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Chronique d'un médecin du Raid au Bataclan : la longue et dangereuse progression lors de l'assaut
©emMarketer/Statista

Bonnes feuilles

Ce document unique est une plongée au coeur de l’unité d’élite du RAID. Son Médecin chef, Matthieu Langlois, a été le premier homme à pénétrer dans l’enfer. Il est 21 heures 35 et Paris est « en guerre » comme le déclare notre Premier ministre devant les caméras. Les différentes unités d’élite (RAID, BRI…) se rejoignent sur le pavé du 11ème arrondissement. En moins de trente minutes, le quartier est entièrement « verrouillé ». À l’intérieur du Bataclan plus de trois mille personnes à sauver. Extrait de "Médecin du Raid" de Matthieu Langlois aux éditions Albin Michel (2/2).

Matthieu  Langlois

Matthieu Langlois

Matthieu Langlois est médecin-chef du Raid depuis 2007. Il a été notamment chargé de la coordination des opérations médicales dans les interventions du Raid après les attentats de Paris au Bataclan, de Toulouse et de l’Hyper Cacher.

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Les étages sont en cours d’évacuation quand je suis averti par radio que l’assaut va être lancé. C’est le groupe de la BRI, sous les ordres de Christophe Molmy, qui donnera le top. Le groupe du RAID restera dans l’escalier pour empêcher toute tentative de fuite des terroristes. J’essaye de ne pas m’en préoccuper. Stéphane et Manu, qui accompagnent les mecs, sauront faire face si l’assaut provoque de nouveaux blessés. Je n’ai aucun doute là-dessus.

Nous sommes confiants. Et prêts. Les détonations résonnent à travers la cloison. Les coups de feu ont finalement été assez rares ce soir. Nous en avons entendus bien moins qu’à Toulouse, lors de la neutralisation de Mohammed Merah, où les échanges de tirs ne cessaient pas.

Nous restons avec les hommes du RAID dans ce bureau du premier étage et continuons l’évacuation par la fenêtre. L’assaut est bref. Un policier est blessé à la main par un tir de Kalachnikov, mais ne court pas de plus grand risque pour sa vie. Manu l’évacue. J’en informe Denis : c’est l’un de ses hommes, et il préférera probablement s’occuper de son hospitalisation. Les gilets des deux terroristes ont été détruits, et ne représentent plus un danger majeur. Dans les rangs du RAID ou de la BRI, aucun blessé grave n’est à déplorer. Je me fiche bien de connaitre les détails tactiques de l’assaut lui-même. Les deux terroristes sont neutralisés. C’est tout ce que je retiens.

Le plus dur est fait. Le danger lié aux ceintures d’explosif est écarté, même s’il faudra de longues heures au déminage pour sécuriser totalement la zone. À Toulouse, nous avions craint, plusieurs heures durant, la menace d’une explosion imminente. Au cours de notre intervention porte de Vincennes, nous avions anticipé le fait que l’une des voitures garées devant le magasin pouvait être piégée. Ce soir, nous sommes si débordés que je n’y ai songé que quelques minutes.

Certains membres du RAID sont entrainés pour libérer un passage dont on a des raisons de croire qu’il est piégé. On parle alors de « dépiégeage d’assaut» : l’objectif est de faciliter la progression du groupe. Le déminage est un autre métier, plus long et minutieux. De nombreux hommes du service en ont d’ailleurs fait leur spécialité, en rejoignant les démineurs de la sécurité civile. Il faut beaucoup de temps pour mener un déminage et lever complètement le risque d’explosion. Nous ne disposons pas de ce temps, si nous voulons prendre en charge les victimes et libérer les otages. Cela conforte, s’il le fallait encore, notre doctrine fondée sur une « extraction dynamique » des blessés. Cet assaut m’en rappelle un autre : celui dans l’appartement de Mohammed Merah. Mon baptême du feu.

Extrait de Médecin du RAID, de Matthieu Langlois (avec la collaboration de Frédéric Ploquin), publié aux éditions Albin MIchel. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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