Ces Indiana Jones de la "vraie vie" qui se dressent contre l’Etat islamique pour sauver des trésors archéologiques inestimables<!-- --> | Atlantico.fr
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Indiana jones
Indiana jones
©DR

Du film à la réalité

Le Royaume-Uni met sur pied une équipe d'intervention d'urgence pour sauver les vestiges menacés par le groupe terroriste, notamment sur le site de Palmyre.

Evidemment, Jane Moon n'est pas vraiment le sosie d'Harrison Ford. Pas de fouet ni de chapeau de cowboy. Mais côté archéologie, cette britannique n'a pas de leçons à recevoir d'un quelconque Indiana Jones. Chercheuse pour l'université de Manchester, c'est une spécialiste de la Mésopotamie et c'est aussi elle qui sera chargée de former et mettre en place la "force spéciale" qui s'apprête à engager une terrible guerre contre l'Etat islamique.

Si ce scénario ressemble à  celui des "Aventuriers de l'arche perdue," le film de Steven Spielberg sorti en 1981, la trame est devenue d'actualité puisque les nazis sont, cette fois, devenus les terroristes islamistes. Autoproclamé califat en juin 2014, l'Etat islamique a étendu son emprise sur une large partie de l'Irak et de la Syrie, commettant exécutions et destructions en chaîne. Chez les passionnés d'Histoire, le sort réservé aux antiquités préislamiques ont laissé sans voix. Les djihadistes ne reconnaissent pas l'art ni l'architecture datés d'avant le 9ème siècle. Et le problème, c'est que les deux pays sont particulièrement riches en la matière car ils constituent la célèbre Mésopotamie, état disparu dominé par la ville de Babylone dont les vestiges ont déjà largement souffert de l'invasion américaine de 2003.


Palmyre avant l'arrivée des djihadistes

Mais cette fois, ce sont tous les sites antiques qui tombent les uns après les autres, mis en pièce par l'aveuglement des islamistes. On se souvient du musée de Mossoul et de ses statues de plusieurs milliers d'années, brisées à la masse en février ou encore l'explosion de la cité d'Hatra, toujours en Irak, en mars. Dernièrement, une vidéo atroce montrait l'exécution de soldats syriens dans l'amphithéâtre de Palmyre, en Syrie. Prise le 21 mai dernier, sa destruction n'est pas encore actée même si les statues "des mécréants" seront anéanties, comme l'a annoncé le groupe terroriste.

Ces actes ne sont pas une première dans l'Histoire. Déjà les premiers chrétiens burinaient les façades des temples égyptiens pour en effacer toutes traces du polythéisme. Plus récemment, les talibans n'avaient pas hésité à faire sauter les monumentaux Bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan.
Sauf que les archéologues n'ont plus l'intention de laisser faire. Au fur et à mesure que l'Etat islamiste progresse, de nombreuses pièces sont évacuées et mises à l'abri.


L'archélogue Jane Moon

"L'Irak est là où la civilisation a commencé" explique Jane Moon au Daily Beast. C'est ici que les Hommes ont appris à écrire, appris à vivre dans des villes. Je ne chercherai jamais à sauver une pierre au détriment d'une vie mais les gens ont besoin de leur héritage." Contactée par le gouvernement britannique, la voilà désormais mandatée pour recruter les archéologues locaux qui se chargeront de sauver ce qu'il peut encore être sauvé avant ou après les combats. Forcément, le parallèle avec Indiana Jones est tenant. "Si vous connaissiez mes collègues du British Museum…" s'amuse Jane Moon. Mais, qu'on ne s'y trompe pas, son équipe est remontée à  cran. Début avril, elle était déjà présente en Irak pour annoncer la riposte. "Si les terroristes pensent qu'ils peuvent détruire l'Histoire, nous allons faire en sorte que cela n'arrive pas" expliquait alors Jane Moon à la BBC.


Pour certains de ses collègues, comme l'anthropologue Hosham Daoud, chercheur au CNRS, la destruction n'est qu'une part du problème. "Une bonne partie des originaux (des sites détruits) avait déjà été pris et vendus à l’extérieur" affirme-t-il au micro de RFI. "Daech est une machine de terreur, mais c’est aussi une machine terroriste rationnelle. Quand ils ont des objets archéologiques, ceux qui peuvent les transporter les transportent pour les vendre" Dans le viseur, les vente aux enchères d'antiquités "légales" parfois à l'origine douteuse, mais qui amplifient de toute façon les demandes mondiales, ce que n'ignorent pas les terroristes de l'Etat islamique, toujours prêts à récupérer de belles sommes d'argent.


La destruction du musée de Mossoul

Pour le moment, la France n'a  pas œuvré (ou alors œuvre dans l'ombre). En avril, François Hollande s'était rendu… au Louvre, pour assurer de sa solidarité et réclamé l'arrêt des destructions. Une initiative bien maigre pour arrêter le massacre culturel. De son côté, le Royaume-Uni va organiser une grande conférence cet été pour affiner les réponses à apporter. Selon le Daily Mail, Londres  va même ratifier un accord sur la protection du patrimoine, signé en… 1954. C'était l'un des derniers états à ne pas l'avoir fait. En l'espace de quelques semaine, le Royaume-Uni a ainsi rattrapé son retard et avancé ses pions comme aucun autre pays ne l'a fait. Tant mieux car les nouveaux Indiana Jones ont désormais du pain sur la planche.

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