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Cette nouvelle réglementation des Nations-Unies sur le point de mettre un terme à l’une des expérimentations accidentelles les plus efficaces contre le dérèglement climatique
©Reuters

Réchauffement climatique

Une décision de l'ONU sur le trafic maritime imposera d'ici à 2020 une réduction du taux de soufre dans le carburant utilisé (de 3,5% à 0,5%). Mais, fait étrange, le soufre émis par les bateaux aurait permis de refroidir la température à la surface du globe.

Olivier  Boucher

Olivier Boucher

Olivier Boucher a été chef de l’équipe « Climat, chimie et écosystèmes » au Centre Hadley du Met Office britannique de mars 2005 à mai 2011. Il est actuellemntent directeur de recherche au Laboratoire de météorologie dynamique. Il a coordonné le chapitre « Nuages et aérosols » du cinquième rapport d'évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec).

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Atlantico : Une décision de l'ONU sur le trafic maritime imposera d'ici à 2020 une réduction du taux de soufre dans le carburant utilisé (de 3,5% à 0,5%). En réponse, le MIT a pointé du doigt les conséquences contrintuitives que pourrait avoir cette décision. La pollution au soufre par les bâteaux aurait permis de réduire la température à la surface du globe de 0,25 degrés Celsius. Comment expliquer cet effet inattendu de la pollution au soufre ? 

Olivier Boucher : Les émissions de dioxyde de soufre (SO2) conduisent à une augmentation des concentrations en particules dans l’atmosphère. Or celles-ci réfléchissent le rayonnement solaire et rendent les nuages plus brillants. Ces effets sont incertains, mais dans l’ensemble, cette pollution a sans doute causé jusqu’à maintenant une réduction de la température du globe qui a masqué une petite partie du réchauffement dû aux gaz à effet de serre.

Est-ce que cette décision est de nature à renforcer le réchauffement climatique ?

Oui, à la différence des gaz à effet de serre comme le CO2, les particules ne séjournent pas longtemps dans l’atmosphère. L’effet refroidissant s’arrêtera donc rapidement avec la diminution des émissions de soufre. On estime que cela peut renforcer le réchauffement climatique (de l’ordre de 0,1 à 0,2 °C) dans la décennie qui suivra l’implémentation de cette mesure.

Est-ce que l'ONU ne serait pas là en train de se "tirer une balle dans le pied" en interrompant une expérience de géoingénierie mondiale ? 

On ne peut pas parler de géoingénierie pour la pollution actuelle au soufre car celui-ci n’est pas introduit de manière délibérée dans les combustibles pour refroidir le climat (le soufre est présent en quantités variables dans le pétrole). La réduction des teneurs en soufre sera bénéfique en termes de qualité de l’air, en particulier dans les régions côtières, ce qui est l’effet recherché. La décision de l’Organisation maritime internationale aurait néanmoins mérité plus de concertation pour ce qui est des émissions de soufre en haute mer dont l’impact environnemental est moindre et l’effet refroidissant « bénéfique » pour le climat compte-tenu du réchauffement actuel et de ses impacts.

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