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Comment hurler sans se faire mal (aux cordes vocales) ?
©Reuters

Bonnes feuilles

Apprivoiser sa voix, la développer, la fortifier, est une aventure exaltante! Toutes les voix sont belles… et uniques. Michel Hart et Sylvie Heyvaerts proposent dans cet ouvrage un exposé théorique sur la voix et son fonctionnement, accompagné d'explorations ludiques qui conduisent pas à pas le lecteur vers une perception globale du geste vocal libre et spontané. "On peut différencier deux types de cri : le cri instinctif, réflexe (lorsqu’on nous marche sur le pied), et le cri pour mieux se faire entendre ou pour exprimer des sentiments extrêmes". Un livre publié aux éditions du Rocher.

Sylvie  Heyvaerts

Sylvie Heyvaerts

Sylvie Heyvaerts est danseuse et professeur de qi gong

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Michel Hart

Michel Hart

Michel Hart est acteur, chanteur et professeur de chant

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Voilà une question qui peut intéresser les enseignants, les parents, les comédiens et… les adolescents ! Les jeunes adolescents ont une émotivité très vive qui s’exprime facilement par des cris. Peut-être vous êtes-vous déjà retrouvé en tête-à-tête, au petit déjeuner avec un adolescent ayant assisté la veille au concert d’un de ses chanteurs préférés, et avez-vous eu la surprise de constater qu’il était totalement aphone ! Hurler tout une soirée sans dommage pour les cordes vocales n’est pas à la portée du premier venu ! Néanmoins, éviter l’aphonie en exprimant son enthousiasme artistique ou sportif est tout à fait possible à condition d’avoir intégré deux notions de base :

On ne crie pas dans les aigus

La parole ordinaire, celle de tous les jours, n’est pas un mode optimisé de l’appareil phonatoire. Nous parlons tous avec de nombreux défauts : de l’air dans la voix, une prononciation approximative… cela importe peu, du moment que l’on nous comprenne. On peut différencier deux types de cri : le cri instinctif, réflexe (lorsqu’on nous marche sur le pied), et le cri pour mieux se faire entendre ou pour exprimer des sentiments extrêmes. La musculature interne des cordes vocales, les muscles TA (thyro- arythénoïdiens), sont sous la dépendance du système nerveux central ; ce sont eux qui agissent dans le cri réflexe. Ils se contractent fortement, et la pression de l’air sous la glotte est augmentée par une soudaine activation des muscles expirateurs. Si nous montons dans les aigus en criant, ces muscles TA se tétanisent et agissent comme un véritable sphincter, compressant les ligaments vocaux l’un contre l’autre et écrasant la muqueuse vocale. L’irritation causée peut laisser sans voix pendant quelques jours. Nous avons vu que pour atteindre des notes plus élevées que le registre ordinaire de la voix parlée, il fallait un désengagement progressif des muscles internes des cordes vocales et la mise en action des crico-thyroïdiens, qui se situent entre le cartilage thyroïdien et les cartilages cricoïdiens. Ces muscles, à la différence des TA, ne sont pas sous le contrôle du système nerveux parasympathique mais sous le contrôle de notre intention. Ils interviennent après un certain apprentissage. La conclusion première, mais fondamentale, à retenir de cela est la suivante : On ne crie pas dans l’aigu ! Alors comment s’y prend-on pour « pousser un coup de gueule » sans se faire mal ?

On respire profondément

(...) Il ne suffit pas d’avoir une inspiration pleine et profonde, il faut aussi, lors de l’expiration, que la poussée de l’air corresponde à la résistance des cordes vocales. Cela n’est pas difficile à comprendre : si l’on envoie une poussée d’air brutale et forte, et que nos cordes vocales ne sont pas suffisamment résistantes, elles vont s’ouvrir et l’air passera. C’est un peu comme ouvrir une porte avec un grand coup de pied ! Il faut donc gérer l’expiration et, pour cela, ne pas crier en affaissant la cage thoracique. Les chanteurs arabes qui appellent à la prière du haut du minaret ont un système pour cela : ils s’entourent le ventre d’une corde serrée et ils crient en poussant sur la corde. En gardant les côtes en position inspiratoire en même temps qu’ils expirent, ils font jouer simultanément les antagonismes musculaires inspirateurs et expirateurs. Il s’agit ici d’apprendre à crier sans se blesser, mais un procédé aussi brutal ne convient pas à tous les styles de chant.

La bouée ceinture

Debout, posez vos pouces sous les côtes flottantes. Inspirez en sentant la dilatation de la « bouée ceinture ». Expirez en continuant à maintenir cette dilatation et sonorisez l’expiration avec le son psssss. Au moment où vous prononcez le pssss, vous allez sentir que les pouces sont repoussés par l’ouverture des côtes.

Une autre façon de ressentir cet engagement simultané des muscles antagonistes inspirateurs et expirateurs est de prendre conscience du réflexe de la toux.

Le réflexe de la toux

Allongez-vous et posez vos mains sur les côtés du ventre. Inspirez comme si vous alliez vous mettre à tousser. Vous allez sentir votre ventre devenir plus ferme sous vos mains. Sur cet appui, au lieu de tousser, vous pouvez émettre un son de forte intensité.

Le hey !

Remettez-vous debout, retrouvez cette sensation de fermeté. Prononcez plusieurs fois, à forte intensité, le son EY, dans la partie grave de la voix.

Extrait de "Découvrir sa voix : parler et chanter avec plaisir et sans fatigue" de Michel Hart et Sylvie Heyvaerts, publié aux éditions du Rocher

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