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Comment l’actualité (Brexit et Euro 2016) permet à François Hollande d’ouvrir les vannes de la dépense
©Reuters

Editorial

Suffit-il d’un match de football pour éloigner chez nos compatriotes ce sentiment de déprime qui les tenaille depuis des années et faire réapparaître un début de confiance dans l’avenir de leur économie ?

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Au lendemain  de la victoire de l’équipe de France en demi-finale de l’Euro, on n’entendait qu’une  seule  phrase : «  c’est la France qui gagne » , première victoire sur l’Allemagne depuis 1958, une date marquante dans l’histoire de notre pays puisqu’elle avait été à l’origine  d’une longue période prospérité connue sous le nom des" Trente Glorieuses". Si le succès du 8 juillet peut se transformer dimanche sur le Portugal et lui permettre de ravir la couronne de l’exploit, il pourrait  en résultera une période d’euphorie comparable à celle  qu’elle avait connue en 1998. Une communion toute provisoire permettrait alors d’oublier momentanément les soucis pour se traduire par une flambée de la consommation et venir  soutenir la croissance au moment où elle en a bien besoin. Ainsi se produirait un contre-feu aux craintes nées d’une conjoncture molle et des perturbations engendrées par la décision du retrait des Britanniques de  l’Europe.

Pour François Hollande, c’est une chance inespérée de renoncer aux engagements claironnés à son de trompe en matière de redressement. Sans  vergogne, il fait une fois de plus volte-face en ouvrant  les vannes de la dépense publique. Comme la technique du rabot ne fonctionne plus, en l’absence de toute réforme en profondeur, il renonce purement  et simplement au plan d’économies de cinquante milliards sur lequel il s’était solennellement engagé. On avoue désormais une augmentation de la dépense de l’Etat de plusieurs milliards d’euros l’an prochain avec une sensible hausse du nombre des fonctionnaires,  dont  les traitements  sont de plus sensiblement majorés.  L’Elysée ne craint plus les foudres de Bruxelles : les commissaires européens sont habitués aux reniements de Paris et  sont suffisamment empêtrés par l’affaire du Brexit pour adopter un profil bas vis-à-vis de la France.

La Cour des Comptes continuera pour sa part à vitupérer dans le désert. Mais rien n’y fait : les efforts indispensables seront reportés une fois encore à plus tard, pour laisser s’exprimer la France  heureuse grâce au football et qui se dit prête en même temps  à accueillir les capitaux et  les entreprises qui voudraient fuir la capitale britannique au moment de la sécession. Le ministre des Finances se rengorge à l’idée que malgré  l’ampleur de sa dette,  qui ne fait que croître, la France peut emprunter pratiquement gratuitement, avec un taux d’intérêt à dix ans tombé à 0,16%, ce qui constitue un record absolu et donne un sentiment d’impunité, même si celui-ci est factice, car il peut à tout moment être remis en cause en cas de renversement de la tendance internationale sur les taux d’intérêt.

Au final, François Hollande continue de surfer au jour le jour sur une conjoncture particulièrement mouvante, mais toujours sans  cap pour l’avenir.  Avec le risque de voir revenir rapidement, tel un boomerang, les germes de la division qui se manifestent avec éclat dans son camp, mais n’épargnent pas non plus l’opposition, faute de promouvoir dans le pays la discipline nécessaire au redressement. Car la défaite footballistique des Allemands ne doit pas nous bercer dans  une euphorie factice vis-à-vis d'un pays qui reste le leader en Europe. 

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