Clash Retailleau / Sarkozy : combien de divisions réciproques ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, le 21 septembre 2022
Le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, le 21 septembre 2022
©Emmanuel DUNAND/AFP

« Une vraie ligne rouge franchie »

Selon l’Express, Nicolas Sarkozy a confié qu’il quitterait LR si Bruno Retailleau en devenait le Président. "Qu'il le fasse" a répondu le sénateur de Vendée.

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

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Atlantico : Selon L'Express, Nicolas Sarkozy aurait confié à un élu de droite qu'en cas d'élection de Bruno Retailleau à la tête du parti, il quitterait sa famille politique. Une information démentie auprès du Parisien mais à laquelle le candidat à la présidence de LR a réagi ce mardi sur Europe 1. « Si Nicolas Sarkozy souhaite quitter LR, qu'il le fasse, je ne le retiendrai pas et même je le comprends » a-t-il commenté. En actant la rupture avec l’ancien président, Bruno Retailleau prend-il un risque ?

Maxime Tandonnet : Non, on ne peut guère parler de risque sur le plan politique. Tout cela n’est pas illogique. L’ancien président de la République a soutenu le président Macron à la présidentielle et il a souhaité un accord de gouvernement entre les macronistes et le parti LR. Bruno Retailleau est sur une ligne diamétralement opposée et veut fonder le renouveau de la droite sur le rejet de la personnalité et de la politique du chef de l’Etat. Les militants de LR sont aussi globalement sur une ligne d’opposition franche. Il faut dire que les partisans de M. Macron sont déjà partis de LR ou ils ont adhéré à Renaissance ou le parti d’Edouard Philippe. Candidat à la présidence de LR, Bruno Retailleau par ces déclarations confirme sa ligne anti-Macron largement majoritaire chez les futurs électeurs du parti.   


Que représentent aujourd’hui Nicolas Sarkozy au sein du parti et le Sarkozysme comme courant au sein de LR ? 

Le président Sarkozy n’a jamais cessé de répéter qu’il n’était plus dans le jeu politique. Il représente une figure emblématique forte de la droite classique, notamment par son engagement sur les sujets régaliens, immigration et sécurité qui sont au centre des préoccupations actuelles. Cependant il n’y a plus vraiment (me semble-t-il) de courant sarkozyste au LR au sens de personnes qui espéreraient son retour à la politique politicienne ou qui défendraient encore la ligne politique qu’il a soutenue depuis quelques mois en faveur d’un ralliement au macronisme et d’un accord de gouvernement avec les macronistes. Les « Macron compatibles » de LR ont probablement quitté le parti pour rejoindre les formations qui soutiennent la politique du chef de l’Etat. 

La tendance incarnée par Bruno Retailleau est-elle actuellement en force au sein de LR ? 

Il est certain que LR actuel s’est rapproché du RPR traditionnel. En raison de la fuite d’une partie de ses personnalités et de militants vers le macronisme, la frange centriste, libérale et européiste incarnée par exemple par M. Raffarin a rompu avec le parti. Mme Pécresse qui pouvait aussi dans une moindre mesure incarner cette ligne est marginalisée par sa défaite des présidentielle. A cela s’ajoute la prise de distance de Xavier Bertrand sur une ligne gaulliste sociale, puisqu’il a créé sa propre formation. Ainsi, LR s’est rapproché d’un parti conservateur, sans aucune connotation péjorative à ce terme. Alors oui, Bruno Retailleau comme d’ailleurs Eric Ciotti pour le régalien sont assez conformes à cette ligne. Cela a l’avantage de la clarification idéologique. Le risque est celui du rétrécissement de la base électorale, la question étant toujours d’atteindre les 50% pour gagner une élection... 

Ce clash risque-t-il de nuire à LR, en vue de l’élection du président du parti comme des futures échéances ? Quelle solution apporter ? 

Au-delà de l’élection à la tête de LR, il me semble que ce clash est assez préoccupant. Le drame de la politique française tient à la perte de confiance des citoyens envers la politique. Cela ne touche pas que LR évidemment. Voyez l’état de la gauche actuellement, dévastée par son naufrage dans le wokisme et les scandales conjugaux. Voyez l’état du macronisme qui ne cesse de s’enfoncer dans les difficultés, l’impuissance, l’esbroufe et les affaires. Quant à la droite radicale, elle ne perd rien pour attendre, empêtrée dans ses allégeances passées au régime de Poutine. Franchement les Français dans leur majorité se disent qu’il n’y en a aucun pour racheter l’autre. Alors, les Français ne croient plus dans la parole politique. Le parti LR, comme tous les autres, est extrêmement fragilisé. Les Français attendent des politiques qu’ils proposent des solutions à leurs problèmes et qu’ils portent un message de vérité. Les petites phrases, d’où qu’elles viennent, les bisbilles, les bagarres en tout genre ne font qu’amplifier le dégoût de l’immense majorité – et l’abstentionnisme. Le drame de la plupart des responsables politiques français, c’est leur déconnexion, leur incapacité à sentir à quel point le pays souffre, s’inquiète pour son avenir et celui de ses enfants. Il attend des réponses à cette angoisse et se désintéresse de plus en plus du marigot. 

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