Ces trois objectifs des discours de Vladimir Poutine (et ce qu’il n’a pas dit dans celui de 2023) <!-- --> | Atlantico.fr
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Tout en s'insurgeant contre l'Occident, Poutine ne l'a pas menacé, promettant seulement de continuer à se battre en Ukraine.
Tout en s'insurgeant contre l'Occident, Poutine ne l'a pas menacé, promettant seulement de continuer à se battre en Ukraine.
©Sergei SAVOSTYANOV / SPUTNIK / AFP

Discours ennuyeux

Sam Greene a analysé le discours de Vladimir Poutine.

Sam Greene

Sam Greene

Sam Greene est professeur de politique russe au Russia Institute au King's College de Londres. Directeur de la résilience démocratique au Centre d'analyse des politiques européennes (CEPA). Co-auteur de « Poutine contre le peuple » (2019 - Yale University Press).

 

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Vous pouvez retrouver l'entretien de Guillaume Lagane sur l'absence d'un même narratif côté occidental.

Il aurait pu établir un programme pour une économie et une solidarité sociale en temps de guerre, mais il ne l'a pas fait. Il aurait pu clarifier ses objectifs de guerre, mais il ne l'a pas fait. Il aurait pu faire des menaces explicites d'escalade, mais il ne l'a pas fait.

Comme je l'ai déjà dit, les discours de Poutine sont conçus pour faire trois choses : fournir une marge de manœuvre rhétorique, galvaniser les publics nationaux et désorienter les publics étrangers. Ils ne sont pas conçus pour être réellement informatifs.

Ce discours s'inscrit dans ce moule : il justifie la poursuite de la guerre sans préciser les objectifs stratégiques, il alimente une peur amorphe des États-Unis et de l'OTAN chez les Russes et il tente - vaguement - d'amener Washington à s'inquiéter du contrôle des armes nucléaires.

Sur le fond, cependant, le discours était plutôt ennuyeux. Tout en s'insurgeant contre l'Occident, Poutine ne l'a pas menacé, promettant seulement de continuer à se battre en Ukraine. Ici, les combats sur le champ de bataille sont plus éloquents que la rhétorique de Poutine.

Je ne suis pas un spécialiste du nucléaire, mais la suspension de START III à un moment où la Russie s'efforce de produire suffisamment de fusées conventionnelles n'annonce pas une course aux armements immédiate - et, au contraire, elle permet à l'Occident d'aller de l'avant sans se soucier du traité.

Mais c'est le front intérieur que je trouve le plus intriguant. Le Kremlin avait signalé qu'il y aurait un soutien social accru - mais ce n'est pas vraiment le cas. Un peu plus de vacances pour les soldats, une augmentation mineure du salaire minimum, et c'est à peu près tout.

Le discours reflète donc une combinaison des options limitées de Poutine par rapport à la guerre elle-même et de sa complaisance évidente par rapport à l'opinion publique.

M. Poutine semble convaincu que les Russes ordinaires lui permettront de continuer aussi longtemps qu'il le pourra ou le souhaitera, mais il ne leur promet rien de particulier, ni en Ukraine ni à l'intérieur du pays, probablement parce qu'il est peu confiant quant à ce qu'il peut réellement offrir.

Retrouvez le thread original de Sam Greene sur Twitter.

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