Comment le Turkestan oriental est devenu une gigantesque prison à ciel ouvert pour les Ouïghours <!-- --> | Atlantico.fr
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Laurence Defranoux publie « Les Ouïghours Histoire d'un peuple sacrifié » aux éditions Tallandier.
Laurence Defranoux publie « Les Ouïghours Histoire d'un peuple sacrifié » aux éditions Tallandier.
©ABDULHAMID HOSBAS / ANADOLU AGENCY / AFP

Bonnes feuilles

Laurence Defranoux publie « Les Ouïghours Histoire d'un peuple sacrifié » aux éditions Tallandier. La tragédie ouïghoure a surgi récemment et provoqué l’effroi. Pourtant, ses signes avant-coureurs sont ancrés dans l’histoire de ce peuple. Cette enquête révèle plus de soixante-dix ans de mise en place progressive de l’engrenage génocidaire. Extrait 1/2.

Laurence Defranoux

Laurence Defranoux

Laurence Defranoux est journaliste à Libération, rédactrice-reporter sur l’Asie et particulièrement la Chine. Spécialiste de la question ouïghoure, elle a voyagé au Xinjiang dès les années 1990.

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En quelques mois, les rues de Khotan, de Kashgar, d’Aksu, se vident de leurs habitants, les maisons sont abandonnées, les commerces barricadés, les marchés désertés, des quartiers détruits. Le Turkestan oriental entier, grand comme trois fois la France, est devenu une gigantesque prison à ciel ouvert. Aucun habitant turcique n’a le droit de se déplacer librement. Beaucoup sont assignés à résidence, dans leur préfecture, leur canton, leur commune ou leur maison. Des boîtes à délation fleurissent dans les rues, les entreprises et jusque dans les écoles.

La terreur est aussi économique. Incapable de supporter plus longtemps son travail dans le camp pour femmes, Qelbinur Sidik est hospitalisée et licenciée de l’école primaire où elle a fait toute sa carrière. Elle se terre chez elle, ne se déshabille plus car elle ne veut pas être raflée en pyjama, et garde sous son oreiller des médicaments pour se suicider si sa fille, qui étudie en Europe, rentre en Chine et est internée. « La nuit, la police vient chercher mes voisins les uns après les autres. Sur les 600 habitants turciques de ma résidence, 190 disparaissent en deux ans. Un avis “Ne pas entrer” est collé sur leur porte. » Un jour, elle voit une vingtaine de personnes débarquer au premier étage de son immeuble et s’installer dans les appartements de ses voisins envoyés en camp. « Ils me disent qu’ils sont de nouveaux migrants hans et qu’ils emménagent. Il se passe la même chose ensuite au deuxième étage. » Le Bingtuan lance de grandes campagnes de recrutement de main-d’œuvre (gardiens de prison, enseignants, policiers), pour attirer des migrants de Chine intérieure, leur offrant même des points supplémentaires à l’entrée à l’université, une discrimination positive réservée jusque-là aux peuples turciques. L’expropriation des terres, dédommagées une bouchée de pain aux paysans et revendues à prix d’or aux promoteurs par les autorités locales, est un fléau en Chine. Mais au Xinjiang, selon une militante ouïghoure, une nouvelle loi stipule que si des propriétaires ne revendiquent pas la propriété de leurs biens durant dix-sept mois, ils sont transférés à l’État. Sur un site de commerce en ligne, des biens appartenant à des hommes et femmes d’affaires ouïghours emprisonnés sur la base d’accusations de « terrorisme » et d’« extrémisme » sont vendus aux enchères. Une Ouïghoure de Paris qui scrute jour et nuit les réseaux sociaux du Xinjiang a calculé que, depuis 2013, le nombre de terres agricoles à vendre a énormément augmenté, notamment dans les zones traditionnelles de pâturage des nomades kirghiz, un peuple du Xinjiang lui aussi visé par la détention arbitraire. Elle me montre une vidéo en ligne sur laquelle une jeune Chinoise han explique, très excitée : « Ici, près du Taklamakan, il y a tellement de terres à donner. Avec les terres et l’argent offerts par le gouvernement, on peut avoir une vie de famille ici. J’ai reçu 30 mus (2 hectares) de bonne terre à jujube et 7 000 yuans (1 000 euros) pour venir m’installer, plus l’appartement. Si on a une poule qui meurt, il suffit d’envoyer la photo et on est dédommagé, si on a des agneaux qui naissent, on reçoit une aide. On touche aussi 20 000 yuans (environ 2 900 euros) si on veut construire sa maison. Le gouvernement a des objectifs à remplir. C’est pour cela qu’il faut venir vite. »

Quand les deux oncles maternels d’Aynur, de richissimes hommes d’affaires, sont arrêtés chez eux près de Shanghai et emmenés dans un camp à Kashgar, leur grand restaurant et leur usine de tissus, qui exportait dans tout le Moyen-Orient, sont saisis. De son côté, sa tante reçoit l’ordre de quitter Urumchi dans les quarante-huit heures, ce qui l’oblige à liquider à un prix très bas le supermarché dont elle est propriétaire. Des amendes extrêmement élevées, jusqu’à trois ans de revenu annuel moyen, sont imposées aux familles n’ayant « pas respecté le contrôle des naissances ». Gülnar Omirzakh, dont le mari négociant en légumes est interné, a trois jours pour trouver 2 500 euros. Elle doit emprunter autour d’elle, et sa sœur est contrainte de vendre sa vache. Cette contravention, dont elle a conservé une copie, lui est infligée car elle a eu trois enfants. C’était pourtant légal pour toutes les « minorités nationales » vivant en zone rurale jusqu’en 2016, d’autant que de nombreuses dérogations ont été accordées. Le père d’Aynur, retraité du secteur bancaire, est sommé de choisir entre aller à la mosquée ou voir sa retraite supprimée. Des femmes au foyer restent seules avec leurs enfants et doivent accepter n’importe quel travail pour survivre. Des étudiants, sans ressources, abandonnent leurs études.

« On me fait écarter les jambes et on m’introduit un stérilet »

En plus de séparer les couples en les envoyant vivre dans des usines éloignées et d’enfermer les hommes et les femmes en âge de procréer, l’État s’emploie à limiter les naissances de toutes les manières possibles. Une des raisons d’être envoyé en camp est d’avoir « trop d’enfants », même s’ils sont nés plusieurs décennies avant. « Contenez les naissances illégales et abaissez les niveaux de fertilité », dit une directive locale. Selon une enquête de l’agence Associated Press4 , réalisée sur la base de statistiques gouvernementales, de documents officiels et d’entretiens avec 30 anciens détenus, la police fait des descentes dans les maisons à la recherche d’enfants cachés. Les parents de trois enfants ou plus qui ne peuvent pas payer les amendes sont arrêtés et leurs enfants placés en orphelinat. Les femmes disent qu’à leur arrivée en détention, elles subissent un examen de grossesse, sont avortées si elles sont enceintes, et se font administrer de force des traitements qui leur suppriment leurs règles. Certaines s’aperçoivent après leur libération qu’elles ont été stérilisées sans le savoir.

La capacité reproductive des femmes ouïghoures est clairement ciblée. Les mariages sont soumis à autorisation, et les femmes à des contrôles de grossesse, parfois tous les quinze jours. Les autorités de Khotan fixent un quota de 34 % de femmes mariées en âge de procréer qui doivent se faire ligaturer les trompes. L’État impose à des centaines de milliers de Ouïghoures la stérilisation ou le port d’un stérilet. « Toutes les femmes âgées de 18 à 50 ans de mon quartier, à Urumchi, sont convoquées le 18  juillet 2017, pour un “examen gratuit” obligatoire. À 8 heures, la queue est déjà très longue devant l’hôpital. Moi, j’ai 48 ans, mais il y a des filles très jeunes. Je ne vois pas une seule Han. Il n’y a pas d’examen gynécologique ni d’entretien. On me fait m’allonger et écarter les jambes, et on m’introduit un stérilet. C’est d’une violence terrible. Je pleure, je me sens humiliée, agressée sexuellement et mentalement. Mais je travaille dans un camp, je sais ce qui m’attend si je refuse », raconte Qelbinur Sidik, qui me montre les convocations annuelles qu’elle reçoit toujours par SMS. Ces mesures entraînent une chute spectaculaire des courbes de naissance. Entre 2015 et 2018, le taux d’accroissement naturel de la population dans les préfectures du sud du Xinjiang a diminué de 73,5 %, et en 2018 et  2019, il est tombé à zéro ou est même devenu négatif dans plusieurs cantons.

Dans les cantons à forte majorité ouïghoure, le taux de natalité affiche une baisse de 66,3 % en 2019-2020 par rapport à la moyenne de référence 2011-2015, alors qu’il reste stable dans les cantons à majorité han. Dans le canton de Khotan, où 99 % de la population est turcique, le taux de natalité a même plongé de 70,8 % entre 2012 et 2018. Parallèlement, le taux de stérilisation est multiplié par sept. Les chercheurs James Leibold et Nathan Ruser estiment que plus de 300 000  enfants ont été empêchés de naître en 2018 et 2019.

La difficulté d’enquêter

Pékin nie tout. Les camps, les viols, les spoliations, la contraception, les stérilisations, les avortements forcés. Mais peu à peu, la « Grande Muraille de fer autour du Xinjiang », comme l’a appelée Xi Jinping, se fissure. À l’automne 2017, des exilés commencent à mentionner l’existence des camps. Sous la pression du gouvernement d’Astana, plusieurs dizaines de détenus kazakhstanais sont libérés. Malgré le harcèlement intense qu’ils subissent, certains témoignent auprès de médias occidentaux. En mars  2018, Rushan Abbas, l’interprète américaine qui vient de fonder l’ONG Campaign for Uyghurs, organise des manifestations dans quatorze pays pour alerter la communauté internationale. Comme il est impossible de mener une recherche sur le terrain, un chercheur allemand sinophone, Adrian Zenz, plonge depuis des mois dans les tréfonds du Web chinois à la recherche d’indices. « Travailler sur les sources primaires chinoises est très difficile, mais elles sont moins attaquables que les témoignages, explique Mathieu Duchâtel, sinologue à l’Institut Montaigne. À l’aide des appels d’offres émis pour la construction des camps, repérés dans un océan d’informations, il recompose les pièces du puzzle. » En mai 2018, Adrian Zenz publie son premier rapport prouvant l’internement extrajudiciaire de masse au Xinjiang. Il estime qu’environ un million de personnes, sur près de douze millions de citoyens chinois turciques, ont été envoyées en camp. Un jeune Chinois han qui étudie au Canada, Shawn Zhang, identifie des dizaines de camps sur les images satellites. Des chercheurs et des journalistes se mettent à analyser les montagnes de données publiées sur Internet par la bureaucratie chinoise. Des lanceurs d’alerte font parvenir à Adrian Zenz, au Consortium international des journalistes d’investigation et à une Ouïghoure exilée aux États-Unis des dizaines de milliers de documents officiels, dont les discours secrets de Xi Jinping, des circulaires administratives ou des fichiers policiers. À partir d’images satellites, de récits de rescapés et de documents chinois, la journaliste Megha Rajagopalan, aidée par un spécialiste d’architecture judiciaire, identifie 268 complexes pénitentiaires de haute sécurité construits à partir de 2017. Des chercheurs australiens cartographient de leur côté plus de 380  lieux de détention agrandis ou construits depuis 2017, classés selon quatre niveaux de sécurité.

Obtenir un visa chinois pour aller faire un reportage au Xinjiang est impossible. En revanche, contrairement au Tibet, les journalistes basés à Pékin peuvent s’y rendre, et des correspondants de tous les médias internationaux y partent en reportage. Mais travailler est extrêmement difficile. Dès leur arrivée, ils sont entourés, surveillés et entravés par des dizaines de policiers en civil. S’ils essaient de s’approcher des camps, des barrages routiers et des déviations se dressent devant eux. Leurs téléphones sont fouillés, leurs photos détruites. « J’ai fait trois voyages au Xinjiang. À chaque fois j’ai été suivi, arrêté, intimidé par la police qui tambourinait à la porte de l’hôtel toute la nuit, raconte Antoine Védeilhé, ancien correspondant de France 24 à Shanghai. On a été arrêté sept fois en deux jours. » Néanmoins, lui et de nombreux autres journalistes réussissent à rendre compte du climat de terreur policière. En juillet 2018, Emily Feng réalise un reportage poignant pour le Financial Times. « La maison est vide. Le père a été arrêté en février, la mère trois mois plus tard. Le grand-père a pleuré, mais les autorités ne lui ont pas permis de garder ses petits-enfants. Ceux de 15 et 18 ans ont été placés en détention et ceux de 7 et 9 ans ont été envoyés dans un centre d’aide sociale de l’État. » Au même moment, la chercheuse Joanne Smith Finley, spécialiste de la région depuis un quart de siècle, visite douze mosquées. Toutes sont gardées par des portillons ultra-sécurisés, entourées de barbelés à lames coupantes, surmontées d’un drapeau chinois et vides de toute présence humaine. Certaines sont fermées depuis plus d’un an, plusieurs ont perdu leur croissant. Dans la grande mosquée de Kashgar, où quelques années avant 10 000 fidèles se retrouvaient le vendredi, il n’y a plus que des touristes chinois, et le message de bienvenue en ouïghour a été remplacé par un slogan en chinois : « Aimez le Parti, aimez le pays. »

Le retour en force du travail forcé

À peu près un an après le début de la campagne massive d’internement, la pratique de travail forcé explose. Certains détenus sont exploités dans les usines annexées à leur camp – une des premières que l’on voit apparaître sur une vidéo est un atelier de fabrication de balais. D’autres sont placés d’office à leur sortie de camp dans un des complexes industriels qui poussent comme des champignons au Xinjang sur des terres préemptées. Alim*, titulaire d’une licence en informatique en France devenu guide pour une agence de voyages du Xinjiang, a été envoyé deux ans en camp après avoir accompagné un groupe à Paris en 2016. Lorsqu’il est libéré, il rencontre pour la première fois son bébé né durant son internement. Mais il est aussitôt envoyé à l’usine, où il travaille parfois sans jour de congé durant quarante jours d’affilée**. Habibula Mohamet, exilé en Turquie et dont les appartements et l’entreprise textile au Xinjiang ont été spoliés, m’explique comment sa sœur Patigül, mère au foyer aisée à Urumchi, est obligée, après sept mois passés en camp, d’aller coudre des perles à la chaîne sur des robes destinées à l’export vers la Malaisie. Bien qu’elle ait deux enfants et que son usine soit située dans les environs d’Urumchi, elle est contrainte de manger à la cantine qu’elle dit « infecte » et de dormir en dortoir. Les frais lui ponctionnent presque entièrement son maigre salaire, son téléphone est confisqué jour et nuit et les jours de congé sont aléatoires. Les travailleurs sont également recrutés dans le système colonialiste de « transfert de travailleurs en surnombre » sous le prétexte de « lutte contre la pauvreté », en place depuis les années 2000, devenu extrêmement coercitif depuis 2017. Des recruteurs, auxquels des quotas sont imposés, écument les villages. À ceux qui disent ne pas pouvoir s’éloigner car ils doivent prendre soin de leurs proches et de leur ferme, les agents proposent de placer leurs enfants et leurs parents âgés dans des établissements spécialisés et de transférer à l’État leurs bêtes et leurs terres. Puisque « le refus de l’aide de l’État » est un motif de détention, les autorités se targuent dans certains villages d’avoir recruté plus de 95 % des personnes en âge de travailler. À elle seule, la société d’État Xinjiang Zhongtai Chemical Co., fabricant de PVC pour les revêtements de sols et les tuyaux, une industrie extrêmement polluante qui expose les ouvriers à des niveaux très élevés d’émissions de mercure et de CO2, a reçu plus de 5 000 travailleurs ouïghours dans le cadre du programme de « transfert de main-d’œuvre » parrainé par l’État. Et quasiment la moitié du polysilicium mondial, matériau-clé des panneaux solaires dont la production génère elle aussi une forte pollution, est fabriqué au Xinjiang par des entreprises ou des sous-traitants qui participent au programme.

Les entreprises de toute la Chine peuvent désormais passer commande à l’État d’ouvriers ouïghours. Formés sur demande à des tâches répétitives, ils sont envoyés par lots aux entreprises. Le Bingtuan, qui a développé un portefeuille d’actifs mondiaux avec 800 000 participations majoritaires et minoritaires dans des sociétés écrans de 147 pays, est un des grands bénéficiaires de ce système. L’organisation militaire dirigée par le PCC local et le gouvernement central de la Chine contrôle des pans entiers de l’économie du Xinjiang, industrie, bâtiment, transports, commerce, hôpitaux, écoles, chaînes de télévision, sport, finances, assurances ou encore institutions judiciaires. Il a construit ou gère des centaines d’entreprises en Chine, où sont envoyés prioritairement les jeunes Ouïghours, à partir de 16 ans. La discipline « semi-militaire », les horaires très lourds, les salaires bas et l’endoctrinement politique sont la norme. Suriye* me raconte comment sa sœur de 28 ans a été envoyée travailler à l’autre bout de la Chine, et après s’être enfuie trois fois durant le trajet, a été placée dans une usine à Khotan, où, dit-elle, 600 ouvriers travaillent de 6 heures à 21 heures : « Elle m’a dit qu’elle a eu droit à un jour et demi de congé mensuel seulement au bout de cinq ou six mois, et n’a pas encore touché un centime. » Les consommateurs des grandes marques autour du monde bénéficient de cette main-d’œuvre à très bas coût et asservie, formée et fournie par les camps. Selon l’Australian Strategic Policy Institute (Aspi), entre 2017 et  2018, au moins 80 000  Ouïghours sont transférés dans 27 usines de toute la Chine qui fournissent 83 grandes marques internationales, comme Adidas, Apple, BMW, Electrolux, Gap, H&M, Huawei, Lacoste, Nike, The North Face, Puma, Samsung, Sony, Victoria’s Secret ou Volkswagen. En 2018, la préfecture de Kashgar annonce qu’elle a pour objectif d’envoyer 100 000 citoyens depuis les camps vers des parcs industriels et des ateliers satellites de village. 

Extrait du livre de Laurence Defranoux, « Les Ouïghours Histoire d'un peuple sacrifié », publié aux éditions Tallandier

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