Ces virus zombies que le réchauffement climatique pourrait faire s’échapper de l’Arctique<!-- --> | Atlantico.fr
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Une image mise à disposition par la NASA montre une zone de la banquise arctique au nord-est des îles de Nouvelle-Sibérie.
Une image mise à disposition par la NASA montre une zone de la banquise arctique au nord-est des îles de Nouvelle-Sibérie.
©NASA / AFP

Epidémies

D'anciens virus piégés dans le permafrost en Sibérie pourraient bientôt être libérés et provoquer une nouvelle pandémie mortelle avec le réchauffement climatique et l'augmentation du trafic maritime.

Christopher Payan

Christopher Payan

Christopher Payan est virologue au CHU de Brest et professeur à la faculté de médecine de l'université de Bretagne Occidentale (Brest).

Il est l'un des auteurs de Mini manuel de microbiologie (Editions Dunod)

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Atlantico : Des virus emprisonnés dans le pergélisol en Arctique, dans le permafrost en Sibérie, peuvent-ils réellement exposer la population à de nouvelles pandémies avec le réchauffement climatique ?

Christopher Payan : Ils ont en effet trouvé des poliovirus anciens. Ce sont des virus qui peuvent effectivement persister très longtemps dans l'environnement, ce qui est peut-être moins vrai avec les poxvirus et a fortiori encore moins vrai avec les coronavirus. Ils ont trouvé des génomes d'herpès, et quand vous trouvez des génomes, ça ne veut pas dire qu'ils sont infectieux. Cela signifie que vous avez de l'ADN qui n'est pas forcément identifié à l'intérieur d'un virus, mais qui peut être simplement un virus qui aurait été fragmenté et dont on retrouve l'ADN. 

L’herpès virus est un virus très fragile dans l'environnement. De fait, il n'y a jamais de contamination de l'environnement par l’herpès. Il a très peu de chance effectivement de sortir du permafrost s'il est présent parce que l'ADN qu'on retrouve, c'est de l'ADN de virus dégradé et qui ne pourrait pas contaminer. Donc je pense que dans les virus zombies, il peut y avoir des virus potentiellement infectieux s'il y a notamment des polios. Il y a toujours des cas de polio dans le monde. Si vous regardez la littérature scientifique, il y a des cas de polio qui sont décrits dans le monde et c'est pour cela qu'on continue de vacciner contre la polio aujourd'hui. Il s'agit d'un virus très ancien et effectivement qui, lui, se transmet par l'environnement. A l’image des virus comme les rotavirus (qui donnent la gastro-entérites hivernales) ou les norovirus, ce sont des virus de l'environnement que l’on peut retrouver enfouis et conservés depuis très longtemps à grand froid, et ils peuvent être potentiellement infectieux. 

Effectivement, il y a probablement une possibilité d'émergence avec des virus qui se conservent bien dans l'environnement. Donc  cela concerne certains virus mais pas tous, le VIH par exemple, il ne pourra jamais sortir du permafrost parce que c'est un virus qui est fragile et qui se transmet d'individu à individu et qui ne se transmet pas de l'environnement.

Quelle est la réalité de cette menace ? Ces virus zombies, piégés, sont-ils si nombreux ? Risquent-ils de déclencher de nouvelles épidémies incontrôlables ?

La menace est modérée. Dans ces régions du monde très peu peuplées, le virus peut être vite circonscrit parce qu'il y a des grandes étendues de froid avec peu de personnes. Il n'y a pas de voyageurs, il n'y a pas de touristes, il n'y a pas énormément de gens qui vont là-bas. Donc, s'il y avait une contamination, effectivement, avec des gens dans ces pays froids qui se contaminent, il serait facile d’isoler le virus.

L’évolution de la recherche et la multiplication d’études dans ce domaine permettent-elles d’être suffisamment vigilants face à cette menace ? Serait-il facile de créer un antidote ou un vaccin face à ces virus « anciens » qui sont emprisonnés ? 

Des vaccins seraient alors produits à partir du génome et donc à partir du moment où on a isolé le génome de virus émergents, il serait assez simple de reproduire des vaccins ARN comme cela a été le cas pour la Covid. Nous savons comment réagir rapidement avec un vaccin sur la base de vaccins ARN messager et pour lequel on n'a pas besoin du virus entier, seule une partie du génome est nécessaire. Cependant, il faut connaître la nature du virus, mais il y a un modèle aujourd'hui pour pouvoir répondre rapidement et à l'échelle mondiale. 

En revanche, quand vous avez un virus émergent qui sort en Chine ou en Inde, avec une forte densité de population, des gens qui bougent énormément, il y a un plus grand risque de diffusion dans ces populations, comme on a connu avec la Covid. Dans des régions un peu désertiques et où il y a peu de mouvements de population, le risque d'expansion est limité.

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