Comment former quelqu'un à bien se comporter en entretien d’embauche<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Comment former quelqu'un à bien se comporter en entretien d’embauche
©Reuters

Bonnes feuilles

Laurence Boulieu a postulé chez Pôle emploi et y est désormais conseillère. Elle nous livre ses conseils pour réintégrer rapidement le monde du travail. Extrait (1/2).

Laurence Boulieu

Laurence Boulieu

Laurence Boulieu est conseillère à l’emploi depuis mai 2013, dans le cadre du dispositif Ayrault pour le renforcement des effectifs de Pôle emploi. L’emploi, j’y crois ! est son premier ouvrage.
Voir la bio »

Je pense sincèrement que pour former quelqu’un à bien se comporter en entretien d’embauche, il faut que cette personne puisse s’identifier. Si, par mon attitude, je montre du respect aux gens, par mimétisme, ils montreront eux aussi du respect à mon égard et, par conséquent, à l’égard du recruteur. C’est le même principe que j’ai appliqué pour l’éducation de mes filles. Si, par mon comportement journalier, je montre l’exemple, l’enfant, qui est un imitateur né, copiera ce modèle sans même y penser. Ce sera naturel. C’est ce que Laurence Pernoud appelle « l’éducation silencieuse ». J’essaie d’appliquer ce principe qui fonctionne dans le cadre professionnel également. Ma position concernant l’accompagnement est claire. Mon rôle est de préparer les personnes que je reçois aux entretiens d’embauche. Les règles de savoir-vivre et de politesse sont indispensables dans le cadre de ces entretiens et je pense que pour faire passer le message, il est nécessaire de montrer l’exemple en n’utilisant pas un langage familier avec ses bénéficiaires. Je pense que notre discours doit être en corrélation avec nos actes, et il est difficile de faire passer un message à quelqu’un si ce message est contredit par notre attitude. Dans notre métier, il est vivement conseillé de faire preuve de congruence. Je considère donc que chaque rendez-vous peut être mené dans les mêmes conditions qu’un entretien avec un recruteur. C’est pourquoi j’utilise systématiquement le vouvoiement. Ce n’est pas une question d’âge ou de respect ou autre, c’est simplement que c’est un usage courant dans le milieu professionnel : autant s’y habituer tout de suite. Lorsque je reçois des jeunes, en les vouvoyant, je les oblige à adopter un langage professionnel. Ainsi, ils s’habituent peu à peu à se conduire différemment selon leurs interlocuteurs et comprennent qu’à une situation donnée correspond un langage adapté. L’anecdote relatée par un employé d’une compagnie aérienne lorsque celle-ci avait recruté des jeunes de banlieue illustre bien mon propos. Alors qu’un passager en classe affaire demanda un petit service à l’hôtesse, elle lui répliqua spontanément : « Minute ! Mon père a pas baisé avec une pieuvre ! » Cette réplique m’a beaucoup fait rire, certes, mais on voit bien qu’elle n’est pas du tout en accord avec le comportement que doit avoir une hôtesse de l’air vis-à-vis de sa clientèle. De plus, étant employée par une grande compagnie aérienne, elle doit incarner l’image de l’entreprise, et je ne pense pas que la réponse faite au client soit en adéquation avec la philosophie de la société. À chaque environnement donné correspond un ensemble de conventions à respecter. Ce sont les règles de bonne conduite à connaître pour bien se comporter dans son milieu professionnel.

Un jour, j’ai reçu M. R., et je lui ai trouvé une offre correspondant à son profil. J’ai appelé l’employeur pour le recommander et il m’a dit qu’il pouvait le recevoir s’il venait le voir tout de suite. Comme je demande toujours à ce que le demandeur d’emploi vienne à mes rendez-vous correctement habillé pour justement parer à ce change d’éventualité, M. R. est parti immédiatement le rencontrer et a été retenu pour le poste. La réactivité en matière de recherche d’emploi est primordiale. En venant ainsi à mes rendez-vous où je suis moi-même convenablement habillée, il est conditionné pour bien se présenter lors d’un futur entretien.

J’ai pris l’habitude d’appeler systématiquement les personnes si elles ne se présentent pas à mon rendez-vous au bout de dix minutes en leur disant simplement : « Vous aviez rendez-vous à 10 h et vous n’êtes pas venu. Quand pouvez-vous revenir ? » Dans cette phrase, aucun reproche ne leur est fait, mais en les appelant, je leur montre que je les ai attendus, qu’ils doivent honorer leur rendez-vous à l’heure, qu’ils auraient pu appeler eux-mêmes pour s’excuser de leur absence. Si je les appelle le lendemain pour leur fixer un autre rendez-vous, cela n’aura pas le même impact. C’est une façon de les préparer à se présenter à l’heure à leurs rendezvous de manière générale et pas avec dix minutes de retard. Les gens ne sont pas à leur disposition. De même, je suis toujours à l’heure pour recevoir mes bénéficiaires, car leur temps est aussi précieux que le mien. Il m’est arrivé quelquefois d’avoir du retard, dans ce cas, je m’excuse toujours auprès d’eux et ils savent que ce n’est pas dans mes habitudes de les faire attendre. Montrer l’exemple reste, selon moi, le moyen le plus efficace pour amener une personne à changer de comportement.

Extrait de "L'emploi, j'y crois", de Laurence Boulieu, publié chez Michalon, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !