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Comment les Républicains, paniqués, se préparent à la catastrophe Trump
©Chris Keane / Reuters

Tous aux abris

Même si le milliardaire n'est pas encore officiellement choisi, les membres du Parti républicain américain commencent à préparer l'après-Trump. Deux camps se dessinent nettement : les "collabos" et les "résistants".

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Donald Trump n'est pas encore officiellement le candidat désigné du Parti républicain. Et s'il reste une toute petite chance pour le camp anti-Trump de le battre, la plupart des Républicains commencent à se rendre à l'évidence : Trump sera selon toute probabilité le candidat du Parti républicain. Presque toutes les élites du parti sont contre cette idée.

D'abord parce qu'une candidature Trump semble vouée à l'échec. L'institut de sondage Gallup a trouvé que Trump était le candidat à la présidentielle qui recueille les opinions défavorables les plus élevées de l'histoire. Selon un autre sondage, 48% des électeurs républicains déclarent qu'ils ne voteraient pas pour Trump s'il était le candidat du parti - difficille de réunir une majorité lorsque la moitié de son propre camp ne veut pas voter pour vous, et ce avant même que l'adversaire n'ait commencé à vous taper dessus. Ensuite parce qu'une très longue liste de prises de position de Trump vont à l'encontre de l'orthodoxie du Parti républicain - contre les réformes des systèmes de santé et de retraite, contre le libre-échange, pour l'avortement... Et enfin parce que c'est un démagogue qui pourrait faire n'importe quoi s'il arrive au pouvoir.

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Ce qui se passe est clairement une OPA hostile du Parti républicain. Ou une invasion, en mode blitzkrieg. Et comme après toute invasion, deux camps se détachent rapidement : les "collabos", et les "résistants". 

Les "collabos"

Dave Kaup / Reuters

Le premier des "collabos" est Chris Christie, le gouverneur du New Jersey et ancien candidat malheureux à la présidentielle. Il a choqué le monde politique en annonçant son soutien à Donald Trump, et ce d'autant plus que pendant sa campagne il avait très fortement critiqué le milliardaire, le traitant de démagogue et assurant que son programme était fantaisiste. 

D'autres élus commencent à lui emboîter le pas. Même si Mike Huckabee, ancien gouverneur de l'Arkansas et figure de la droite religieuse américaine, n'a pas encore officiellement apporté son soutien à Trump, sa fille a été recrutée comme membre de son équipe, et il le défend dans la presse. Kevin McCarthy, chef du groupe républicain à la Chambre des représentants, a indiqué qu'il "pourrait travailler" avec Trump s'il était élu. Ted Cruz, sénateur du Texas, pour l'instant concurrent de Trump, a assuré qu'il le soutiendrait si ce dernier était élu.

Reince Priebus, président du parti, a expliqué à CNN qu'il était obligé par les statuts du parti de soutenir Trump. Dans les coulisses, la panique est évidente. Daniel Strauss du journal Politico a ainsi mis en lumière les préparatifs qui se mettent en place au QG pour essayer de gérer l'ère post-Trump. Notamment, l'idée serait de forcer Trump à "rentrer dans les rails" du parti en termes de programme et de "dérapages" en échange des soutiens institutionnels que seul le parti peut offrir. Pour de nombreux commentateurs, le RNC prend ses désirs pour des réalités : Trump ne s'est jamais laissé mettre dans des rails, et respecte rarement ses engagements...

Le début de la résistance

Nick Oxford / Reuters

De plus en plus de Républicains sont en train de se rendre compte qu'il faudra résister à Trump à tout prix. Le hashtag #NeverTrump a été la tendance la plus forte sur Twitter la semaine dernière, et a été repris par le sénateur de Floride, Marco Rubio, qui a clairement réorienté sa campagne pour être le candidat du front anti-Trump. Après des mois où il avait refusé de critiquer ses concurrents, préférant mener une campagne "positive" et "optimiste", il a lancé l'artillerie lourde sur le milliardaire lors du dernier débat télévisé. Depuis, à chaque meeting, son slogan est "On ne peut pas laisser notre parti et notre mouvement à un escroc." Mais pour l'instant, les sondages ne valident pas sa nouvelle stratégie, et Trump semble toujours aussi invincible.

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Etant donné qu'à ce stade une victoire de Trump semble presque acquise, de plus en plus de Républicains évoquent une autre idée : lancer un candidat de tiers parti. Cela semble diificile à mettre en place par les règles électorales américaines. Les lois "sore loser" ("mauvais perdant") interdisent à un candidat malheureux à une primaire de lancer une candidature spontanée. Pour lancer une candidature, il faudrait commencer à réunir les signatures maintenant, c'est-à-dire acter que Trump sera le candidat avant qu'il ne le soit officiellement.

Et personne ne se fait d'illusion : le candidat en question perdrait le combat. Mais au moins, le camp anti-Trump se serait battu jusqu'au bout. Erick Erickson, auteur très influent de la droite américaine et un des artisans de la colonisation du Parti républicain par le Tea Party, propose la création d'un nouveau parti, qui reprendrait l'infrastructure du Parti républicain, laissant à Trump une coquille vide. L'objectif, dans un premier temps, serait de protéger les élus locaux du parti, et ensuite de rebâtir un parti national. Ben Sasse, sénateur Tea Party du Nebraska, a été le premier à dire officiellement tout haut ce que certains pensent tout bas : quoiqu'il arrive, il ne votera jamais pour Trump, et les conservateurs doivent chercher un autre parti su le Parti républicain nomme Trump. 

Pour Reihan Salam, chroniqueur américain de droite et un des analystes les plus fins de la politique américaine, le Parti républicain doit se réinventer pour répondre à la "trumpisation des esprits", en donnant assez de change aux électeurs de Trump, et en faisant du populisme sans démagogie. Le Parti républicain a créé le phénomène Trump en méprisant son électorat ouvrier au profit des intérêts de ses riches donateurs, et doit faire un virage à 180 degrés. Donc : allier les principes républicains avec une ligne plus dure sur l'immigration, un peu de patriotisme économique, moins de coupes des programmes sociaux, et la fin des baisses d'impôts pour les riches (mais pas pour les classes moyennes et modestes).

En tous les cas, quoiqu'il arrive, le phénomène Trump va complètement rebattre les cartes de la politique américaine pour la décennie à venir. 

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