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Comment assurer un discours en public
©Reuters

Bonnes feuilles

Apprivoiser sa voix, la développer, la fortifier, est une aventure exaltante! Toutes les voix sont belles… et uniques. Michel Hart et Sylvie Heyvaerts proposent dans cet ouvrage un exposé théorique sur la voix et son fonctionnement, accompagné d'explorations ludiques qui conduisent pas à pas le lecteur vers une perception globale du geste vocal libre et spontané. "Même lorsque l’on s’adresse à une grande assemblée, chaque personne a besoin de sentir qu’on lui parle à elle précisément". De Michel Hart et Sylvie Heyvaerts, publié aux éditions du Rocher.

Sylvie  Heyvaerts

Sylvie Heyvaerts

Sylvie Heyvaerts est danseuse et professeur de qi gong

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Michel Hart

Michel Hart

Michel Hart est acteur, chanteur et professeur de chant

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La voix n’est pas une fonction physiologique indépendante de notre vie affective et intellectuelle. Elle est au contraire étroitement connectée avec nos émotions. De ce fait, elle est influencée par le contenu de ce que l’on communique. Nous n’aurons pas la même voix pour lire une recette de cuisine que pour faire un discours sur la République. L’élément le plus important dans la prise de parole est le désir de communiquer. Si l’orateur ne s’intéresse pas à ce qu’il dit, personne ne s’y intéressera. Cela peut sembler une banalité, mais lorsqu’on est amené à répéter souvent un cours, ou une démonstration, il arrive que notre propre intérêt s’évanouisse, notre voix devient monocorde, et c’est comme si nous versions un soporifique dans l’oreille des auditeurs. Il est donc souvent nécessaire de renouveler son intérêt pour le contenu, de façon à ce que notre voix et notre attitude retrouvent une meilleure vivacité.

Structurer son discours

Lorsque l’on doit faire une communication publique, il est tentant de rédiger l’intégralité de son message et d’en faire la lecture aux auditeurs. Cela nous rassure et nous donne la certitude de ne rien oublier. Cela est pertinent, mais ce n’est pourtant pas de cette façon que notre message passera le mieux. Il semblerait que l’on retient beaucoup moins bien un message lu qu’un message transmis avec la vivacité du langage, car un discours n’est finalement rien d’autre qu’un partage entre êtres humains sensibles. Il n’y a pas de frontière étanche entre conversation et discours. Lorsque l’on explique quelque chose à un ami, on est naturel ; de même lorsqu’on s’adresse à deux personnes, ou à trois. Continuons à ajouter mentalement des auditeurs un par un : dix, vingt, cinquante, cent, mille, deux mille… Pourquoi ce naturel devrait-il s’effacer lorsqu’on s’adresse à trente personnes ? Cinquante ? Mille ?

Même lorsque l’on s’adresse à une grande assemblée, chaque personne a besoin de sentir qu’on lui parle à elle précisément. Et plus notre langage est proche de notre sensibilité, plus la communication est vivante et bien reçue. La difficulté d’une communication en public ne réside donc pas dans le nombre de personnes qui se trouvent en face de nous, mais plutôt dans la clarté avec laquelle nous envisageons le message que nous voulons faire passer. Toute communication s’apparente à une forme d’enseignement. Lorsque nous prenons la parole, nous souhaitons que notre public retienne quelque chose de ce que nous avons dit : Quelle est l’idée essentielle qu’ils doivent avoir retenue ? Les trois ou quatre autres idées qui s’articulent autour de cette idée centrale ? Si, à la fin de la communication, l’auditoire est en mesure d’en restituer l’idée principale et quatre ou cinq idées secondaires, l’objectif aura été atteint. Il faut savoir que dans un discours d’une heure on ne peut pas s’attendre à ce que les auditeurs retiennent plus de quatre thématiques. Dans de nombreux cas, on pourra mettre en lumière l’articulation du discours avec un « power point » qui reprendra les mots-clés, auxquels pourront s’adjoindre des illustrations. Cet aspect visuel est un soutien important pour de nombreuses personnes. Mais tous les discours ne se prêtent pas à cela, et il faut alors compter sur les talents de l’orateur. Une fois que le « squelette » du message est construit, on peut le rendre vivant, lui donner de la chair, de la saveur.

Savourer les mots

L’étape suivante consiste à déterminer quelques mots ou une phrase par idée-clé, et s’appuyer dessus, pour que les interlocuteurs perçoivent mieux le message. On pourra les faire sonner avec une certaine emphase, marquer un silence juste avant, ou juste après… Bref, utiliser divers moyens pour qu’ils soient mis en valeur. De la même façon, à l’intérieur de chaque sous-partie, on trouvera des phrases avec des mots évocateurs, sur lesquels on pourra mettre l’accent. Le fait d’avoir approfondi le sujet nous donne une sécurité qui va se répercuter sur notre voix. Lorsque nous savons où nous voulons emmener notre auditoire, nous gagnons une netteté qui passe dans notre regard, dans notre gestuelle et… dans notre voix.

Stimuler l’écoute

La structure d’un discours est la même que celle d’une composition de musique. Il y a une introduction, un exposé des thèmes, un développement, quelques diversions, une conclusion. Tout au long de ce cheminement, la pensée progresse. Cette progression peut s’appuyer sur des interrogations. En effet, introduire une problématique par une interrogation qui va en faire sentir tous les enjeux, crée un suspens… dont l’auditeur va attendre la résolution. Maintenir le suspens, c’est maintenir l’écoute, et c’est donc soutenir sa voix. On parlera différemment si on stimule l’écoute, ou si on en est détaché.

Les oreilles aussi ont besoin de respirer

Pour éviter de se trouver à bout de souffle, on fera attention d’utiliser des phrases courtes. Celles-ci permettent une reprise d’air souple et sans effort, et l’auditoire a également besoin de cette respiration pour intégrer le contenu du message. Nous l’oublions trop souvent : les oreilles respirent ! Il est intéressant d’imaginer la relation entre orateur et auditeur comme une musique qui s’écrit en temps réel. Plus la relation nous porte, et plus notre voix est facile. Si on pense clairement, on respire tranquillement, notre voix sera nette, notre auditoire respirera avec nous et retiendra facilement nos paroles. C’est la même chose pour un chanteur : plus il connaît sa partition, plus les intentions musicales seront claires, plus la voix sera facile, et plus l’émotion musicale passera facilement.

Inviter le corps à s’exprimer

On pourra observer que les animateurs d’émissions télévisées ont tous un langage corporel très personnalisé. Quels gestes font-ils ? Quelles expressions du visage accompagnent ces gestes ? Comment la voix intervient-elle à l’intérieur de ce langage corporel ? En s’amusant à les imiter ou en partant d’un geste personnel, on peut prendre conscience de la façon dont notre voix réagit. Par exemple : Dites un texte en frappant des pieds. Tapez sur la table et laissez venir les mots qui ponctuent ce geste. Appuyez doucement vos deux mains sur le bureau avant de prononcer une phrase. Levez-vous et faites de grands gestes des bras en lisant une phrase. Inventez d’autres moyens pour ressentir toute la subtilité des connexions entre votre langage corporel et votre implication vocale.

Extrait de "Découvrir sa voix : parler et chanter avec plaisir et sans fatigue" de Michel Hart et Sylvie Heyvaerts, publié aux éditions du Rocher

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