’explique principalement par les hypothèses retenues sur l’Italie et sur l’Espagne.

Il est alors probable que cette anticipation formulée par la Commission européenne en novembre soit revue à la baisse du fait d’une révision des anticipations formulées sur ces deux pays.

Le FMI prévoyait respectivement -1,8% et -1,9% pour l’Italie et l’Espagne. Sachant que l’institution de Washington n’a pas beaucoup modifié ses prévisions en avril par rapport à janvier, nous pouvons donc nous attendre à ce que la commission en prenne acte et annonce une zone euro en stabilité, voir en légère contraction,  principalement par effet de composition avec le sud de l’Europe où la situation s’est bien plus dégradée par rapport à ce que l’on s’attendait au mois de novembre.

Les pays du sud – Grèce, Portugal, Italie, Espagne – sont en effet dans une situation très compliquée. Déjà les anticipations de novembre formulées par la Commission européenne tablaient sur un repli de 3% des PIB Grecques et Portugais. Ainsi, si l’on ajoute les contractions de l’Italie et de l’Espagne, deux économies importantes en Europe,  un double panorama économique européen émerge : une Europe du nord, même si certains pays comme les Pays-Bas ne sont pas dans une situation très favorables, et une Europe du sud.

Cette Europe à deux vitesses en termes de croissance ne signifie pas pour autant que cette dernière est forte dans les pays du nord. Elle y est surtout issue d’une impulsion interne et de moins en moins externe, c'est à dire du commerce extérieur.

François Hollande a tablé sur une croissance économique de +0,5%, +1,7%, +2% en 2012, 2013 et 2014 puis 2 à 2,5% à partir de 2015. Ces chiffres sont-ils optimistes ou prudents pour la France ?

Sur l’année 2012, les hypothèses me semblent raisonnables.

Pour l’exercice 2013, cela dépendra beaucoup de la maitrise des risques en zone euro mais également de l’évolution des matières premières qui depuis deux ans donne le tempo à la croissance mondiale. En 2011 par exemple, il y a eu un pic des matières premières en début d’année à laquelle à succédé un ralentissement de l’économie mondiale, ce dernier ayant été amplifié par le choc européen. 

L’économie mondiale a renoué avec la croissance sur un rythme annualisé à 3% en début d’année 2012, mais nous avons aussi renoué avec un cours des matières premières fortement orienté à la hausse pouvant exercer une influence sur la trajectoire prise par la croissance mondiale.

Cependant, avec des économies émergentes qui progressent, même de manière amortie, et surtout une croissance américaine qui s’est ranimée au cours des derniers mois, l’environnement mondial s’est éclairci, ce qui constitue la principale planche de salut de l’économie européenne.

Mais il reste à savoir si cette relative bonne tenue de la croissance mondiale aura un impact dirimant sur les prix des matières premières. S’il tel est le cas, 1,7% de croissance en 2013 sera probablement une hypothèse assez haute. Il faut aussi tenir compte de la vitesse à laquelle va se faire la maitrise des finances publiques en Europe et en France.

Plus fondamentalement, il faut également regarder le changement qui s’opère dans la nature même de la croissance. A l’avenir, elle-ci reposera moins sur la consommation comme ce fut le cas ces dix dernières années au cours desquelles le pouvoir d’achat du revenu des ménages et la consommation ont progressé plus fortement que le PIB en contrepartie d’un déficit public ayant tendance à se creuser. Aujourd’hui nous sommes dans une mécanique inverse : un pouvoir d’achat du revenu des ménages qui progresse moins fortement que le PIB en contrepartie d’un effort sur les déficits publics qui s’est amorcé. Ce mouvement étant appelé à se poursuivre, la croissance dépendra donc moins de la consommation.

Au delà des chiffres, l’interrogation principale portera donc sur notre capacité à substituer un autre moteur que celui de la consommation au titre de principale soutien à la croissance. La compétitivité étant le chainon manquant de ces dernières années en France, elle sera amenée à être ce nouveau moteur.

François Hollande propose une révision du pacte budgétaire européen pour y inscrire des objectifs de croissance alors que Angela Merkel privilégie l’instauration d’un nouveau pacte de croissance. Quelle option est la plus envisageable ?

Au delà du véhicule institutionnel, ce qui compte est ce que l’on entend par « croissance ». Sur ce point, la conception n’est pas forcément la même des deux côtés du Rhin.

Propos recueillis par Olivier Harmant

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