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Ces risques pointés par la Grande-Bretagne sur l’utilisation des voitures sans conducteurs
©Uber Newsroom

L'ombre d'un doute

Le gouvernement britannique a commandé une étude pour savoir ce que représenterait le marché des voitures autonomes en 2030. Derrière les progrès optimistes affichés par les concepteurs, de nombreuses zones d'ombres restent à éclaircir avant d'avoir un moyen de transport vraiment sûr.

Michel Volle

Michel Volle

Michel Volle est économiste français.

Diplômé de l'École Polytechnique et de l'École Nationale de la Statistique et de l'Administration Économique, il est l'auteur d'un blog dédié à l'actualité économique.

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Atlantico : Des recherches mandatées par le gouvernement britannique ont eu pour mission de dresser une prospection de ce que pourrait être le secteur des voitures autonomes à l'horizon de l'année 2030. La voiture autonome pourrait créer 320.000 emplois en Grande-Bretagne et sauver 2500 vies humaines par an. Pourtant, des cas de figures assez pessimistes sont abordés par cette commission. Par exemple, si un obstacle est lancé sur la route : la voiture s'immobilise alors et laisse ses occupants en proie à d'éventuels agresseurs ! Quel est le problème illustré ici ? Quels sont les autres exemples ? Pourquoi les concepteurs ne parlent pas de ces problèmes ? Qu'est-ce qui explique ce silence de leur part ? 

Michel Volle Il est facile d'imaginer la voiture autonome, mais la distance est importante entre l'image à la réalité pratique. Le secret d'une automatisation réussie réside en effet dans l'articulation judicieuse entre l'automate et l'être humain - en l'occurrence, entre l'automate de la voiture et le conducteur. Il ne s'agira donc pas vraiment de voiture automatique, mais plutôt de conduite assistée. 

Il est possible d'utiliser la conduite automatique sur l'autoroute dans des conditions normales (certaines rues pourraient être balisées de sorte que l'automate y soit aussi efficace que sur l'autoroute, mais cela demande un investissement et qui le paiera ?). Il n'en est plus de même dès que la voiture quitte l'autoroute pour s'engager sur des routes secondaires au balisage plus ou moins confus, ou que la météo devient difficile (neige, verglas, etc.), ou encore lors d'un événement comme celui que vous évoquez (embuscade et agression). 

Le moment délicat est alors celui où l'automate doit passer la main au conducteur. Si celui-ci somnole, il lui faudra quelques dizaines de secondes pour prendre le contrôle de la voiture : cela risque d'être trop long quand la transition est brusque.  

Quelles sont les solutions qui pourraient être mises en place par les concepteurs pour pallier ces problèmes ? A quelle échéance ces problèmes pourraient-ils être résolus ? La conduite autonome serait-elle vraiment possible à l'avenir ?

Plutôt que de fantasmer autour de l'automatisation totale il faudrait réfléchir à la relation entre le conducteur, la voiture équipée d'un automate et la chaussée. 

Les problèmes "éthiques" que l'on se pose à satiété à propos de la conduite automatique (la voiture doit-elle préférer tuer son conducteur, plutôt que de tuer un enfant qui traverse la route ?), et qui accaparent l'attention des médias, sont moins importants que les problèmes pratiques que pose la relation entre le conducteur et l'automate. 

Comment faire pour que le conducteur reste capable de prendre la main quand il le faut ? Il n'est déjà pas facile aujourd'hui d'éviter la somnolence lorsque l'on conduit sur l'autoroute, cela risque d'être encore plus difficile lorsque la conduite sera automatique. 

Des solutions sont possibles : on peut équiper la voiture de capteurs qui renseignent l'automate sur la vigilance du conducteur, de sorte qu'il émette un signal pour le réveiller lorsqu'il s'assoupit, ou que la voiture se gare. On peut aussi imaginer un dialogue entre la voiture et le conducteur, dialogue assez intéressant pour que ce dernier reste attentif : des informations touristiques, des suggestions, des indications sur l'état de la route et de la circulation, pourraient s'afficher sur le pare-brise...

Je me répète, car c'est un principe général (il concerne aussi les applications de l'intelligence artificielle) : l'expérience montre que le secret d'une automatisation réussie réside non dans l'automatisation totale, mais dans l'articulation finement pensée entre ce que sait faire l'automate et ce que l'être humain sait faire mieux que l'automate. 

Comment se positionnent les constructeurs français sur ce marché ? Est-il toujours la chasse gardée des géants du web comme Google ou Uber ? 

Je ne suis pas sûr que l'on puisse qualifier Uber de "géant du Web"... Google s'intéresse à la conduite automatique mais il vient de renoncer à fabriquer des voitures. Tesla, qui a conçu sa voiture électrique autour de l'informatique, dit se lancer dans la voiture automatique mais il s'agira sans doute plutôt de conduite assistée. Toyota a pris ses distances avec l'automatisation totale et prône une approche pragmatique par avances techniques successives, le conducteur humain restant en permanence en situation de contrôle. 

Du côté des Français, des réflexions sont en cours chez Renault et PSA, et voici ce que m'ont dit des personnes de ces entreprises : les automatismes doteront le conducteur d'un copilote vigilant et efficace, cela rendra la conduite plus sûre. Des véhicules sans conducteur pourront rendre des services mais ce sera sur des itinéraires précis, balisés, et dans des espaces appropriés. 

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