Colère des agriculteurs : et déjà, la majorité suggère un retour sur les promesses faites<!-- --> | Atlantico.fr
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Des agriculteurs sur la rocade de Rennes, dans l'ouest de la France, le 1er février 2024, dans le cadre de manifestations nationales organisées par plusieurs syndicats d'agriculteurs pour protester contre les taxes et les réglementations.
Des agriculteurs sur la rocade de Rennes, dans l'ouest de la France, le 1er février 2024, dans le cadre de manifestations nationales organisées par plusieurs syndicats d'agriculteurs pour protester contre les taxes et les réglementations.
©Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

Foire aux truffes

Maud Bregeon, porte-parole de Renaissance et députée de la majorité, a confirmé que le gouvernement souhaitait prendre quelques semaines pour discuter avec les agriculteurs de la mise en œuvre du plan EcoPhyto.

Christophe Boutin

Christophe Boutin est un politologue français et professeur de droit public à l’université de Caen-Normandie, il a notamment publié Les grand discours du XXe siècle (Flammarion 2009) et co-dirigé Le dictionnaire du conservatisme (Cerf 2017), le Le dictionnaire des populismes (Cerf 2019) et Le dictionnaire du progressisme (Seuil 2022). Christophe Boutin est membre de la Fondation du Pont-Neuf. 

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Alexandre Baumann

Alexandre Baumann

Alexandre Baumann est auteur de sciences sociales et sur de nombreux autres sujets (Antéconcept, Agribashing, Danger des agrégats, Cancer militant).

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Jean-Christophe Bureau

Jean-Christophe Bureau

Jean-Christophe Bureau est professeur d'économie à AgroParisTech et travaille sur les questions de commerce international dans le domaine de l'agriculture et de l'environnement. Il est chercheur associé au CEPII.

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Atlantico : Maud Bregeon, porte-parole de Renaissance et députée de la majorité, a confirmé sur France 2 que le gouvernement souhaitait prendre quelques semaines pour discuter avec les agriculteurs de la mise en œuvre du plan EcoPhyto. Est-ce que cette déclaration ne suggère pas que toutes les promesses envers les agriculteurs n’étaient que de la poudre aux yeux ? Qu’est-ce que cela nous dit de la nature du macronisme ? 

Christophe Boutin : Il y aurait beaucoup à dire sur le fameux plan EcoPhyto, qui est au cœur d’une partie au moins du débat, et dont on rappellera quelques points pour comprendre la situation. Ce plan est né de la constatation scientifique que le taux de pesticides utilisés en France, dans l’agriculture mais aussi dans le jardinage, public ou privé, avait des conséquences directes sur la qualité des eaux, la biodiversité, et, potentiellement, sur la santé humaine. L’idée, lancée en 2007, a donc été celle de réduire leur impact, en France mais aussi dans l’Union européenne avec une directive de 2009. Disons-le tout de suite, ce plan a été un échec - la diminution annoncée n’a pas eu lieu -, et il est régulièrement réévalué.

Ce plan de réduction des pesticides ne déplaît pas à une partie des agriculteurs, petits ou moyens, pleinement d’accord sur la question, mais plus aux grands producteurs de l’agriculture productiviste. Ces derniers se plaignent en effet, et à juste titre, de la concurrence déloyale de produits venant de régions du monde dans lesquelles il n’y a pas les mêmes limitations de pesticides, ce qui peut conduire à des volumes de production plus importants et donc à des coûts de vente inférieurs.

Les choses sont encore plus complexes quand se pose la question de l’indicateur utilisé pour mesurer l’évolution de l’usage des pesticides, parce que ces produits chimiques évoluent dans le temps et que leurs concepteurs arrivent, en en renforçant les effets, aux mêmes avantages dans un volume moindre. La seule question du tonnage est donc secondaire, et l’on a actuellement deux types d’indicateurs, l’indicateur dit de fréquence des traitements et un indicateur qu’on appelle l’indicateur de nombre de doses unités (le NODU), contesté par une partie des agriculteurs.

C’est donc dans ce contexte qu’il faut replacer ce que vient de dire la porte-parole de Renaissance. Poudre aux yeux ? Mais a-t-on bien annoncé la fin pure et simple d’EcoPhyto ? Pouvait-on d’ailleurs, devant quelque chose d’aussi complexe, avec des intérêts différents en jeu - y compris au sein des agriculteurs, mais il faut aussi tenir compte d’autres groupes de pression -, des règlementations nationales et européennes, donner une telle réponse en une semaine, ou même en quinze jours ? Sans doute pas. La solution retenue semble donc être de discuter avec les représentants des agriculteurs pour savoir comment pourra être maintenu - ou pas - le plan EcoPhyto, et comment le faire – ou pas - évoluer. En ce sens, il y a dans cette démarche une part de pragmatisme dont on ne peut que se féliciter.

Ce que l’on peut craindre, par contre, si l’on fait référence au macronisme et à ce que l’on a pu constater face à d’autres types de conflits, c’est que les débats qui suivront, les discussions qui vont avoir lieu, pourraient bien servir uniquement au gouvernement à expliquer sa position aux agriculteurs, sans réellement tenter de prendre en compte leur revendications.

Jean-Christophe Bureau : Certaines promesses ont eu des conséquences immédiates. C'est en particulier le cas des aides. Les "concours publics" (terme officiel qui mesure les subventions aux agriculteurs français financées par le contribuable français et européens) qui avaient atteint le montant record de 16.1 milliards d'euros en 2022 vont sans doute être accrues. Il faut comprendre que si l'on divise ce chiffre par le nombre d'exploitations agricoles en France (390 000 mais dont un quart de micro-exploitations pas réellement professionnelles) on dépasse les 40 000 euros de subventions en moyenne. Cela fait déjà des agriculteurs des fonctionnaires de fait. D'autres "promesses" sont moins crédibles. Il est possible que la France réussisse a à bloquer un accord avec le Mercosur en réunissant une minorité de blocage au sein du Conseil. Mais on voit mal l'Union européenne adopter une loi Egalim, même si la France peut obtenir quelques dérogations supplémentaires au droit de la concurrence pour les organisations de producteurs agricoles. Certains engagements sont difficilement tenables sur la simplification administrative, en tout cas à court terme.

Le plan Ecophyto n'a jamais eu de conséquences très concrètes pour les agriculteurs, à part des obligations de formation, de construire des locaux techniques fermés pour leurs produits toxiques et de contrôle de leurs pulvérisateurs. Ils n'ont jamais réellement dû réduire leur utilisation de pesticides. La suspension permet de réduire la paperasse, mais envoie surtout le signal que le gouvernement renonce à des ambitions environnementales. C'est surtout une victoire morale pour la FNSEA et la Coordination rurale.

Alexandre Baumann : Au contraire, le gouvernement aurait dû commencer par là. Si les initiateurs du plan avaient discuté avec les agriculteurs, ils auraient mieux compris les enjeux auxquels ces derniers font face, ce qu'ils peuvent améliorer et comment les y aider. Jusque-là, on a surtout eu une écologie contre les agriculteurs, propulsée par un écosystème basé sur la désinformation et la manipulation. Il serait souhaitable que le gouvernement s'empare du sujet autrement que pour faire des compromis avec les pseudo-écologistes.

Ensuite, il est aussi tout à fait possible que cette "discussion" ne soit qu'un paravent destiné à faire passer un autre de ces compromis, en écoutant d'une oreille pour, au final, n'en avoir rien à faire.
Donc, est-ce que " toutes les promesses envers les agriculteurs n’étaient que de la poudre aux yeux" ? Dans l'absolu non : il est bien, conformément à ses promesses, revenu sur la taxe sur le carburant agricole. Néanmoins, s'agissant du plan écophyto, qui est un de ces gages donnés aux écolos, je suis plus sceptique. Tant que Macron n'aura pas montré qu'il a pris la mesure du danger absolu posé par la pseudo-écologie, je ne lui accorderai aucune confiance. Il faut se rappeler qu'il a fermé Fessenheim. Combien son compromis a-t-il coûté à la France ?
Quel est l’historique du gouvernement en matière de promesses non tenues sur l’agriculture et l’environnement ? 
Jean-Christophe Bureau : Les promesses aux agriculteurs sont en général tenues sur le plan budgétaire ce qui n'est pas le cas des promesses aux enseignants ou aux soignants. Tout au long de l'année 2023 il y a eu une succession de dépenses budgétaires pour aider les agriculteurs, certaines particulièrement discrètes tant elles auraient choqué l'opinion publique (comme le fait de dépenser 200 millions d'euros pour détruire du vin, en août). Sur l'environnement, Emmanuel Macron a peu promis et il n'a pas réellement tenu de promesses faites à l'intention du vote vert, à l'exception de celles qui avantageaient des lobbies comme celui du BTP. C'est le cas des aides massives à la rénovation thermique, pas toujours efficaces sur le plan couts/bénéfices, ou des subventions à la voiture électrique, alors même que son bilan environnemental global est incertain par rapport à conserver un véhicule ancien. Ici les promesses aux agriculteurs vont plutôt dans le sens d'un moins disant environnemental, elles sont sans doute plus aisées à tenir. Par exemple, on a déjà vu le nombre de  peu de contrôles de l'Office Français de la Biodiversité dans les exploitations agricoles réduit par les préfets (1% des exploitations reçoivent une visite de l'OFB). Les installations classées au titre de l'environnement sont également l'objet de dérogations importantes aux règles environnementales ces dernieres années. Ceci n'est pas fait dans la transparence la plus totale ce qui pose un problème démocratique néanmoins.

Dans quelle mesure le macronisme a tendance à revenir sur les promesses passées (sur la crise des Gilets jaunes, pour les soignants, sur les retraites) ? Comment procède-t-il pour calmer les ardeurs lors des contestations sociales ? Quel effet politique cela produit-il ?

Christophe Boutin : La macronie n’a pas plus tendance à revenir sur ses promesses que les autres familles politiques qui ont conduit depuis des décennies la France dans la situation dans laquelle elle est. On connaît la grande formule selon laquelle « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » (ou « qui y croient », selon les versions). Elle ne date pas d’Emmanuel Macron, mais de Jacques Chirac, spécialiste du genre. En revanche, face à une contestation sociale, le macronisme a effectivement une série de moyens qu’il emploie de manière très régulière. 

Premier moyen, tenter de discréditer le mouvement dans l’opinion publique, comme cela a été fait de manière particulièrement réussie avec le mouvement des Gilets jaunes en permettant aux casseurs d’extrême gauche d’infiltrer leurs manifestations. Cela permet, lorsque le discrédit est assez important, d’engager un second moyen, une répression, sans faille. Elle a été, pour reprendre cet épisode des Gilets jaunes, d’une violence que l’on n’avait jamais connue en temps de paix en France depuis bien, longtemps, avec un nombre de blessés graves, stupéfiant. De manière moindre, les manifestations des soignants, souvenez-vous, ont aussi été traitées sans excessif ménagement. 

Lorsqu’il n’arrive pas à discréditer le mouvement, ou après, pour en éteindre les dernières braises, le macronisme engage ensuite, sans se presser, jouant sur le temps, une phase dite « de dialogue », mais qui est en fait toujours une phase de monologue. Le meilleur exemple en a été donné dans ce que l’on a appelé le « Grand débat », one man show d’Emmanuel Macron allant dans toute la France porter la bonne parole - ou plutôt sa bonne parole. Car dans le monde macroniste, celui du « cercle de la raison », on ne peut pas avoir tort, et si les gens se révoltent contre les mesures que l’on prend c’est uniquement parce qu’ils n’ont pas compris tout leur intérêt. On assiste donc à de longues heures de discours pseudo-pédagogiques sans que jamais ne soit vraiment remis en question le bien fondé du choix initial ou que l’on tente de vrai compromis avec les interlocuteurs.

Lorsque la pédagogie ne suffit pas, que l’opinion publique a pitié des manifestants, le macronie utilise enfin l’ultime parade : le chèque. Non pas des mesures qui changeraient les choses en profondeur et offriraient plus de liberté aux victimes de ses choix, mais des aides ponctuelles. S’ils creusent un peu plus un déficit déjà abyssal, ces chèques (énergie, réparation, rentrée, voiture, isolation, chaudière…) ont l’avantage de pouvoir être arrêtés d’un moment à l’autre. On maintient ainsi la tête juste hors de l’eau ces Français qui doivent continuer à pouvoir consommer, on les assujettit un peu plus en les faisant vivre dans la peur permanente de se noyer s’ils sont privés de cette aide, sans régler le moins du monde au fond la question qui a conduit à leur soulèvement. 

En quoi la stratégie du macronisme tend-elle à dévitaliser la démocratie ?

Christophe Boutin : J’aurais parfois envie de retourner la question en me demandant, non pas si le macronisme dévitalise la démocratie, mais si une démocratie dévitalisée ne produit pas le macronisme. S’il n’apparaît pas au moment où les gens abandonnent, ne croient plus en la démocratie, en leurs élus, en leur pays, et se replient petit à petit sur leur sphère privée. À ce moment-là en effet, un pouvoir hors-sol peut plus facilement imposer ses vues, et le macronisme serait un symptôme d’anomie politique, de perte du sens de l’intérêt commun dans une société déstructurée d’où la philia, l’amitié qui unit les membres de la Cité, a disparue.

Quant à savoir si ses méthodes vont revitaliser la démocratie, il est permis d’en douter quand elles consistent parfois à créer une démocratie parallèle avec un peuple de substitution. C’est le cas avec ces « conférences citoyennes » censés donner l’avis des Français - et même des Français éclairés, l’ayant été par les exposés d’experts ! Que les experts soient univoques, le panel des Français choisis trié avec soin, les jeux déjà faits sont autant d’éléments bien peu démocratiques. 

Les éléments classiques de la démocratie ? Indirecte elle passe par un parlement où siègent les représentants du peuple, élus et non nommés, et élus pour débattre, ce qui semble bien difficile de nos jours. Directe, elle suppose de redonner la parole au peuple par le biais du référendum. D’un référendum dont Emmanuel Macron aura beaucoup parlé, mais qu’il ne semble guère décidé à employer, pas même, on le voit bien avec le remplacement de la proposition de loi par un projet de loi, pour la constitutionnalisation de l’interruption volontaire de grossesse.

Que faut-il penser de la décision de mettre en pause le plan EcoPhyto ? Ses fondements scientifiques sont-ils vraiment rationnels ? Cibler les pesticides ne contribue-t-il pas à encourager l’agribashing et les militants écologistes qui pointent du doigt les agriculteurs ? Vaudrait-il mieux améliorer la pertinence des indicateurs, notamment soutenir l’adoption d’un indicateur européen qui soit pondéré par le risque, par rapport aux produits phytosanitaires ?
Jean-Christophe Bureau : Le plan Ecophyto n'a pas eu de résultats probants en terme de réduction de l'utilisation des pesticides. Il a néanmoins permis de susciter une recherche sur les alternatives qui est assez dynamique. Mais la mise en place de cette recherche se heurte à des blocages institutionnels et techniques, ainsi qu'à des problèmes de prix des facteurs de production. Par exemple une des alternatives les plus probantes techniquement est de diversifier ses cultures et de faire des associations de cultures sur une même parcelle. Les agriculteurs qui appliquent ceci ont des fortes réducitons de dépenses de phytosanitaires. Mais les coopératives dissuadent les cultures associées car cela implique des investissement pour.... trier les différentes graines ! Ce n'est que l'un des multiples exemples de blocage institutionnel. Le coût du travail élevé, alors que les phytos sont peu taxés, rend économiquement dissuasif des solutions mécaniques par rapport au chimique. Les pesticides sont, avec l'irrigation, un des points qui déclenchent de l'agribashing. Mais sur ce point, les agriculteurs risquent d'avoir gagné une victoire à la Pyrrhus avec la suspension du plan Ecophyto. Les avancées médicales établissent des liens de plus en plus nets entre les pesticides et les maladies neuro-dégénératives (Parkinson), les perturbations endocriniennes responsables de la forte augmentation des allergies, des baisses de fertilité et des pubertés précoces. Et les tribunaux reconnaissent de plus en plus ces faisceaux de présomption à défaut d'avoir des preuves certaines. Donner l'image qu'on s'attache mordicus aux pesticides à une population peu informée des réalités agricoles va je pense miner le capital de sympathie dont bénéficient les agriculteurs auprès de la population.
Pour ce qui est des indicateurs, il s'agit de combiner des molécules très variées aux effets et à la dangerosité très diverses. Les indicateurs du plan Ecophyto sont grossiers (nombres de doses unité, indice de fréquence de traitement) mais on n'a pas réellement trouvé mieux. Ce qui est anormal c'est que les listes de phytos autorisés puissent être différentes entre Etats membres. Au départ ceci a correspondu à des maladies et adventices différents, ainsi qu'au développement différencié de résistances, mais cela devient une distorsion de concurrence.
Alexandre Baumann : Les indicateurs retenus pour Ecophyto, IFT, QSA puis NODU, sont largement contestés. Géraldine Woessner va jusqu'à les accuser de n'avoir aucune pertinence scientifique dans un récent thread sur Twitter, reprenant son article. Elle soulève l'absence de prise en compte des évolutions réglementaires : si la dose de référence d'un produit diminue, les doses appliquées augmenteront "magiquement" d'autant. Cela signifie que plus les limites autorisées sont restrictives, plus les doses sont conçues comme élevées, même si l'agriculteur n'a rien changé ! Elle prend l'exemple suivant pour le NODU:
" Ainsi, un tiers de dose de glyphosate (0,3 Nodu) a été remplacé par deux doses d'un produit de biocontrôle (2 Nodu) Depuis des années, à chaque publication des bilans des différents plans Ecophyto qui se sont succédé, c'est un sujet de discorde récurrent : le Nodu trompe sur la réalité des changements de pratiques. Pour prendre une comparaison simple : si en médecine, on considère comme un progrès pour le patient le remplacement de 10 milligrammes de morphine par 3 grammes de paracétamol, en agriculture l'indicateur s'affole d'une scandaleuse hausse de l'usage des pesticides !"
Il y a d'autres finesses. Par exemple, Christophe Boizard (@agritof80) donne un exemple concret   :
"Je desherbe du blé avec 0.6L de Fosburi (240g Flufenacet + 120g DFF). IFT = 1
Le lendemain, je désherbe une autre parcelle avec 0.24 compil (120g DFF) et 0,4 Fenacet 600 (240g Flufenacet). IFT = 0.48 +1 = 1.48

A quel moment les 0,48 d'écart d'IFT sont pertinents ?"
Selon lui, la différence entre IFT et NODU serait que le premier est basé sur le produit commercial, alors que le second est basé sur les matières actives.
On devine un dispositif d'une complexité administrative infinie (ce qui laisse suspecter une violence administrative, que je dénonce comme un des aspects de l'agribashing) avec une infinité de petites absurdités.
On voit se dessiner d'autres failles. Ainsi, ils ne prennent pas non plus en compte l'imperfection des substitutions. Par exemple, en 2021, au lieu d'avoir eu un seul traitement de néonicotinoïdes en enrobage qui suffisait, les agriculteurs ont été forcés de se tourner, pour faire face à l'infestation de pucerons, vers plusieurs traitements de pyréthrinoïdes, pour une efficacité discutable. D'ailleurs, ils ne prennent pas en compte non plus l'évolution du contexte, comme la pression des nuisibles. La sécheresse peut, au contraire, diminuer l'utilisation des pesticides, s'il n'y a pas assez de récolte à sauver. Une pluie importante peut aussi faire monter le NODU:
« Faute de pouvoir labourer du fait d’une pluviométrie importante en fin d’automne et au début du printemps, les exploitants ont un recours accru les années pluvieuses au désherbage chimique » (cité par Agriculture et Environnement)
Le NODU et le QSA, renseignant les ventes, négligent aussi les effets d'opportunité, comme l'annonce d'une taxe qui avait fait augmenter de plus de 20% les ventes en 2018.
Une autre charge très sérieuse contre ces indicateurs est qu'ils ne prennent pas en compte la dangerosité des produits, alors que les pesticides CMR (cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques avérées) ou en étant suspectés ont radicalement chuté depuis quelques années.
Un rapport parlementaire conclut: "Le Nodu est ainsi inopérant s'il s'agit de rendre compte des risques induits par les produits utilisés pour l'environnement et la santé. Il ne faut pas négliger le côté décourageant que peut avoir un tel indicateur, pour les producteurs qui estiment faire des efforts pour réduire les risques liés aux pesticides" (Usine Nouvelle)
L'absurdité fondamentale de l'indicateur apparait du reste dans une réalité simple: si les agriculteurs arrêtent de produire, ils n'utiliseront plus du tout de pesticides. Une belle victoire pour les écologistes ...
En même temps, comme le chiffre arbitraire de 50% peut le laisser supposer, ce n'est au final qu'un de ces nombreux compromis, accordés par les gouvernement successifs par pure lâcheté politique pour flatter le lobby pseudo-écologiste. Gilles Rivière-Wekstein revient sur ce sujet dans un article publié hier.

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