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Ceux qui ont des enfants et les autres… ces différentiels de natalité qui se cachent derrière la baisse des naissances en France
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

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Le nombre de naissances a baissé en France durant l'année 2017. Cette tendance se poursuit inexorablement depuis 2010.

Atlantico : Selon les chiffres publiés par l'INSEE, confirmant ainsi sa première livrée de janvier dernier, le nombre de naissances a baissé en France au cours de l'année 2017 (730 000 enfants), poursuivant ainsi une tendance initiée depuis l'année 2010. Quel point peut-on faire entre les évolutions de tendance entre les enfants nés de deux parents français, et celles des enfants nés d'1 ou de 2 parents étrangers ?

Laurent Chalard : La tendance qui se constatait depuis 2010, c’est-à-dire une réduction du nombre de naissances en France métropolitaine s’expliquant exclusivement par la baisse de leur nombre dans la catégorie des « nés de deux parents français », s’est effectivement poursuivie en 2017. En effet, les naissances de deux parents français ont diminué de 14 921 unités alors que les naissances totales n’ont baissé que de 14 455 unités. Seules les naissances de deux parents étrangers ont progressé légèrement en 2017, soit de 1200 unités, les naissances de la catégorie « un parent français, un parent étranger » diminuant aussi. Cette évolution est assez logique. La baisse de la fécondité touche toutes les catégories de population, mais la structure par âge beaucoup plus jeune de la population étrangère et la poursuite de l’immigration sont à l’origine de la légère progression des naissances de deux parents étrangers.

Ce différentiel constaté est-il à la hausse ? Les deux tendances peuvent-elles converger avec le temps, et si oui, selon quelles conditions ? 

Le différentiel constaté ne s’est pas accentué par rapport aux années précédentes, puisque les évolutions sont à peu près les mêmes pour les trois grandes catégories déterminées par l’Insee : chute des naissances de deux parents français (effet combiné de la structure par âge vieillie et de la réduction de la fécondité), baisse des naissances « un parent français, un parent étranger » et légère hausse des naissances de deux parents étrangers.
Par effet structurel, le volume de naissances de parents étrangers est appelé à continuer d’augmenter, sauf si la fécondité venait à s’y réduire drastiquement ou si, scénario peu probable, le solde migratoire pour les étrangers devenait négatif. Par contre, concernant les naissances de deux parents français, l’évolution est beaucoup moins prévisible, tout dépendra des niveaux de fécondité constatés les prochaines années. Si la fécondité continue de diminuer, la tendance baissière devrait se poursuivre pendant un certain temps. Par contre, une remontée de la fécondité au niveau de 2010 pourrait conduire à une légère hausse des naissances de deux parents français. Donc, à court terme, la convergence est possible, mais guère probable.

Est-il possible de faire des prévisions concernant les évolutions futures de ces tendances ? Cette baisse globale est-elle vouée à perdurer et pourrait-elle franchir le point de 1994, et ses 711 000 naissances ? 

Projeter des volumes totaux de naissances relève de la gageure, comme en témoigne les projections de l’Insee qui s’avèrent toujours, a posteriori, assez éloignées du nombre de naissances qui ont effectivement eu lieu l’année projetée. En effet, l’évolution des naissances est dépendante de trois facteurs : - le nombre de femmes en âge de procréer, une donnée disponible à 15 ans, les femmes concernées étant déjà nées, - les niveaux de fécondité et d’immigration, tous les deux imprévisibles, variant d’une année à l’autre en fonction de facteurs structurels (évolution des mentalités) et conjoncturels (économie, politique).
Concernant la France métropolitaine, le nombre de femmes en âge de procréer devrait se réduire encore un peu les prochaines années avant ensuite de ré-augmenter lorsque les générations plus nombreuses nées dans les années 2000 commenceront à avoir des enfants, conduisant potentiellement à une évolution à la hausse du nombre de naissances dans quelques années. Cependant, le niveau de fécondité étant actuellement à la baisse, on ne sait pas jusqu’où il va descendre, ce qui est plutôt un facteur de réduction du nombre de naissances. Par ailleurs, la poursuite d’une immigration internationale est un facteur conduisant à la hausse des naissances. Il s’ensuit que le passage sous le point bas des 711 000 naissances de 1994 ne pourrait avoir lieu que si la fécondité continuait de diminuer (qui est, rappelons-le, la tendance structurelle actuelle), sinon, elle devrait rester au-dessus de cette barre.

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