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Coluche : provocateur, précurseur... mais pas inspirateur !
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25 ans après

Davantage qu'un modèle, Coluche a été un précurseur dans le monde du rire, en usant de la provocation pour installer durablement l'humour dans les médias. Aujourd'hui, une profusion de nouveaux talents profite de cette fenêtre de tir pour se faire connaître, en s'éloignant petit à petit de leur illustre aîné...

Jean Lagadec

Jean Lagadec

Jean Lagadec est président de l'Association du Festival d'humour et de cafe-théâtre de Rocquencourt (Yvelines)

 

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Atlantico : Existe-t-il un nouveau Coluche, 25 ans après sa mort ?

Jean-Lagadec : Oui et non. Coluche avait réussi le tour de force de passer grâce à un talent de provocateur encore inégalé des petites scènes de café-théâtre à la grande scène de la radio et de la télévision. C'est en cela qu'il a été précurseur, puisqu'aujourd'hui, le grand succès des humoristes passe obligatoirement par la présence médiatique, un gigantesque accélérateur de carrière. Un certain nombre de personnalités, comme Laurent Ruquier, ont réussi à s'imposer dans les grands médias pour proposer des tremplins aux nouveaux humoristes, mais c'est Coluche et Thierry Le Luron qui ont initialement contribué à familiariser le grand public au spectacle comique.

Avant, la provocation était nécessaire pour se faire connaître. Aujourd'hui, les artistes en ont moins besoin, car les médias leur offrent un espace d'expression, une plateforme exceptionnelle qui leur permet d'aller très vite. En revanche, contrairement à l'époque de Coluche, avec la troupe du Café de la Gare, les artistes d'aujourd'hui sont seuls, et quand ils ne percent pas, ils rament.

Quelles sont les tendances récentes ?

Il y a deux tendances. Tout d'abord, un travail de plus en plus grand sur le visuel, avec la création de véritables personnages, ou l'alliance par exemple de la magie et de l'humour dans le cas d'Eric Antoine. Il y a dix ans, cela ne marchait pas, mais aujourd'hui, ces humoristes-là commencent à avoir du succès, même si c'est plus compliqué à faire passer à la télévision. Sinon, la plupart des artistes qui percent ont de bons auteurs pour leurs textes. Par exemple, Nicolas Canteloup n'a percé que quand il s'est associé à Kad Rivière. Malgré une bonne présence sur scène, il faut donc que les artistes aient l'intelligence de bien s'entourer, s'ils n'ont pas de talent particulier pour l'écriture. Enfin, ce qui fait la force d'un artiste dans l'humour, c'est d'avoir une typicité, de camper un personnage.

On constate en tout cas une recrudescence d'artistes de qualité au niveau de l'humour (et surtout de femmes), même s'il n'y a pas de pointure comme Coluche. Mais je ne suis pas sûr que les médias laisseraient éclore un Coluche aujourd'hui. Avec le temps, son image s'est lissée, et on n'a gardé que les bons côtés du personnage, mais ce n'était pas forcément le cas il y a 25 ans.

Je pense que si Coluche et Le Luron sont restés si emblématiques, c'est parce qu'ils étaient les seuls, alors qu'il y a aujourd'hui une profusion de nouveaux talents. A niveau des sélections du festival de Rocquencourt, par exemple, on doit refuser de plus en plus de jeunes gens talentueux. On constate également un nombre croissant de personnes issus du monde "professionnel", qui abandonnent leur carrière pour devenir humoristes, et disposent en général d'une grande capacité d'improvisation. Mais en général, la plupart des humoristes sont hyper-professionnels, avec un timing à la seconde près, puisque malgré leur jeunesse, ils ont souvent 10 ans dr rôdage dans des petites salles derrière eux.

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