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Ces petites erreurs qui empêchent une bonne collaboration au travail
©Reuters

Management

Ces dysfonctionnements dans les entreprises, vous les connaissez tous. Voici un guide pour s'y préparer et travailler plus intelligemment dans le cadre d'une équipe.

Xavier  Camby

Xavier Camby

Xavier Camby est l’auteur de 48 clés pour un management durable - Bien-être et performance, publié aux éditions Yves Briend Ed. Il dirige à Genève la société Essentiel Management qui intervient en Belgique, en France, au Québec et en Suisse. Il anime également le site Essentiel Management .

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Atlantico : Trois erreurs courantes sont invoqués par Horacio Falcao (ex-professeur à l'INSEAD), pour expliquer les difficultés entre collègues au sein de l'entreprises : Faire des hypothèses, le manque de préparation et le manque d'option. Qu'en pensez-vous ?

Xavier Camby : le première remarque est que l'on peut se réjouir enfin d'un vrai changement de modalité de réflexion et d'analyse : il semble désormais admis qu'existent de nombreuses difficultés collaboratives entre collègues, au sein d'une même équipe ou d'une entreprise. Non plus seulement entre pseudos "classes" (ouvriers contre patrons, cadres et non cadres, syndiqués ou pas...). Ce renouveau du réalisme permet donc d'identifier les vraies racines des nombreux obstacles à l'intelligence collaborative, seule créatrice de valeur ajoutée durable !

Faire des hypothèses. C'est sans conteste une des causes principales des dysfonctionnements inter personnels entre collègues. Plutôt que s'en tenir à la simple réalité, plutôt que d'accepter ce qui est, notre psychisme, déréglé par des émotions négatives mal gérées va extrapoler, imaginer (le pire, le plus souvent), divaguer, spéculer à vide et élaborer des croyances qui vont apparaître comme des certitudes. Et l'émotion négative à la base de ces graves dérèglements des facultés cognitives est la peur ! Peurs de soi, peurs de l'autre, peurs d'échouer, peurs du jugement... C'est un vrai travail d'hygiène morale et spirituelle de ne pas se laisser aller à cette déchéance intellectuelle qu'est l'interprétation. "Ne pas interpréter" est un des "accords toltèques", judicieusement recommandé par Miguel Angel Ruiz, comme étant une des racines d'une vie heureuse et harmonieuse.

Omettre de se préparer. Permettez-moi de citer un veil adage de vrai et bon communiquant : "Oublier de se préparer, c'est se préparer à être oublié". Ou encore : "80 % du succès réside dans la préparation". C'est une vérité première et chaque fois vérifiable : chaque relation interpersonnelle préparée assure la maîtrise de cette interaction. Et permet d'éviter tous les débordements : soliloque, logorrhée, surenchère émotionnelle menant à l'affrontement et/ou au conflit. L'art de l'interaction positive avec ses collègues procède d'un vrai travail préliminaire et possède ses propres méthodes. Par exemple, la dé-saturation préalable : serait-il possible en effet de créer ou de maintenir des relations positives, arrivant face à un collègues, envahi de stress, d'urgences, de contraintes, voire d'émotions négatives ? Là encore, la résilience émotionnelle (l'absence d'émotions négatives à l'intérieur de soi) est le préalable à toute intelligence collaborative. C'est à dire à toute création de valeur ajoutée durable...

Le manque d'option alternative. Une vraie préparation permet habituellement d'envisager ou d'élaborer des alternatives nombreuses à chaque décision. N'avoir qu'une seule option procède d'une pitoyable cécité intellectuelle (et/ou d'un grave handicap émotionnel) : c'est vouloir affirmer à l'autre qu'il a tort, puisque j'ai raison. C'est vouloir fermer la porte aux possibles objections, le plus souvent aussi légitimes que mon objectif. Mon grand-père, voulant faire taire sa femme, usait -de parfaite mauvaise foi- d'un argument spécieux en forme de syllogisme : "Si je le dis c'est que je le pense. Et si je le pense c'est que c'est vrai ! " Combien de pseudo-collègues se laissent aller à cette modalité de fausses interactions, d'intelligence collaborative castrée ?

Il existe cependant une racine plus profonde encore, plus objective même si inconsciente, à nos dysfonctionnements interpersonnels au travail. C'est une forme de conditionnement psychique qui a commencé dès nos premières années et auxquels très peu, dans notre monde occidentalisé, échappent. Il s'agit d'une involontaire programmation, au motif des meilleures des bonnes intentions, opérées par nos parents, souvent, par nos enseignants, toujours : pendant les 20 ans que dure notre "éducation" académique, l'immense majorité de nos "réussites" sont exclusivement individuelles et nos succès célébrés ne sont qu'exceptionnellement collectifs (à l'exception notable mais marginale de la pratique de certains sports collectifs ou du scoutisme). Il est donc hélas certains que ces comportements se reproduisent ensuite en entreprise, où c'est contre l'autre (et non avec lui) que l'on peut réussir et gagner !

Certains pays, scandinaves notamment, ont décidé de prendre le contre-pied de cette erreur, en favorisant dès l'enfance les comportements collaboratifs. Nous nous en inspirerons nécessairement, un jour.

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