Comment les femmes en sont venues à boire (presque) autant que les hommes<!-- --> | Atlantico.fr
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Comme l'indique Marie Claire, les femmes sont plus exposées aux risques d'une alcoolémie abusive car pour la même quantité d'alcool absorbée, le taux d'alcoolémie qui en résultera sera d'un tiers plus élevé chez la femme que chez l'homme.
Comme l'indique Marie Claire, les femmes sont plus exposées aux risques d'une alcoolémie abusive car pour la même quantité d'alcool absorbée, le taux d'alcoolémie qui en résultera sera d'un tiers plus élevé chez la femme que chez l'homme.
©Reuters

Un dernier verre pour la route

Si au début du XXème siècle, les hommes buvaient plus de deux fois plus d'alcool que les femmes, cet écart s'est sensiblement réduit au cours du siècle. Une étude pointe du doigt ces statistiques et les conséquences sanitaires qui pourraient affecter ces femmes, plus exposées aux risques de la consommation d'alcool que les hommes.

"C'est bien connu, les hommes boivent plus que les femmes". Vous avez sûrement déjà entendu cette phrase, et vous êtes d'ailleurs peut-être en accord avec elle. Et vous n'avez pas tort. Seulement, cette affirmation est au fil des années de moins en moins véridique. Une étude publiée le 24 octobre 2016 dans la revue BMJ Open conduite auprès de 4 millions de personnes et relayée par la BBC a rendu un verdict pour le moins surprenant : les hommes et les femmes boivent pratiquement la même quantité d'alcool.

L'écart se resserre

En effet, les habitudes ont grandement changé. L'étude montre que chez les personnes nées au début du XXème siècle, les hommes buvaient plus de deux fois (2,2) plus d'alcool que les femmes. De même, les hommes avaient trois fois plus de probabilité de boire dans des proportions problématiques. Enfin, ils développaient plus de trois fois (3,6) plus de problèmes de santé liés à cette consommation d'alcool abusive, tels que la cirrhose du foie. Or, pour les populations nées entre 1991 et 2001, qui ont entre 16 et 25 ans aujourd'hui, les hommes ne boivent plus que 10% plus (soit 1,1 plus) plus que les femmes, ne sont plus que 1,2 fois plus exposés à une consommation dangereuse et ne développent plus que 1,3 fois plus de pathologies liées à l'alcool. On dirait bien que les femmes ont suivi les hommes dans cette fâcheuse tendance.

Pour mener cette étude, des scientifiques de l'Université australienne de Nouvelle-Galles du Sud ont analysé les données de plus de 4 millions de personnes nées entre 1891 et 2001 dans le monde entier. Toutefois, ces travaux reflètent davantage les habitudes de consommation des pays développés, puisque plus de 75% des résultats analysés provenaient de populations européennes ou nord-américaines, expliqueFrance Info.

Inégalité hommes-femmes face à l'alcool

Ces scientifiques suggèrent que la réduction de cet écart soit dû à une évolution des rôles sociaux attribués à chaque sexe, du regard vis-à-vis de la consommation d'alcool chez les femmes ainsi que des contextes dans lesquels l'alcool est consommé. Si les femmes boivent davantage, il apparaît également que les hommes boivent un peu moins qu'auparavant, bien que cette baisse soit négligeable.

Toutefois, la réduction de cette "inégalité" n'est en rien réjouissante : en effet, les hommes et les femmes sont bien inégaux face à l'alcool. Et c'est la science qui le dit. Comme l'indiqueMarie Claire, les femmes sont plus exposées aux risques d'une alcoolémie abusive car pour la même quantité d'alcool absorbée, le taux d'alcoolémie qui en résultera sera d'un tiers plus élevé chez la femme que chez l'homme – même à poids égal. Pour cause : l'alcool déshydrogénase, l'enzyme que sécrète notre corps pour éliminer l'alcool, est deux fois moins active dans les organismes féminins, détailleFrance Info. Pour atteindre le même degré d'ébriété qu'une femme, un homme devra donc boire davantage d'alcool.

Prévention

Autant dire qu'à quantité égale d'alcool absorbé, les femmes se retrouvent dans un état d'ébriété plus avancé qu'un homme. Dans les tristes courses au "binge drinking" qui se sont généralisées dans les soirées entre jeunes adultes, les culs secs s'enchaînent et la règle impose un "même tarif" pour tout le monde. Or, ces ivresses répétées ont, comme nous le savons, de graves conséquences sur la santé. Conséquences qui pourraient se révéler d'autant plus dramatiques chez les femmes. "Les dommages au foie sont plus graves chez les femmes et apparaissent aussi plus rapidement. Elles souffrent également plus vite de lésions cérébrales. Enfin, il ne faut pas oublier les répercussions typiquement féminines : risques accrus de cancer du sein et dérèglement du cycle menstruel", précise l'association Aide Alcool sur son site, rapporteBFM TV.

Une situation à prendre en main le plus vite possible si l'on ne veut pas voir une augmentation significative de ces pathologies chez les femmes. "Nous devons veiller à ce que les campagnes portant sur les méfaits de la consommation d'alcool soient conçues pour plaire aux hommes et aux femmes. Nous devons aussi réduire les obstacles comportementaux et structurels que rencontrent les femmes qui veulent se faire traiter", estiment les chercheurs. L'alcool fait partie des facteurs à risque les plus importants pour la santé et cause environ 5 millions de décès chaque année dans le monde, selon une étude parue en 2010 dans la revue The Lancet. Selon Santé Publique France, l'alcool est la deuxième cause évitable de mortalité prématurée en France après le tabac, avec 49 000 morts par an, conclutFrance Info.

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