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Où va la CIA ? (en Chine...)
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Petraeus et coutumes

Le général David Petraeus vient d'être nommé à la tête de la CIA en remplacement de Leon Panetta. Désormais, l'agence de renseignement américaine devrait se tourner vers l'Asie, comme nous l'explique Charles Cogan ancien membre de la CIA.

Charles  Cogan

Charles Cogan

Charles Cogan, né en 1928  est un militaire et journaliste américain ayant travaillé pour la CIA., notamment comme chef de station à Paris de 1984 à 1989. Aujourd'hui, il est chercheur émérite à l'université Harvard et auteur de nombreux ouvrages sur les questions d'intelligence et de diplomatie.

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Atlantico : Quelle est la marge de manœuvre d'un directeur de la CIA par rapport à la politique étrangère du Président américain ?

Charles Cogan : La CIA est au service du Président, elle lui transmet les informations, mais elle n'est pas censée se mêler de la haute politique ou influencer les décisions. Bien sûr, c'est un peu un mythe, car dès lors que l'on manie un renseignement, on se mêle de politique. Mais c'est la règle.

David Petraeus n'est plus dans la chaîne de commandement militaire : il ne peut donc plus donner d'avis militaires. Curieusement, il voulait ce poste, même s'il aurait eu plus de pouvoir en tant que Secrétaire à la Défense. Pour Obama, c'est en tout cas une bonne nouvelle, car il ne peut plus se présenter contre lui à la présidence en 2012, comme il comptait peut-être le faire, notamment en raison de leurs relations difficiles.

L'arrivée de l'ancien directeur de la CIA Leon Panetta au Pentagone illustre pourtant la grande proximité entre les renseignements et l'armée américaine...

La nomination de Panetta a en effet été facilitée par sa très bonne réputation auprès des sénateurs [qui ont confirmé sa nomination par le vote, ndlr], notamment du fait de son expérience politique – il a été secrétaire général de la Maison Blanche et a travaillé au Congrès. Il s'est par ailleurs très bien acquitté de sa tâche à la tête de la CIA, couronnée par la mort de Ben Laden, une illustration parfaite de la nouvelle coordination entre les militaires, chapeautés par M. Petraeus, et la CIA. C'était une décision très courageuse de la part d'Obama, car l'opération était extrêmement risquée, et a failli compromettre les relations entre le Pakistan et les États-Unis. En effet, on se savait pas qui était vraiment à l'intérieur du bâtiment, ni comment les forces pakistanaises réagiraient à l'intervention américaine.

Le fonctionnement de la CIA a-t-il beaucoup évolué depuis l'époque des coups d'État et des assassinats politiques ? L'agence nourrit encore beaucoup de fantasmes...

Dans le temps, la coordination fonctionnait assez mal, en témoigne la récupération ratée des otages en Iran en 1980. La situation a beaucoup changé aujourd'hui, à tel point que beaucoup de gens pensent que la CIA est aujourd'hui trop liée aux militaires, notamment par ses opérations de soutien à l'effort militaire en Irak et en Afghanistan.

M. Petraeus, qui a une vision très stratégique, va certainement détourner progressivement l'attention de l'agence de l'Afghanistan vers l'Extrême-orient, qui est le champ du futur pour le renseignement américain. En effet, en 2014, il n'y aura quasiment plus de troupes américaines en Afghanistan, et les intérêts américains seront bien davantage du côté de la Chine. Toutefois, la menace terroriste ne disparaîtra pas complètement du champ d'action de l'agence, car même si l'assassinat de Ben Laden aura eu un impact profond sur Al-Qaeda, cette menace perdurera toujours quelque part sur le globe, même réduite.

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