Ces questions gênantes sur les masques qu’Olivier Véran zappe allègrement de son livre sur les coulisses de la gestion du Covid<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
A l'occasion de la sortie de son livre ("Par-delà les vagues"), Olivier Véran a avoué s'être trompé sur l'usage du masque lors de la crise sanitaire.
A l'occasion de la sortie de son livre ("Par-delà les vagues"), Olivier Véran a avoué s'être trompé sur l'usage du masque lors de la crise sanitaire.
©Thomas COEX / POOL / AFP

Gestion de la crise sanitaire

Olivier Véran a fait son mea culpa et a avoué s'être trompé sur les masques dans un entretien au Parisien à l'occasion de la sortie de son livre "Par-delà les vagues", publié chez Robert Laffont.

Jérôme Marty

Jérôme Marty

Président de l'Union française pour une médecine libre, Jérôme Marty, est médecin généraliste et gériatre à Fronton, près de Toulouse.

Voir la bio »

Atlantico : Dans son livre ("Par-delà les vagues"), Olivier Véran indique s'être trompé de bonne foi sur l'usage du masque, peut-on vraiment le croire ?

Dr Jérôme Marty : De qui se moque-t-il ? C’est la vraie question. Ces gens font preuve d’une morgue et d’un mépris terrible. Cette crise, nous l’avons vécu de l’intérieur. J’ai écrit un livre, Le scandale des soignants contaminés, qui évoque les six premiers mois de la crise, pratiquement jour par jour. Le moment où les autorités ont dit que les masques ne servaient à rien a duré longtemps, trop longtemps. Quand ils ont commencé à avoir des masques, ils ont dit qu’il n’y avait pas besoin de FFP2, que si on mettait un masque plat sur un masque plat ça équivalait à un FFP2. Les masques plats sont arrivés tardivement. Nous manquions de tout : surblouses, surchaussures, etc. Il a fallu des lanceurs d’alerte comme Yvon Le Flohic ou moi et bien d'autres pour que les choses commencent à bouger. Nous avons réussi à soutirer, mi-mars, 4 masques FFP2 par semaine (ce qui est arrivé une seule fois). Au total, ce sont 73 confrères qui sont décédés d’avoir été exposés sans pouvoir se protéger. Je retiendrais toujours l'appel téléphonique de deux familles de médecins morts contaminés de n'avoir pu se protéger. Donc dire on s’est trompé, c’est faux. Ils ont en conscience construit une doctrine non pas sur la science mais sur les manques. Ils ont tordu la science pour l’adapter au manque. D’abord dire que les masques ne servent à rien, puis que l’infection n’est pas aérosolisé, etc. Il a fallu deux ans pour reconnaître l’aérosolisation. Or reconnaître cela, c’était reconnaître la nécessité des masques FFP2. Tous les autres pays, et toutes les sciences, nous montraient que les masques étaient utiles. Lui, ministre de la Santé, le savait forcément parfaitement. Il a fallu attendre janvier 2021 pour la reconnaissance de l’aérosolisation et encore juin pour que cela soit indiqué sur les affiches de Santé publique France.

À Lire Aussi

Lettre ouverte au futur ministre de la Santé

Pouvait-il réellement méconnaître la doctrine d’emploi des masques début mars 2020?

C’est impossible. Dès début mars, j’expliquais dans des vidéos comment se transmettait le virus, pourquoi il fallait des masques, et des FFP2 pour les soignants. Le 9 mars 2020 avec Yvon Le Flohic et bien d'autres, nous appelons au port du masque obligatoire dans les transports en commun, nous étions juste deux médecins, même pas épidémiologistes.

Et il  y a aussi eu un temps entre le moment où les soignants ont eu des masques et la mise en application dans la population générale… 

Il faut se souvenir de Sibeth Ndiaye riant à gorge déployée et expliquant qu’elle ne savait pas mettre un masque. Ce qu’il faut comprendre, c’est que le vrai scandale de santé publique face à cette maladie, c’est le retard de mise en évidence et de reconnaissance du mode de transmission par aérosols. Il y a probablement des milliers de morts qui auraient été évitables si on avait été plus clair plus tôt. Et notamment dans les maisons de retraite où l’on a laissé des clusters s’installer. Tout cela aurait pu être évité si on n’avait pas perdu du temps à expliquer que ça passe par les mains.

A quel point la gestion de la question des masques a-t-elle renforcé l’épidémie, le besoin de confinements et les dysfonctionnements de la société ?
 Plus de deux ans après le début de la pandémie, nous avons toujours du retard dans l’équipement des lieux clos pour la qualité de l’air et l’aération. Les écoles ne sont toujours pas adaptées, ce qui a créé de la désorganisation toute l’année dernière. Et les responsables politiques portent une très lourde responsabilité là-dedans. Ils ont été plutôt bons sur la vaccination, mais ils ont été très mauvais sur les tests, les masques et la politique globale de santé publique. Et évidemment, si on avait été plus clairs et lucides, on aurait pu rouvrir plus tôt, avec un contrôle de la qualité de l’air.

À Lire Aussi

Dérives à l’IHU de Marseille : radioscopie d’un désastre très français

SI le gouvernement avait communiqué sur l’importance d’éviter les aérosols et donc du port de masques ou de substituts même peu efficaces, cela n’aurait-il pas pu avoir un effet bénéfique sur l’épidémie ?

Ça aurait certainement eu un retentissement, nous aurions pris de l’avance et cela aurait sans doute évité une partie des dizaines de milliers de morts du début de l’épidémie. C’est le défaut de protection qui a tué. Quand, avec Yvon Le Flohic et bien d’autres, nous avons lancé jamais sans mon masque, nous avons sollicité Geoffroy Roux de Bézieux sur Twitter pour l’inciter à lancer une production de masques en tissus.

A quel point les responsabilités de ces échecs ont-elles été tirées ? Celle de Jérôme Salomon, d’Olivier Véran, etc.

C’est difficile à dire. Je pense que nous n’avons pas encore fait l’analyse de cette crise. Les choses commencent à changer, le rapport de l’IGAS sur l’IHU le montre. Et pour ces gens qui étaient au commande, ils devront répondre d’un certain nombre de choses, ils ne peuvent pas s’en dédouaner si facilement.

Le sujet vous intéresse ?

Mots-Clés

Thématiques

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !